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k
'*f
Olivier de Serres, seigneur
du Pradel, sa vie et ses travaux
Henry Vaschalde
li*^ .'
3 2044 106 376 171
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OLIVIER DE SERRES
SEIGNEUR DU PRADEL
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L'auteur et les éditeurs di'ciarent réserver leurs dn)iUi de traduction el de
reproduction a l'étranger.
Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la librairie) en
novembre 1886.
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
Vals autrefois, ia-8». Largcnlièrc, 1866.
Les MiKES d'argent de Labgektière, inS^.
Privas, 1868.
SiuPLES Questio.^s d'histoire ardéchoise,
în-8». Privai, 1870.
Les Dallo?(s, depuii leur ioveiition jusqu'au
dernier siège de Paris, in-8®.Aubenas,1872.
Vals au seizième siècle. — Vau au dix-
reuvibme siècle, ia-8*. Aubeaas, 1873.
(Nouvelle cdition illustrée et augmeulée
d'une Noiice sur rétablissement ihermal.)
Recherches sur les ancien>e8 Soubtès et
Corporations de la France iiiniDio.NAL",
in-8». Paris, 1873.
Clotilde de Surville et ses poésies (docu-
menu îuëdits), in-8«. Paris, 1873.
Mes Notes sur le Vivarais (documents iné-
dits), io-8P. Privas, 1873.
Les Mercuriales du Vivarms, depuis le sei-
sième siècle (documents inédits), in-8<*.
Privas, 1874.
Vals. — Son origine, ses progrès, son
avemr; lu à la Sorbonnc au Congrès des
Sociétés savantes, en 1873, in-8^ Aubc-
nas, 1874.
Recherches sur les Pierres utstèrieuses
DU Vivarais et du Daupuinè, in-8^ Paris,
1874 (avec figures). Cet ouvrage a valu â
son auteur les éloges et remercîments de
l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres.
Dictons et Sorriqubts populaires du Viva-
rais, in-8o. Marseille, 1874.
Curiosités de l'histoire du Vivarais (docu-
ments inédits). Aubenas, 1875.
Nos PÈRES. — Proverbes et Maximes po-
pulaires du ViVARAH, in-8». Privas, 1875.
Les Poésies de F. Valeton, poëtc inconnu
du dix-scptiènie siècle (documenis inédits),
in- 8». Privas, 1875.
Anthologie patoisb du Vivarais (documents
inédits), in-8o. Montpellier, 1875.
Un mot SUR l'industrie des soies dans l*Ar-
DÈCHE (documents inédits), in-8*. Privas,
1876.
Croyances et Supers iitions populaires du
Vivarais, in-S». Montpellier, 1876.
Bibliographie SunviLLiE>NE , in-8^ Paris,
1876.
Histoire des Poètes du Vivarais (docu-
ments inédits), in-8^ Paris, 1877.
Établissement de l'imprimerie dans le Vi-
VA1AIS, in-8® (illustré de marques typo-
graphiques). Vienne, 1877.
Une I2«scription en langue d'Oc du quin-
zième SIÈCLE, à Largentière, in-8®. Mont-
pellier, 1877.
Tombeau du maréchal d*Ornano, à Aubeuas
(documents inédits), in-8<^. Vienne, 1877.
Les Privilèges d* Aubenas, découverts et
publiés pour la première fois par II. V.,
in-12. Montpellier, 1877.
llÈGis Brbysse (/e berger du Bea^e), sculpteur
ardéchois, in-8^ Vienne, 1878.
Le VivAiAis A LA représentation nationale
(depuis le treirième siècle jusqu'à nos
jours), in-8'». Paris, 1880
Proverbes et Maximes populairfs du midi
DE LA France. în-8». Paris, 1882.
De Launay, comte d'Antraigues , écrivain
politique, sa vie el ses œuvres, io-8». Pri-
vaSf 1882 (couronné par la Société d'A-
griculture, Sciences, Lettres et Arts de
l'Ardèche).
PA'-.lS. TYPOGRAPHIP. E. PLON, NOURRIT ET ci*,RUE GAIIANCIÈRB, K.
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OLIVIER DE SERRES
D*après on dessin de Manrice Vaschaldi.
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OLIVIER DE SERRES
SEIGNEUR DU PRADEL
SA VIE ET SES TRAVAUX
DOCUMENTS INKDITS
ILLUSTRE DE PORTRAITS, GRAVURES ET FAC-SIMILE
HENRY VASCHALDE
OFFIClRn DE L*JNSTRUCT10N PUBLIQUE
MEMBRE DE PLr SIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES
PARIS
LIBRAIRIK PLON
E, PLON, NOURRIT et C', IMPRIMEURS-ÉDITEURS
RUE GiRAHCIÈnE, 10
1886
Toits droits réservés
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A Monsieur
Louis PASTEUR
Membre de t Académie française et de t Académie des sciences,
Grand-croix de la Légion et honneur.
Monsieur ,
r hommage de la FIE D'OLIVIER DE SERRES à votre
illustre personne nest pas seulement un devoir de justice,
mais un acte de reconnaissance envers le régénérateur de la
sériciculture, cette belle industrie que le grand agronome
avait propagée et vulgarisée, au prix de quarante années
d'expériences.
On ne peut prononcer le nom d'Olivier de Serres sans
éveiller le souvenir des immenses services que vos savants
travaux ont rendus à l'agriculture.
A l'occasion du centenaire d'Olivier, célébré en mai 1882,
à Aubenas, vous êtes venu honorer la mémoire du patriarche
de l'agriculture française. Ce jour^là, deux dates et deux
noms ont été inscrits en lettres d'or sur les tablettes de la
ville d* Aubenas :
1582 1882
Olivier de Serres. Louis Pasteur.
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En acceptant la dédicace de ce modeste livre que je lui ai
consacré, vous rendrez un nouvel hommage à la mémoire du
plus grand agronome que la France ait produit.
Veuillez agréer. Monsieur, le sincère témoignage dadmi^
ration et de profond respect
De votre très-humble serviteur,
HENRY VASCHALDE.
Vals'leS'BaînSy 20 mars 1886.
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AVANT-PROPOS
Depuis près d*uQ siècle, il a été publié un (;rand nombre
de brochures et de notices sur Olivier de Serres^ mais, faute
de documents sur Texistence de ce {][rand ag^ronome, on peut
dire que tous ces travaux ne sont que des ébauches superfi-
cielles, inexactes et tout à fait insuffisantes. C'est tellement
vrai, qu'il n'est pas un écrivain qui n'ait commis des erreurs à
son sujet.
I/abbé de l'Écluse, rédacteur des Mémoires de Sully y en
1745, transforme Olivier en un manufacturier provençal,
nommé Serran^ qui entreprit, dit-il, de faire des étoffes do
Técorce la plus fine des mûriers '.
Prosper Hérissant, auteur de la Bibliothèque physique de
la France (1771, in-8"), avait désigné OUvier de Serres comme
médecin et confondait son fameux Théâtre d'Jyriculture
avec les compilations de Charles Estiennc et de Jean Lié-
bault. Il l'appelle tantôt Desernes^ tantôt Deserres.
Sauvages donne à Olivier le nom de : Serrés*,
Beguillet, celui de : sire de Pradines, et dit qu'il dédia son
» Tome II, ÎD-V, p. 473.
^ CaUilogae des auteurs ijui ont écrit sur Ici vers à soie et sur les mâriers, p. 3.
i
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2 AVANT-PROPOS.
ouvrage au Roi en 1G06'. Cette erreur a été reproduite par
l'abbé Bonnaterre. Or, la première édition du Théâtre est de
M. D. C.
Dans les Jugements sur la noblesse de Languedoc^ publiés
par le marquis d'Aubais et Ménard*, Olivier est donné
comme père de Jean, historiographe de France, alors qu'il
était sou frère aîné.
Dorthès, dans son Eloge historique d'Olivier, pense que
rhistoriogî-aphe Jean de Serres était Yaîné du seigneur du
Pradel.
Plusieurs biographes, entre autres la Boissière, ont écrit
qu'Olivier était fils de Jean de Serres, tandis que son père
s'appelait Jacques. Cette erreur en a fait commettre bien
d'autres. Les frères Haag et M. C. Dubois ont mis sur le
compte du père d'Olivier, qui ne fut jamais pasteur, des faits
arrivés au fils, l'historiographe.
M. A. de Gallier a écrit que « Jean de Serres, premier du
nom (le père d'Olivier), élait pasteur aux environs de Genève,
à Jussy * n .
RL Léon Védel dit aussi que « le père d'Olivier était pas-
teur protestant à Genève ^ « .
Le pseudonyme Reisnes* prétend que le domaine du
IVadel fut apporté en dot, à Olivier de Serres, par sa femme,
Marguerite d'Arcons, en 1559, alors que depuis le commen-
' Encyclopédie^ in folio^ Suppt.y t. i, au mot Agriculture.
^Tomell, in-V>, p. 473.
^Jcan de Serres, historîograpbe de France sous Henri iV, Lyon, 1S73, p. 6.
* Olivier de Serres et le Pradel, Lar(;entière, 1882, p. 30.
• * Olivier de Serres, sa tie et ses écrits, Privas, 1858.
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AVANT-PROPOS. 3
cernent du seizième siècle, il appartenait à la famille des
de Serres.
M. Poncer ' confond d'Arcons avec à' Harcourt; notre
grand agronome avec un antre Olivier des Serres^ de la
branche B ; et rhistoriojjraplie avec Jean des Serres^ notaire
et greffier des États du Vivarais.
Malgré tout ce qui a été publié sur le « père de Tagricul-
ture française » , on peut dire que ce génie agricole n'avait
pas encore sa biographie.
Nous avons cru faire une œuvre utile pour la mémoire
d'Ohvier de Serres et pour l'histoire du Vivarais, en essayant
de combler une lacune regrettable.
liCS documents sur la vie intime du grand homme ne sont
pas nombreux; ceux qui existent au Pradel, et que M. L. de
Walré a mis à notre disposition avec une obligeance dont
nous avons été profondément touché, ont été vus et par-
courus par plusieurs écrivains; mais aucun de ces chercheurs
ne les a compulsés comme nous l'avons fait nous-méme.
Aussi avons-nous découvert, dans ces documents, des détails
historiques de la plus haute importance, absolument ignorés;
ce qui nous a permis de rectifier bien des erreurs.
Notre livre est illustré de deux portraits d'OHvier de Serres,
dont un, le portrait original peint par son fils, et reproduit en
fac-similé; des armoiries de la famille des Serres; d'une
réduction du beau frontispice de la première édition du
Théâtre d'agriculture; d'une vue du Pradel j à' nw fac-similé
' Mémoires historiques sur Annonay el le Vivarais^ Aiinonay, 1872, ti II.
1.
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4 AVANT-PROPOS.
du testament oloyraphe du grand homme et d'une phototypie
de sa statue, à Villeneuve-de-Berg.
Nous indiquons avec soin les ouvrages d'Olivier de Serres
et toutes les éditions du Théâtre. Nous décrivons ensuite tous
ses portraits et les estampes représentant des particularités
de sa vie; ses bustes et statues, et toutes les médailles frap-
pées à son effigie.
Nous terminons, enfin, par les Pièces justificatives^ au
nombre desquelles sont le Livre de raison d'Olivier; son con-
trat de mariage; l'inventaire des vases et ornements sacrés
confiés à sa garde, en 1562; son testament olographe; les
Mémoires de son fils Daniel; une lettre de son frère Jean, une
déclaration (admirable document) de son fils Gédéôn, etc.
Malgré tous nos soins et notre 2èle, nous savons par avance
que notre œuvre est fort imparfaite. Nous sollicitons l'indul-
gence de tous les admirateurs du célèbre agronome. Nous
leur rappellerons que, seul, réduit à nos propres forces, à
côté d'un labeur quotidien important, et après bien des
recherches, nous avons entrepris et terminé ce travail.
Nous adressons ici l'expression de notre reconnaissance à
M. L. de Watré, pour la gracieuse hospitalité qu'il nous a
offerte au Pradel; et nous prions M. Massip, le sympathique
archiviste de l'Ardèche, et M. Lascombe, conservateur de la
Bibliothèque de la ville du Puy, qui ont bien voulu nous aider
dans nos recherches, de recevoir aussi nos vifs remercîments.
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DE SERRES
SEIGNEURS DU PRADEL
Armes : d'argent au chevron d'azur, charge de trois étoiles
d*or, accompagné de trois trèfles de sinople.
Couronne de marquis.
Supports : Deux aigles.
Devise : Cuncta in icmporc '.
CHx\PITRE PREMIER
Quelques biographes ont prétendu que la famille trOIivier
de Serres était originaire de Valence, en Espagne; d'autres
* Les armoiries que nous donnons ici sont celles que tous les généalogistes
ont publiées sur la famille de Serres, et qui figurent h In salle des Croisades, ù
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G OLIVIER DE SERRES.
ont écrit que la Tour de Serres^ près Orange, avait été le ber-
ceau de cette ancienne famille. Les nombreux documents
que nous avons compulsés ne laissent pour nous aucun doute
sur la fausseté de ces assertions. La famille des Serres est ori-
ginaire du Vivarais, et nous voyons au quatorzième siècle les
ascendants d'Olivier, notre agronome, établis à Villeneuvc-
de-Berg.
Le 2 août 1348, Pierre des Serres fit son testament en
faveur de son frère, Martin des Serres, qu'il institua son
béritier universel. Dans ce testament, reçu par M* Pierre
Desjardins, notaire royal à Villeneuve-de-Berg, figurent
Jean des Serres et Pierre des Serres, ce dernier comme
témoin'.
Voici la généalogie de l'illustre agronome, que nous avons
dressée d'après un précieux document écrit tout entier de la
main de Daniel, son fils aîné. C'est un cabier de 12 pages,
avec cette mention, en tête de la première : « Les XXI in-
strumens cy dessoubs procbaînement mentionnez sont les plus
vieux titres que j'ai treuvé dans le cabinet de mon Père à
Villen-de-berc, le XXV may 1606. »
Le 28 janvier 1411, mariage de Guillaume Grosson de
Valvinière, notaire à Villeneuve-de-Berg, avec (>atherine de
Saint-Dominique, veuve de Béranger Cayrot, aussi notaire.
Versailles; mais ce ne sont pas celles d^Olivier, que nous donnons plus loin.
Quant à la devise, elle vane selon les auteurs : d*Auriac et Acquier donnent,
pour la famille de Serres : Sordida quœque fugil»
L. DK La Roque : Cuncta in tempore, qui est d'Olivier de Serres, et Etiam veni,
domine Jesu, qui est de Jean de Serres.
Nous donnons la devise d'Olivier, qui se trouve sur le fronlispice de la quinzième
édition du Théâtre d^ agriculture,
* Parchemin. Archives du PradvL
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OLIVIER DE SERRES. 7
De ce mariage naquit :
Philippe Grossoa, qui épousa Marguerite Cayrot, « fille
pupille et impubère des dits Béranger Cayrot et Catherine de
Saint-Dominique. »
De ce mariage naquit :
Jeanne Grosson, qui épousa en premières noces Gabriel
Poignet, et en secondes, Bonnaud.
De ce dernier mariage naquit :
Guillemette Bonnaud, qui épousa :
I" Jacques DES Serres, dont elle eut :
Mathieu;
Bertrand, tige de la branche B, de Jeariy greffier des États
du Vivarais *.
I Branche B. Bertrand des Serres, qui « tenoit et postédoit au mandement de
VilIenetiFve de berc et lieux circonvoisins plusieurs biens de bonne et (i;rande c*ti»
mation » , laissa, en mourant, cinq enfanfs : Olivier, qui épousa Marie Cornette,
Marie, Jean, Jacques cl Antoine.
Par acte du 28 mars 1546, Olivier de Serres, se « remémorant les agréables ser-
vices ù luy faictz par M** Jean de Serres, notaire, son frère et de jour en jour luy
faict spéré qu*il luy fera h Taducnir, causant ausiy l'amour fraternelle qu*il a en
luy, pour CCS causes et aultres le mouvant » lui donna une terre située à Villeneuve-
de-Berc, appelée la Vignasse.
Jean des Serres était en effet notaire à Villeneuve-de-Berg et se maria avec la
fille de Jean Broé, de Tournon, greffier des États particuliers du Vivarais. Lui>
même remplit plus tard ces fonctions. Il assista comme témoin au mariage d'Olivier
de Serres, son cousin.
A l'assemblée des États du Vivarais, tenus à la Voulte, en 1573, Jean des Serres,
greffier, présenta une pétition.
En 1572, le capitaine Baron, chef des réformés, ayant repris Vil!encuve-de-
Berg, dont s'était emparé par ruse le sieur de Lngières, gouverneur du Vivarais,
tira de fortes rançons des habitants.
En cette circonj*tance, Jean des Serres, greffier des États du Vivarais, courut d^
grands dangers. Les troupes s'introduisirent dans sa maison, où étaient renfermés
les différents titres et papiers du pays. Quatre soldats le saisirent au collet, lui pré-
sentant, les uns le pistolet à l'estomac, les autres leurs dagues ou épées à la gorge
pour le forcer, sous peine de la vie, h leur livrer tout l'argent qu'il possédait; il
leur compta environ 500 livres, a condition qu'ils ne prendraient pas les papiers. Ils
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8 OLIVIER DE SERRES.
Jacques ;
Antoine, qui suit;
Louise.
IL — Antoine DES Serres , épousa Jeanne Brun et fit son
testament le 5 février 1542. De ce mariage naquit :
lU. — Jacques des Serres, qui épousa Louise de Leyris,
le 1" juin 1532, et fit son testament le 10 juin 1546 '.
De ce mariage naquirent cinq enfants :
Olivier, l'agronome, qui suit ;
Jean, historiographe de France, tige d'une branche C *;
le maintiorent prisonnier pendant plusieurs jours, pendant que des massacres se
couiinettaient dans la ville. Les soldats, non contents de la somme livrée, lui
demandaient, les uns trois écus^ les autres 25 livres, en le menaçant de la mort :
l'un d*eux entra armé d'un coutelas et lui présenta un papier sur lequel il était
cotisé ù 300 écus, le sommant de lui remettre incontinent cette somme. Jean de
Serres supplia le capitaine Co(y de lui donner quelque délai pour se procurer la
sommi*; on lui donna deux jours et demi, pendant lesquels il fut {jardé «^ vue. Enfin
s*étant procuré les 300 écus, d*un marchand de Montélimart, il compta cette somme
au capitaine Baron, qui donna l'ordre de le laisser en paix, après que ses soldats
eurent I)u tout son vin. Par ces motifs Jean des Serres supplia les États du Vivaraift
de lui faire rembourser le montant de sa rançon. (Poïicer, Mémoires historiques
sur le Vivaraisy t. Il, p. 162.)
• Archives du Pradel.
2 Branche C. Jean de Serres, le chef de cette branche, naquit vers 1540 à Ville-
neuve-de-Berg, fit ses études classiques à Lausanne, suivit un cours de théologie a
Genève et fut élu, en juin 1566, « pédagogue des enfants en Thospital » de cette
ville, place modeste, qu'il échangea, au mois de juillet, contre celle de Jussy, quand
le ministre de cette église de campagne, Jean Pinault, passa à la ville. (Revue
historique. Jean de Serres, par Ch. Dardirr.) Jean de Serres se maria, le 25 avril
1569, avec Margueriie Godary, qui lui apporta en dot « la somme de quinze ceniz
cscutz en deniers faysaot la somme de troys mille sept ccntz cinf|uante livres
toumoys, et en meubles cent escutz ». La mère devait garder Targent en payant
Tintôrêt jusqu';\ ce que l'époux eût de quoi représenter et garantir la dot. La somme
de trois mille francs était due à celui-ci « par son frère l'héritier » Olivier do
Serres. (Hevue historique. Jean de Serres, par Ch. Dahdirr.)
De ce mariage naquirent neuf enfants :
1» Marie, épousa Louis Giraud, de Loriol, dont e'Ic eut deux fils, Jean et
Annibal.
^ Suzanne, épousa Salomon du Faure.
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OLIVIEK DE SERRES. 9
Raymond, écuyer, sieur de Loriol, qui eut un fils Jean;
Claude, I
\ morts jeunes.
Dauphine, \
IV. — Olivier des Serres, seigneur du Pradel, épousa, le
11 juin 1559, Marguerite (C Arçons \ dont il eut sept enfants :
Daniel, qui suit :
Gédéon, avocat au conseil privé du Roi, épousa, le 11 avril
1604, Abigaïl Baudoin, dont il eut Gédéon, David et Marie.
Il mourut a Paris en septembre 1612. Son fils David mourut
prisonnier d'État, au cliàteau de Guise.
Pierre, docteur en droit, puis soldat en Piémont, en 1617.
Jacques, qui était en 1617 au service du Roi de Piémont,
épousa TiOuise Lafraysse.
Bonne, épousa, le 25 février 1604, Daniel Sabaiier, cla-
vaire du Roi, à Villeneuve-de-Berg, dont elle eut fsabeau, qui
épousa Jean de Justet, seigneur de Sardiges, de Vais.
3° Jeanne, épousa Salomon de Méi-ez.
k-* Bonne, épousa Claude de Cliou, de Lorîol.
5® Isabeau, épousa Jacques Pissis, notaire et procureur en la sénéchaussée de Cre:»!.
6^ Catherine, sans alliance.
7<* Gabrielle, épousa Jean Cucbet, docteur en théologie à Chiteaudouble.
8'> Jean^ né en 1589.
9* Théodore, né en 1594, mort à Nimcs, le 3 janvier 1610.
Jean de Séries obtint, le 30 novembre 1596, le titre d'historiographe de France,
pour lequel il touchait cent livres par mois. Il mourut à Orange, le 19 mai 1598,
et sa femme le même jour, quelques heures après son mari.
Les de Serres, qui descendent tous de Jean, sont représentés aujouril*hui par
M. le marquis de Serres, qui habite le château de Beauvoir, près Capendu (Aude),
et son frère M. le comte Olivier de Serres, qui a sa résidence à Montpellier.
Les descendants d'Olivier de Serres signaient tous : du Pradel,
1 Jacques d* Arçons, beau-père d'Olivier, avait épousé en premières noces « damoi-
selle Claude Labalme» , dont il eut un fils, Jacques, et en secondes noces, « damoi-
srlle Pierre de Maron » , dont il eut : Gabriel, François, docteur en droit, Bonne,
épouse de Blisson, docteur en droit, et Marguerite, épouse d'Olivier de Serres.
Jacques d'Arcons fit son testament le 2S mars 1567, et sa seconde femme, en
février 1592. (Archives du Pradel,)
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10 OLIVIER DE SERBES.
Ysabeau, épousa, le 5 février 1610, Avias Fentrier^ bour-
(][eois de Montélimar ^
Marie, épousa, le 30 octobre 1612, fsaac Ferret, procureur
au parlement de Castres.
V. — Daniel des Serres du Pradel, sieur de Ley ris, docteur
en droit*, juge en la ville et viguerie de Villeneuve-de-Berg,
en 1611, épousa, le 3 mai 1594, Anne de Frise de Mond-
visant ^, dont il eut :
Florimond, mort jeune ;
Franc (ou François) qui suit;
Constans (ou Constantin).
VI. — Fraisçois des Serres du Pradel épousa, le 5 dé-
cembre 1624, Louise d'Arlempde de Mirabel, dont il eut :
Constantin, qui suit :
Marie.
VII. — Constantin des Serres épousa, le 12 novembre
I Isabcaa des Serres niouriit saos enfants. Par son testament, du 12 octobre 1623,
elle institue pour son héritier Daniel, son frère aine. Elle donne à sa sœur, Bonne,
femme de Sabatier, clavaire du Roi, à Villeneuve-de-Rerg, « 300 livres et ses ardcs
et effects, entre autres ung collier gainy d*agraffes d*or et une bague d*or où e^t
encbassé un gros rubis » . (Archives du Pradel.)
^ Diplôme (parchemin) délivré par TUniversité de Valence, le 13 novembre 1589.
(Archives du Pradel.)
3 Par son testament, en date du 30 juin 1615, Anne de Fiîse « donne à Catherine
Coste, sa chambrière, pour le service qu'elle lui a rendu, tant comme nourisse de
feu nob. Florimond du Pradel, son fils bien ayme, que autrement ; luy a donné et
légué sa vie, nourriture et antrelenement sa vie durant dans la maison de son h«^ri-
lier » . (Archives du Pradel.)
A propos de Daniel de Serres, nous avons vu, aux Archires du Pradel, u-i
curieux document : c'est une quittance du 5 août 1580, par laquelle « M* GuiU
« laume Galois, concierge aux prisons de l'archevesché de Lion, confesse avoir receu
« de honneste Daniel de Serres la somme de quarante huit sous d'or. Et ce
« pour despense faicte par led. de Serres esditcs prisons durant quatre moys. »
Nous n'avons pu découvrir à quelle occasion Daniel de Serres fut condamné à
la prison. En 1586, il avait a peine vingt-(inq ans. N'aurait-il pas eu quelque duel?
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OLIVIER DE SERRES. 11
1G62, Fraoçoise de Rocliemore (VAigremont^ dont il eut :
Marie, morte jeune;
François ;
César ;
Philippe-François.
Stipulés dans le testament de leur père, en date du 18 jan-
vier 1672'. Ils moururent tous les trois, car Constantin des
Serres, par son codicille du 9 août 1694, institue^ pour son
héritier universel, noble François Rostaing d'Arlempde de
Mirabely son parent maternel, qui suit :
Par le même codicille, Constantin des Serres donne
« 4000 livres à Damoiselle Jeanne d'Arlempde de Mirabel;
2000 livres à Damoiselle Anne d'Arlempde de Mirabel, et
1000 livres à Damoiselle Marguerite Justet, fille du seigneur
de Sardiges » .
Avec Constantin des Serres, décédé le 12 août 1694, finit
la descendance d'Olivier de Serres, son arrière-grand-père.
Le 22 septembre 1682, les commissaires députés par le
Roi « pour la connaissance du fait de ses domaines en Lan-
guedoc »» signifièrent à Constantin des Serres, seigneur du
Pradel, uu jugement par lequel, faute par lui d'avoir remis
son aveu et dénombrement, la terre et seigneurie du Pradel
I Pai Iti même testament, Constantin de Serres donne à Jacques^ son fils naturel,
300 livres, payables loritqu*il se mariera ou lorsqu'il lèvera boutique de son métier
de cardeur. (Archives du Pradel.)
Voici ce que nous avons trouvé, aux Archives de VArdèche, sur ce Jacques,
enfant naturel :
« 16 mai 1701. — Donation faite par Jacques Desserres du Pradel fils à feu
noble Constantin, seigneur du Pradel, soldat aux Invalide?, compagnie Dasaur de
Châteaufort, à demoiselle Marie Desserres du Pradel, de la somme de 300 livres
du léguât à lui fait par demoiselle Louise d*Arlendes, mère de ladite Marie Desserres.»
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12 OLIVIER DE SERRES.
seraient réunies au domaine du Roi, à moins qu*il ne fournit
une déclaration » qu'ils sont mouvans d'un autre seigneur » .
Constantin déclara qu'il tenait et possédait sa maison et
domaine noble du Pradel « soubs foy et hommage de Messire
Joan-Baptiste de Flotte des Astnrds de Laudun, conseigneur
de Mirabel. Comme aussy la justice, haute moyenne et basse,
mère, mixte, împère, civille et criminelle dans toute l'estandue
de son domaine noble et rural dudit Pradel, soubs foy et
hommage dud. seigneur baron de la Roche ou du seigneur
cvesque de Viviers, de qui toute la seigneurie de Mirabel rel-
lève en arriére-fief ' . »
En 1694, le domaine du Pradel passa dans les mains de
François-Rostaing d'Arlempde de Mirabel, dont nous allons
donner la descendance^ jusques à M. Léonce de Watré, pro-
priétaire actuel du vieux manoir d'Olivier de Serres.
VIII. — François-Rostaing d'Arlempde de Mirabel épousa,
le 29 juin 1698, Jeanne de Garnier, fille de feu Pierre de
Gamier et demoiselle Marie de Barrés, de Privas.
De ce mariage naquirent :
Louis-Jacques, curé de Mercuer;
Antoine d'Arlempde, chevalier de Mirabel, qui suit ;
Jacques, sieur du Pradel ;
François, si: ur de Vendrias;
Alexandre, sieur de Senouilhet;
Paul-Rostaing, sieur de Seveyras, prêtre ;
Jean-Baptiste- Alexandre, sieur de Monlheillet, prêtre;
» Archives du Pradel,
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OLIVIER DE SERRES. 13
Antoine-Xavier;
Anne;
Thérèse ;
Anne (seconde).
IX. — Antoine d'Arlëmpde, marquis de Mirabel ', épousa,
le 31 octobre 1734, Marie-Benolte de Maillet^ dont il eut :
Antoine*Régis-Augustin, qui suit.
Marianne-Suzanne-Benoite , épousa Pierre-Henry-Marie
Mésange de Saint-André, capitaine au régiment de Barrois,
qui suit.
X. — Antoine-Régis-Augusiin d'Arlempde, comte de
Mirabel, épousa, le 18 février 1751, Antoinette- Yphigénie
de Geys de Montgaillard, dont il eut ;
Marie-Pauline, qui suit :
XI. — Marie-Pauline d'Arlempoe de Mirabel, épousa, le
4 mars 1786, Jean-Joseph-Étienne, marquis de Surville,
fusillé au Puy, le 19 octobre 1798.
De ce mariage naquit une fille, qui mourut le 20 sep-
tembre 1791.
XII. — Pierre-Henry-Marie Mésange de Saint-André,
épousa, le 29 octobre 1766, Marianne-Suzanne-Benoite
d' Arlempde de Mirabel, dont il eut :
Casimir Mésange de Saint-André, général de division;
Régis de Saint-André ;
Marianne-Cbristinc de Saint-André, qui épousa Auguste-
Henry de IFairé, qui suit :
1 La terre de Mirabel fut érigée en marquisat, en 1745.
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14 OLIVIER DE SERBES.
XI [I. — Auguste-Henry tle Watré épousa Clémentioe
de Saint- A.ndéol, dont il eut :
Léonce de fVairé, marié, en 1869, avec mademoiselle Zoé
Malmazet de Saint-Andéol;
Marie de Watré, mariée, en 1867, avec M. Emile Millet.
Ce deraier est mort en 1884
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CHAPITRE II
LA SEIGNEURIE DU PRADEI
Le voyageur qui parcourt la ligne de Nîmes à fiyoQ tra-
verso, entre Villeneuve-de-Berg et Saint-Jean-le-Centeuier,
une plaine qui s'étend des collines de Villeneuve aux basaltes
du Coiron. Au milieu de cette plaine, est un magnifique bois
de chênes séculaires, que le chemin de fer ébrèche à son
extrémité méridionale, et tout au fond de ce bois, une con-
struction aux murs d*un blanc éclatant arrête le regard.
C'est le Pradel!
C'est là que vécut et mourut le père de l'Agriculture
française !
Le Pradel, placé à la bifurcation des deux voies romaines
de Nimes et de Gergovie, tirait son nom, Pralellum, de la
fertilité de ses champs. Pratum, pratel, pradel, lieu de
prairies.
Depuis des siècles, la charrue met au jour des pans de
murs , des pavés , des tuiles et des pierres rougies par
le feu^ des mosaïques^ des médailles répandues sur une sur-
face de plus d'un kiIomèti*e; tout indique un village gallo-»
romain important détruit par le feu*
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16 OLIVIER DE SERRES.
Plusieurs biographes, entre autres Beisnes, ont prétendu
que Marguerite d* Arçons, en se mariant avec Olivier, en 1559,
« lui avait apporté en dot un pauvre domaine appelé le
Pradel, situé entre Villeneuve-de-Berg et Mirabel ' » . C'est
une erreur : Olivier possédait le Pradel bien avant son
mariage.
Nous avons sous les yeux une quittance délivrée « à Olivier
a des Serres, escuyer, s^ du Pradel, habitant de Villen-de-Berc
u en Viueres, Fan mil cinq cens cînquante-huict et le qua-
M torziesme jour de décembre, par Ânthoiue de Suruille,
« escuyer, conseilher de Gras en Viueres, de un escu dor sol
« pour entier payement des lods à luy deubs pour lacquion
M d'un deues acquis par feu Jacques des Serres, père dud.
« s' du Pradel * »
Le 5 août 1545, par-devant M* Juvenot, notaire, Jacques
des Serres, père d'Olivier, rendit hommage pour sa terre du
Pradel à noble Christophe des Astards, baron de la Boche *.
Les seigneurs de Mirabel avaient la juridiction du Pradel;
il est probable que ce domaine, qui est situé sur la commune
de Mirabel, appartenait autrefois à ses seigneurs. Nous
n'avons pu découvrir l'époque où il passa dans la famille des
de Serres.
Le 15 mars 157J, par-devant M" Tailhand, notaire à Vil-
leneuve, noble François de Laudun, écuyer, seigneur de
Mirabel, et sa mère, Jaumettcs de Graves, échangèrent,
avec Olivier de Serres, la juridiction du Pradel contre a cinq
« Olivier de Serres^ Privas, 1858, p. 8.
* Archives du Pradel.
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OLIVIER DE SERRES. 17
sestiers bled froment » de rente annuelle foncière et perpé-
tuelle que ledit de Serres avait coutume de prendre et lever sur
certains habitants de Saint-Jean-Ie-Centenier, ses empby-
téotes. (Voir n*" 5, Pièces justificatives.)
Eu 1668, Constantin de Serres fit aveu et dénombrement de
u sa maison et domaine du Pradel, confrontant d'une part,
« du levant et en partie de bize, le mandement de Villeneuve-
o de-berc, la rivière de Claduègne * entre deux. Et de toutes
u les autres parts le mandement de Mirabel. Ladite maison
« d'habitation et le domaine composé de terres laboratives,
« prés, bois, devois, pasturages, moulin, jardin et autres pro-
« priétés, soubs foy et hommage de messire Jean-Baptiste de
« Flotte des Astards de Laudun, conseigneur de Mirabel. »
S'il faut en croire les auteurs du temps, le Pradel était un
séjour déUcieux; ses fontaines étaient aussi pures que celles
de Fontainebleau, et l'eau habilement distribuée dans tout le
domaine, formant ici des cascades, là de vastes et belles
pièces d'eau. Des vergers plantés en quinconces, des vignes
bien alignées, des jardins fertiles, des viviers, des prairies
fraîches et ombragées font comparer le Pradel, par le poète
> ■ CInJes ignis n, ravages du feu. Elle prend sa source au cratère du « Cliaud-
Coulant M, mouille, quand elle a de Tenu, les balmes deMontbrul, — mont brûlant,
tous noms de saison, comme on voit. Elle cbarrie, dit-on, des paillettes d*or. Le
Coiron a une étymologie semblable. Son nom dérive d*un mot patois — ou celtique,
• couoïié », cuire; « couïron », le cuisant; d*ou Coiron. (Léon Vbdel, Olivier de
Serres et le Pradel, in-8», i882.)
Nous laissons à leur auteur la responsabilité de ces étymologies.
%
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i8 OLIVIEU DE SËHllES.
François de Chalendar, lieutenant yénéral de la sénéchaussée
du Bas-Vivarais, en 1599, aux vallées de Tempe et aux
champs de Tivoli.
C'est au miheu de toutes ces beautés du Pradel, que le
grand agronome avait certainement créées lui-même, qu'il
composa son immortel Théâtre d* Agriculture, Il nous semble
le voir se reposer, à l'ombre du saule qui ombrageait la fon-
taine que Ton voit encore dans le creux d'une prairie. « Quel
" plaisir, nous dit-il, est-ce de contempler les belles et claires
u eaux coulantes ; à Tentour de vostre maison, semblans
« vous tenir compagnie, qui rejaillissent en haut par un mil-
M lion d'inventions, qui parlent, qui chantent en musique,
« qui contre-font le chant des oy seaux, Tescoupeterie des
i« arquebusades, le son d'artillerie, comme de tels miracles
« se voyent en plusieurs lieux mesme à Tivoli, à Pratoli et
- autres de Tltalie, et très-naïvement à Sainct-Germain en
« Laïc, où le Roy a de nouveau fait construire telles et autres
« magnificences admirées de tous ceux qui les contemplent! »
Deux vers latins d'un poète contemporain, gravés sur la
porte d'une chambre, attestaient les beautés du domaine du
Pradel :
RuSy Jomus, unda flueus, viridaria vinea, sylva^
PradeUi dominum pascua, rwajuvant.
Vignes, foréU, champs et pâturages,
Ferme, château, jardins^ eau limpide
Délectent le seigneur du Pradel.
Tel était le Pradel, au moment où les troupes du duc de
Montmorency s'en emparèrent, lors de la prise de Villeneuve-
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OLIVIER DE SEKHES. 19
tIc-Berg, le 5 mars 1621, deux ans après la mort d'Olivier.
Le 7 janvier 1623, Daniel de Serres, fils d'Olivier, fut remis
en possession de sa maison du Pradel, par de Chabrcilles
et fiacroix, commissaires exécuteurs de Téditdepaix, et huit
jours après, suivant l'injonction des mêmes commissaires, il
fit abattre les nouvelles fortifications de cette maison, qu'il
trouva M desbiffée et fort ruinée par le dedans, scavoir les
« planchers du corps de logis bas presque tous ruinez, comme
u aussy les couvertz grand' faissez etgastez. Item — le beau
« lauemain de la saleté (petite salle) que mon père auoit faict
« tailler en belle pierre blanche, cruellement brisé et ruiné.
« Plusieurs portes perdues et celles qui y sont toutes sans scr-
« rures et peu auec des barres ' . »
Au mois de mai 1628, le château du Pradel fut encore
assiégé par les troupes du duc de Ventadour et, cette fois,
rasé entièrement. Voici comment cet événement est raconte
dans les Commentaires du soldat du f^ivarais :
« Après le passage de M. de Rohan, M. de Ventadour
demeura à Villeneuve, et M. le marquis d'Anuonay, son frère,
auprès de lui, qui lui proposa le bien que la prise du château
appoiterait, à cause des courses que cette garnison faisait,
étant à un quart de lieue de Villeneuve, l'entre deux d'icelle
à Mirabel, où le siear de Mirabel faisait toutes ses parties
pour courir sur le grand chemin du commerce, et incommo-
dait les habitants de Villeneuve, qui ne pouvaient cultiver
leurs terres sans se mettre au hasard de se perdre. La réso-
' Mémoires manuscrits de Daniel de Serres. (Archives du Pradel.)
2.
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20 OLIVIER DE SERRES.
lutioQ (le Tassiéger en fut donc prise, et deux pièces de
canon, qui étaient au Bourg-Saint-Andéol, amenées pour ce
dessein, que ceux de Mirabel crurent être pour eux, ce qui
les fît travailler à se fortifier, et ne songèrent pas au Pradel,
qui se trouva investi un matin lorsqu'on y pensait le moins.
Le sieur du Pradel y était dedans avec une trentaine de sol-
dats, lesquels firent très-bonne contenance, et tuèrent ou
blessèrent aux approches quinze ou vingt hommes
« Cette maison était au milieu d'une plaine, fortifiée de hautes
murailles hors d'échelles, de bonnes guérites, une parfaite-
ment boone porte, et tout autour un bon fossé rempli d'eau;
les assiégeans étaient seulement les régimens d'Annonay, de
Montréal et de Lestrange, avec cent chevaux et les gardes
dudit seigneur. Le sieur de Marsilhac, qui avait la charge
du canon, emporta en deux jours les guérites et toutes les
défenses, ce qui donna les moyens à MM. d*Annonay et de
Montréal de faire approcher leurs régimens aux mantelets,
du côté où le fossé n'était pas creusé et où il n'y avait point
d'eau; de sorte qu'étant à la sape, ils furent contraints do
se rendre, la vie sauve, et le quatrième jour de leur siège, le
château fut, dans aussi peu de temps que cela, entière-
ment démoli jusques aux fondemens, et ses arbres et vergers
coupés avec moins de peine et de labeur que ïauteur du
Théâtre d agriculture^ qui en était seigneur, n'en avait mis
pour les élever*. »>
« Le dimenche VII may 1628, dit Daniel de Serres, le
» Page 212.
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OLIVIER DE SERRES. ti
« Pradel rendu à Mons' de Vantadour par composition vie et
« bague saunes, après auoir s. 68 c. d. c. (souffert 68 coups
M de canon) tout pillé et rasé, mon fils aîné y commandoit,
« ayant esté inuesti le vendredi précédent, Myrabel, le vil-
u lage prins par force, le cbasteau par composition vie sauue,
« armes et bngages. Aprez la baterie de trois jours par quatre
« canons. Monseigneur de Montmorency comandoit en per-
« sonne à Tarmée; lad. redition le XV juin aud. an 1628, le
« village ayant esté prins le jour auparaduant.
« Le mesme jour, je me retirai en cbemise à la Baume,
M ayant esté mis dans ce piteux estât à la porte dud. Myrabel,
u dans les bastions dud. Cbasteau par les gens du Itoy et de
" Mons' de Peraut qui y estoit en quartier.
« Led. seign' de la Baume et de Rochevivc m'y receut fort
« humainement et m'y a entretenu avec mon petit Con-
« stnntin, sa nourrice et une cbambrière jusques au 30 dud.
tt juin, que, par la permission de M. de Montréal, je me suis
u retiré à Villeneufue, en la maison de M. Veyrenc, atendant
« d'aler demeurer en la mienne occupée par locataires.
« Ma maison du Pradel ayant este rasée par ordre de
« Mons' de Vantadour qui m'auoit assigé avec quatre mille
« hommes, battu de deux canons, ayant souffert soixante
« volées, estant par composition moy et Sarrasin de La Gorce
« mon enseigne et Jacques Perrotin mon sergent, Fespée au
u costé et vingt de mes compagnons sans armes, n'ayant
« perdu qu'un soldat.
ic Mouyennant l'ayde de Dieu, lequel je prie m'estre favo-
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2« OLIVIER DE SERRES.
« rable, je commence à faire rebastir ma maison sur le peu
u de muralies qui y sont restés '. >»
ir
Le Livre de raison d'Olivier de Serres, que nous avons
parcouru avec un indicible plaisir, contient, sur le Pradel,
un article fort intéressant, qui a sa place marquée ici.
Olivier de Serres avait à son service, depuis bien long-
temps, un domestique, ouplutôtun intendant, appelé Jacques
Barnier, dont nous ferons connaître le rôle actif. Le grand
agronome, fatigue d'exploiter lui-même son domaine du Pra-
del, — il était alors âgé de soixante-dix-neuf ans, — l'afferma
à son fidèle Barnier, aux conditions suivantes, que nous avons
copiées textuellement :
« Le 15 novembre 1615, jay arranté à Jacques Barnier
« tout mon domaine du Pradel, concistant en bois, prez
« et terres labouriues, ensemble celles du moulin de Berc,
« Lamotte et Vignes, pour deux années comencant à la Sainct-
u Michel dernier passé. Aussy luy arrate la moytié du reuenu
a de mes moulins pour une année comencant à la Sainct-Mi-
a chel, et ce pour la somme de six cens liures, payables trois
« cens Hures à la fin du moys de juin prochain et les aultres
« 300 liures à Noël ensuyuant, et ne luy ayit arfaté la moytié
« du reuenu de mes moulins que po' une année, po' le demou-
« rant de mon bien et po' l'année prochaine 1617, m'en a
• Mémoires manuscrits de Daniel de Serres, (Archives du Pradel.)
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OLIVIER DE SEBBES. 2î
u promis quatre cens cinquante liures, payables en deux
i' termes, la moytié 225 lin. à la fin du moys de juin et le
« demourant à Noël ensuyuant.
« Aux conditions suynantes; je luy bailhe trois payres de
« benfz po' le labourage, qu'il sera tenu me rendre à la fin de
« son arratement, ou po' le prix dicculx et po' chascun payre
t< soixante six Hures (Et qu'attendant m'en payera la moisson
u et po' icelle quatre sest. fromt). Je luy bailhe les araires
u droictz auec trois reilles, poizans 48 H, deux piches, un
« tarayre, deux tarauelles, une grande l'autre petite, une
M eyssette, un eschampre, trois coîgnetz fer po' fendre bois,
« trois fessons grandz et un petit, une eyssade de jardin toute
« neufue, quatre apies (haches) trois petites y comprinse une
« coignasse, qu'il sera tenu me rendre en Testât que les luy
u bailhe, et ce à la fin de son arratement. Je luy bailhe cin-
« quante sest. froment beau et mundé po' semence, dix sest.
« orge et huict sest. auoine qu'il me rendra en Testât. Les-
tt quelles semences me seront rendues, assauoir la moytié A
« la prochaine cueillette et l'autre à la fin de Tarrantement.
w Je me réserue la moytié du vin des vignes qu'il sera tenu
« de bien entretenir, bailhant deux foussayés à la vieille. Je me
« réserue aussy tout le vin de la vigne muscade et tous les
« fruits des arbres du jardin, lequel il sera tenu cultiuer et
u je luy fournîray les semences, où auquel jardin je prendray
a ma prouuîsion po' ma maison. Tiendra les canaux de Teau
« ouuertz et curés, po' les arrousementz des prez et jardins,
tt Rendra à la fin de son arrantement tous les foins et pailles
« serrés dans la grange fenière à ses despens comme il les
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tk OLIVIER DE SERRES.
« treuue. Je tiendray une jument auec son poulain que led.
« rentier nourira, et aussi les montures de mes amiz me venant
M visiter. Quand ses seruiteurs ne pourront trauailler, à cause
« de la séclieresse ou humidité importune, je les employray à
« mes affayres, à planter vifjne ou aultres. Com. aussy sera
« tenu aydcr à labourer les terres de Claux à Villen. Tiendra
M de bois à brusier po' ma prouuission. Le quart de la soye
u tirée prouuenant de la nourriture des maignanx m'appar-
« tiendra. Je me réserue le devois de devesson. Quant au
« bestail, je luy donne deux trentaines brebis, quarante cinq
« aifjnaux et unze cheures, qu'il nourrira à demis-fruictz ou
u mieges. Nourrira quinze poules et pour icelles me bailbera
« quinze œufz chascune sepmaine. Plus vingt chappons. Je
« Iny bailhe une vache qu'il nourrira à moytié profit. Payera
« la rente de Berc et quatre sest. bled po^ les terres de
« Lamothe. Je payeray les tailhes. Je luy bailhe une truye
M nourrigière et po** le croist d'icelle me bailbera deux pour-
tt ceaux que je cboisiray sur le troupeau lorsque la saison
« sera venue po' les tuer. En oultre sera tenu m'engraisser
« un pourceau chascune année. I^uy ayant passé contract
tt dud. arrat aux conditions sus escriptes et aultres cotenues
« au contract d*Iceluy, reçu par M* Jeune not'* le jo' susd.
« 16 novembre 1615. »»
Le 20 août 1789, — i' y ^ P^'ès d'un siècle, — le célèbre
agronome anglais Arthur Young vint tout exprès en France
pour faire le pèlerinage de l'antique demeure d'Olivier. En
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OLIVIER DE SERRES. 25
apercevant au loin l'ancienne tour du manoir du Pradel, il ne
put maîtriser son émotion; Young descendit de cheval, et
tombant à genonx, il sentit ses yeu\ se mouiller de larmes. Il
faut citer la page consacrée à ce pèlerinage pour comprendre
l'émotion pieuse que ressentit le voyageur anglais.
a Arrivé à VilIeneuve-de-Berg, dit-il, le 20 ao:*it 1789, je
« demandai où Ton pouvait trouver dans ce pays, Pradellcs,
" dont était Seigneur Olivier de Serres, écrivain célèbre sur
« l'agriculture pendant le règne d'Henry IV. On me montra
u de la chambre où nous étions, la maison qui lui appartenait
u dans Villeneuve, et l'on m'informa quePradelles était à une
« lieue de la ville. M. de la Boissière, avocat général au par-
« lement de Grenoble, qui a traduit Sterne en français , vint
« me trouver, et comme je paraissais m'intéresser fort à OU-
« vier de Serres, offrit d'aller avec moi à Pradelles. C4'était
« une chose que je désirais avec trop d'ardeur pour la refuser,
« et j'ai passé peu d'après-midi plus agréablement. Je con-
« templai la résidence du père de l'agriculture française, qui
« était sans contredit un des premiers écrivains sur ce sujet qui
« eût encore paru dans le monde, avec cette espèce de véné-
« ration qui ne peut être sentie que par ceux qui se sont
« fortement adonnés à quelque recherche favorite, et qui se
« trouvent, dans de pareils moments, satisfaits de la manière
tt la plus délicieuse.
« Qu'il me soit permis d'honorer sa mémoire, deux cents ans
« après sa mort! C'était un excellent cultivateur et un vrai
« patriote, et Henry IV ne l'aurait pas choisi comme son
« principal agent dans le grand projet d'introduire la culture
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26 OLIVIER DE SERRES.
a de la soie en France, s'il n'avait pas joui d'une grande répu-
u tation, bien méritée, sans doute, puisque la postérité Ta
i< confirmée. Le temps où il pratiquait l'agriculture est trop
u éloigné pour qu'on puisse donner autre chose qu\me
« esquisse de ce que l'on supposait être sa ferme. Le fond du
« sol est de pierre à chaux; il y a un grand bois de chênes
w près du château, et plusieurs vignobles avec nombre de
« mûriers, dont quelques-uns en apparence assez vieux pour
« avoir été plantés de la main de ce vénérable génie, qui a
« rendu ce sol classique. La terre de Pradelles, qui rapporte
«« environ 5000 livres de rente, appartient à présent au mar-
« quis de Mirabel, qui l'a héritée du côté de sa femme, comme
u descendante des de Serres. Je souhaiterais qu'elle fût, pour
« toujours, exempte d'impôts. Celui dont les écrits ont jeté
« les fondements de Taniélioration d'un royaume devrait
u laisser à la postérité quel(|ues marques de la reconnaissance
tt de ses compatriotes. Quand on montra au présent évêque
tt de Sisteron la ferme des de Serres, il dit que la Nation aurait
u dû élever une statue à sa mémoire *. »
Deux mois avant l'ouverture du Concours régional d'An-
benas, en 1882, nous allâmes visiter le Pradel et nous expo-
sâmes à M. de Watré, son sympathique propriétaire, le but
de notre visite. On allait célébrer le centenaire d'Olivier de
' Voyages en France pendant les années 1787, 179D, par Arthur Youwo, traduits
par P. SouLès, t. I F, p. 41.
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OLIVIER DE SERRES. «7
Serres, et de grandes fêtes s*organisaient à cette occasion
dans la ville d'Aubenas. Nous eûmes l'idée de reconstituer le
cabinet de travail d'Olivier et d'y organiser une exposition
faistoric{ue de tout ce qui avait appartenu ou qui se rapportait
à l'illustre agronome. Avec une obligeance dont nous lui
avons toujours témoigné la plus vive reconnaissance, M. de
Watré mit à notre disposition ses archives et toutes les
reliques du grand homme. Grâce à cette bonne fortune, nous
pûmes réaliser noire patriotique projet; pendant dix jours,
plus de trente mille personnes purent visiter le Cabinet de
travail d Olivier de Serres^ transporté à la place de
l'Airette, à Aubenas, en face de la statue d'Olivier, dite du
centenaire, œuvre du statuaire lyonnais Charles Bailly.
Le 27 octobre 1883, nous avons visité une seconde fois le
Pradel et l'avons examiné dans tous ses détails. Le domaine
est à peu près aujourd'hui ce qu'il était du temps d'Olivier;
c'est la même contenance et le même aménagement : des
bois, des prés, des jardins, de longues rangées de mûriers
s' alignant dans les vastes champs. Le moulin, restauré plu-
sieurs fois, existe toujours, il fonctionne, il moud le grain
comme au temps d'Olivier.
Quant à la maison, c'est un vaste rectangle, de 23 mètres
sur 12, sans ornement, n'ayant conservé du vieux castel
du seizième siècle qu'une écbauguette à l'angle nord.
a HumiHée de son badigeon blanc, elle regarde mélancoli-
quement par-dessus la plaine la tour ruinée de Mirabel qui
se dresse, fière et sombre à l'horizon, songeant, dans son éter-
nelle solitude, à sa splendeur passée. » Une cour sablée,
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î« OLIVIER DE SERRES.
ornée de massifs de verdure et de corbeilles de fleurs, la pré-
cède. Dans le mur extérieur de cette cour est encastré un
mûrier, planté par Olivier de Serres lui-même. Son tronc
écorcé et crevassé, ses branches aux trois quarts desséchées
sont des marques évidentes de sa caducité, mais quelques
rameaux verdis attestent encore une vitalité durable. Une
branche de cet arbre vénérable, de ce doyen des mûriers du
Vivarais et peut-être du monde entier, a été exposée au
Cabinet de travail d'Olivier de Serres, à Aubenas.
De cette cour, au mur de laquelle est adossée une chapelle ",
on pénètre dans un vaste jardin, qui n'est autre que Tancien
ver{jer d'Olivier de Serres.
Là encore sont des souvenirs matériels du grand homme :
un second mûrier et deux cyprès, dont les troncs mesurent
près de cinq mètres de circonférence.
Un perron de quelques marches conduit au premier étage
' Comment se fait-il c]u*à Tancienne demeure (]*une famille calviniste, il y aie
une cba|)elle, qui parait être assez ancienne? Écoutons M. Léon Vedel, qui nous
raconte la fondation de ce tout petit monument.
« Le saint apôtre du Velay et du Vivarais, Jean-Fi ançois l>é{;is, dit-îl, poursuivi
un jour par les calvinistes, fut obligé, trahi par ses forces, de chercher un refuge
au Pradel et de se cacher, à Tinsu de ses habitants, calvinistes peu tolérants, comme
on le sait, dans une meule de foin dressée dans la cour du château. Les soldais
transpercèrent de leurs longues piques et de leurs immenses hallebardes le tas de
foin, sans atteindre le saint, qui échappa ainsi miraculeusement à leur poursuite.
« Le miracle ne fut pas oublie, et, dès qu*on le put, c*est-à-dirc aussitôt que le
Pradel fut revenu à la religion catholique (ce qui dut arriver de 1690 à 1700), on
éleva, sur le lieu même du « miracle », une chapelle a la gloire du saint vénéré dans
tout le Vivaraisi
m C'est pour les environs un lieu de pèlerinage, et souvent on y trouve l'humble
obole déposée par les pèlerins : un ou plusieurs gros sous. Les pauvres prolkent
de la modeste et méritante offrande, grossie par les maîtres du Pradel. « (^Olivier
de Serres et le Pradii, in-8*, 1882, p. 28.)
Mous avons compulsé la vie de saint Jeàn-François^Hégis, par le Père Daubenton,
et nous n'y avons pas vu le fait miraculeux raconté par M. Léon Vcdcl.
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OLIVIER DE SERRES. 29
de la maison, qui n'a guère changé depuis sa réédification
par Daniel de Serres, en 1628. Le logis principal repose sur
l'ancienne forteresse, dont les épaisses murailles au puissant
talus lui servent de base. Les caves sont absolument ce
qu'elles étaient du temps d'Olivier.
Dans un grand salon, que suit une vaste salle de billard,
notre attention est attirée par une peinture, le portrait du
marquis de Surville. A côté, placée entre deux verres, la
lettre qu'il écrivit à sa femme, Pauline de Mirabel, de la
prison du Puy, la veille de son exécution. Un peu plus loin,
une bonne photographie de Chlilde de Surville^ superbe
groupe en marbre, de Gautberin, qui fut très-remarque au
Salon de 1877 '. Sur le marbre d'une console, une statuette
d'Olivier de Serres. C'est une réduction en bronze d'une des
plus belles œuvres d'Hébert. A côté, se trouve aussi une
réduction du projet fait en 1858 par Breysse, le berger
sculpteur. Sur une table, nous remarquons une merveille
bibliographique, le Théâtre d'Agriculture^ splendide exem-
plaire unique de l'édition de 1804, 4 vol. sur grand papier,
reliure en maroquin rouge, dentelles et filets sur les plats,
dorés sur tranche, doublés de tabis. Sur le premier feuillet
du premier volume, on lit : « A la mémoire d'Olivier de
Serres y offert par la Société d'Agriculture du département
de la Seine à M. d'Arlempde de Mirabel, pour être déposé
au Pradel, 1807. »
Sur la garde de ce premier volume est collé un cartouche
* L*original e»t k l'Elysée; il appartient au Président de la République.
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30 OLIVIER DE SERRES.
portant cette meatioa : w M. Victor Rendu, inspecteur
général d'agriculture, et M. Heuzé, professeur d'agriculture à
l'école impériale de Grignon, sont venus rendre hommage à
la mémoire d'Olivier de Serres, le 28 août 1858. »
La salle de billard est une sorte de musée de famille. On
y voit les portraits des RJirabel, des Saint-xVndéol, des Watré;
une mauvaise peinlure représente Daniel de Serres, âgé de
trois ans à peine. EnBn, dans un secrétaire Louis XIII se
trouvent les objets précieux, — les reliques, — du Pradel.
C'est d'abord un petit cadre en bois fort laid, grand comme
la main, — 162 millimètres de longueur sur 113 de largeur et
12 millimètres d'épaisseur, — qui contient, sous verre, le por-
trait d'Olivier, dessiné et peint sur vélin par son fils Daniel.
C'est le seul portrait authentique du grand homme, qui a
servi à faire tous ceux que l'on connaît depuis. Ensuite, le con-
trat de mariage u passé entre sieur Olliuîer Desserres,
« escuyer, et honneste filhe Marguerite Darcons, le
« 11 juin 1559 » . Son Livre de raison, le diplôme de docteur
en droit de Daniel de Serres, du 13 novembre 1589, et enfin
le testament du grand agronome, tout entier écrit de sa main,
le 20 août 1617.
Nous ne terminerons pas ce chapitre sans mentionner un
rapprochement historique, que nous avons fait en visitant le
Pradel.
11 y a trois siècles, Olivier de Serres avait à son service un
homme dont le dévouement absolu ne se démentit jamais,
pendant plus de quarante ans. Barnier, — tel était le nom de
ce serviteur^ — faisait partie de la famille patriarcale du
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OLIVIER DE SERUËS. 31
Pradel. Il vit mourir sou illustre maître, et lui-même dut finir
ses jours au vieux manoir, au service des fils du grand
homme. Nous y avons constaté sa présence jusques en 1633.
Aujourd'hui, on peut voir au Pradel, à deux siècles et demi
d'intervalle, le digne pendant du fidèle Barnier. Sophie
Silhol, âgée de soixante et onze ans, est entrée au service du
Pradel en 1834. Elle a vu naître M. de Watré, qu'elle aime
et chérit comme son enfant. Elle est tout heureuse lorsqu'on
vient visiter la demeure du grand agronome, qu'elle garde
depuis cinquante-deux ans.
Nous avons demandé à la Société nationale d'JyricuUure
une médaille d'honneur pour Sophie Silhol, la vénérable gar-
dienne du Pradel.
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CHAPiTKt: m
NAISSANCE d'olivier DE SERRES. — SON ÉDUCATION.
SON MARIAGE. — SA MISSION A GENEVE.
Il y a une quinzaine d*années, on a agité la question de
savoir si Villeneuve-de-Berg était bien la patrie d'Olivier de
Serres, et Ton s'appuyait sur un passajje du Théâtre d* Agri-
culture pour découronner cette ville de son grand homme. Il
est absolument certain qu'Olivier naquit à Villeneuve. La
tradition, les documents historiques, les mentions officielles
s'accordent pour affirmer le fait. li'acte d'affranchissement de
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OLIVIER DE SERRES. 33
la juridiction du Pradel, en date du 15 mars 1571, que nous
publions aux Pièces justificatives^ porte : « Entre et Oli-
« vier des Serres, escuyer natif et habitant de Villeneufue de
w berc dioceze de Viuiers, seneschaussée de Beaucaire et
tt Nismes. «
Jacques des Serres, père d'Olivier, possédait à Villeneuve,
outre sa maison, plusieurs propriétés aux environs de cette
ville. T.e clos de Serres, autrefois environné de murailles, les
Dombys (quartier des vers à soie), le champ voisin de la cha-
pelle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, de Tournon, etc.,
lui appartenaient. Dans ces deux dernières propriétés, on voit
encore de vieux mûriers plantés, dit-on, des propres mains
du grand agronome. Outre ses propriétés de Villeneuve,
Jacques des Serres possédait le domaine du Pradel, des
terres à Saint-Montan, Saint-Marcel, Consignât, Bourg-Saint-
Andéol, Tiargentière et Loriol; mais c'est le Pradel suitout
qui a été immortalisé par les savantes et laborieuses expé-
riences agronomiques de son illustre fils.
Olivier de Serres ' naquit donc à Villeneuve-de-Berg, en
1539.
Cette date nous est fournie par son fils Daniel, auteur du
portrait qu'il a fait de son père, et sur lequel il a écrit de sa
main :
a Cest le portrait de noble Otiuier Desserres, sg' duJ^radel,
« âgé de 80 ans, tiré par son fils, s' de Leyris 20 ans auant
« son décès, mort le 2 juillet 1619. >»
^ La véritable orthographe est des Serres : c'est ainsi qu*01ivier signait.
3
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3V OLIVIER DE SERRES.
Venu au monde au lendemain de la Réforme, Olivier de
Serres appartenait à une famille noble passée au protestan-
tisme. Il n'avait que sept ans lorsqu'il perdit son père, qui
venait de lui donner un bon précepteur pour commencer son
éducation. Il est probable qu'il alla terminer ses études à
ValencQ, où sa mère dut l'envoyer de bonne heure. Notre
supposition s'appuie sur ce fait que^ plus tard, Olivier envoya
lui-même deux de ses fils étudier à Valence. Le diplôme de
docteur en droit, délivré par l'Université de cette ville à
Daniel de Serres, est daté du 13 novembre 1589.
Dans le Livre de raison d'Olivier de Serres, nous lisons
cette mention : a Leiundy matin 9 may 1611 ay dépesché à
a mon filz Pierre, estant à Vallence, par lequel luy ay envoyé
« quarante escus et sa mère deux doublontz, le tout faisant
" 134 liv. et ce pour employer à la déspence nécessaire à
« passer ses degrez »»
La nécessité de soutenir une controverse ardente sur les
questions religieuses faisait pousser très-loin les études de la
jeunesse protestante. A dix-neuf ans, Olivier avait reçu une
éducation très-étendue. Ses ouvrages indiquent qu'il était
versé dans les langues grecque et latine. Plus tard, il étudia à
fond tout ce qui avait été écrit et tout ce qui se pratiquait sur
l'agriculture.
A l'âge de vingt ans, le 1 1 juin 1559, Olivier de Serres
épousa Marguerite d' Arçons, fille d'un catholique, disent
quelques biographes, ce qui est douteux, ou bien Jacques
d'Arcons, le beau-père d'Olivier, aurait passé plus tard au
protestantisme. La preuve nous en serait fournie par son tes-
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OLIVIER DE SERBES. 35
tament, du 20 mars 1567, dans lequel nous lisons : u hem a
« légué aux pauures de N'* Seigneur Jésus Christ diid. Villeri
« quy seront esleus par son héritier et exécuteur de son put
« testament, estant toutesfois delà religion refformée, et non
« autres, la somme de cinquante liurcs t. pour une fois tant
« seulement '. »
L'union d'Olivier avec Marguerite d'Arcons fut heureuse;
il en naquit sept enfants : quatre garçons et trois filles; nous
avons donne leurs noms à la généalogie des de Serres.
Ce mariage précoce annonçait la maturité de son esprit
qui, à parties moments consacrés à la défense de li religion
réformée, dont il était un ardent soutien, s'appliquait à scruter
les mystères de la nature et à en vouloir régler les écarts.
Grâce à son titre d'aîné, devenu jeune encore seul maître
de la seigneurie du Pradel, Olivier s'appliqua dès lors à faire
germer Tapplication du système dont il avait jeté la semence
dans son esprit.
Douze ans avant la Saint-Barthélémy, — en février 1561,
— Olivier de Serres, qui était diacre de l'église de Berg, fut
député par les protestants pour aller à Genève chercher un
ministre de l'Évangile. Il leur fut donné Jacques Béton.
Voici la copie textuelle du mémoire des dépenses de cette
mission, présenté au Consistoire de l'Église réformée de Vil-
leneuve. Ce précieux document, qui est aux archives du
» Archives du Pradel, Voir n® 4, Pièces jmtijtcatives.
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36 OLIVIER DE SERRES.
Pradel, est tout entier écrit de la main d'Olivier. Il se com-
pose de 6 feuillets, pet. in-4', soit 8 pages. L'écriture de ce
mémoire, hardie, très-ferme, dénote une grande énergie chez
son auteur, qui n'avait alors que vingt-trois ans.
Sensuyuent les fournitures Jaictes par moy Oliuier des
Serres + pour les affayres de léglise Refforrnée de Ville-
neufne de berc du mandemt des suruelhans et députés
dycelle.
4- diacre de leglise de Fi lien de berc *
Prêt * Dieu par sa miséricorde toucha le cœurdepleusieurs
de la put ville de semployer à son seruice. Et pour ce fayre
feust deslibéré par eux en nos assemblées de fayre toute dilli-
gence à recouurer un ministre po' lequel auoyr enuoyasmes à
Nismes par troys foys, prétendans y en treuer là quelqun.
Mays ne feust possible à cause de la rareté d'yceux au reguard
des requerans, quoy voyant le dimanche 4 januier 1561
après la prière faicte en playne assemblée d'homes, les femes
retirées, feust arresté et deslibéré enuoyer à geneue po' fayre
tous nos esfors d'estre prouisez, pourquoy fayre, je feus député
et esleu, et pour ce me déliurarent lettres escriptes en leur
nom et argent (duquel à mon retour leur en randis compte et
preste le reliqua). Et estre arriué aud. geneue présentai les
lettres à la compagnye de messieurs les ministres, assemblés
1 Ce renvoi est de la main d*01ivier de Serres. Noua avons scrupuleusement
respecté son orthographe, ses abréviations et ses chiffres.
* Premièrement.
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OLIVIER DE SERRES. 37
dans le logis de Mons' Caluin^ et les suplyis au nom de nostre
Eglise nous pouruoyr d*ua fidelle ministre pour nous ensei-^
goer en la parolle de Dieu. Et leur ayant remonstre la grand
nesccssité que nous en auions nous bailharent maystre Jaque
Béton po"* pasteur lequel estre esleu pria lad. companye luy
donner ung mois de terme à partir po' s'en venir icy, ce que
luy feust accordé. Et voyant que je ne pouuois là séjourner
po' l'atlendre sans grands frais, m'en retournis (auec Jean
Ticliet chaussetier lequel alloyt auec moy) attendant la fin du
moys demandé po' l'aller quérir ce que nous arrestasmes auec
luy fe*. Or le 26 feburier 1561, à la prière des susd' led. Jan
Tichet partit de ceste ville pour aler quérir led. sieur Béton
nostre Ministre auec sa familbe, et pour se fayre luy feust
bailbé deux cbeuaux et seize liures douze solz pour fournir
aux despans et frais qu'il conuenoyt fayre. Le 15 mars en
suyuant led. Jan Tichet a esté de retour conduisant le susdit
s' Béton auec sa familbe scavoir sa feme et sa filbe, Et des
despanses faictes tant à sa conduyte qu'à Tacbept des liures
à luy plus nécessayres et desquelz ne se pouuoiyt passer et
d'aultres petites cboses quil auoyt besoin. Led. Ticbet m'a
bailbé le rolle par le menu en iceluy expécifiés lequel jay
à mon pouuoyr, Icelles montans la some de quarante-cinq
liures dix buitsolz^etd'icelle somme rabatre seize liures douze
solz que léglise luy auoit bailbé à sa montre corne est dict cy
deuant, reste vingt neuf liures six solz que led. Béton et Ticbet
ont fourny de leurs propres deniers scauoyr led. Béton qua-
torze liures deux solz, cinq deniers et led. Ticbet quinze liures
trois solz sept deniers, lesquelles somes je leur ay remboursées
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38 OLIVIER DE SERBES.
de mes propres deniers cy L. 29 G
J'ay nourry ea ma mayson le siisd. s' Béton
auec sad. familhe despuys le jour qu'il arriua
en ceste ville qu'estoyt le 15 mars 1561,
jusques au 15 aoust en suyuant que sont cinq
moys entiers, la despcnsc desquelz m*a esté
accordée en la some de neuf liures pour
chascun moys, y comprins la despense de sa
chambrière quay nourryc enuiron deux mois,
la some de quarante-cinq liures, cy . . . . L. 45
Oultre les choses susd. ay fourny pour
Téglise dud. Villen* ce que s'ensuyt, de son
mandement le 16 mars 1561, ay bailhé au s'
Béton pour luy fayre une robbe longue et un
saye 5 aulnes noir paris, à 3 liures 2 solz
6 deniers Taulne monte L. 15 12 6
8 pans bouracan po^ doubler led. saye à
1 sol 8 den. le pan monte L. 13 4
Pour la façon desd. robbes et saye payés à
M* pierre Chantuzas et pour un sol de cro-
chetz T.. 12
2/3 Sarge paris noire à 4 liures pour luy fayre
une payre de chausses, monte L. 2 13 4
3 pans courdelhat blanc à 3 solz 6 de-
niers L. 10 6
Pour la façon L. 4
Ung bonnet noir unze solz L. 11
95 2~^
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OLIVIER DE SERRES. :39
Po' une payre de souliers pour Iny et une
payre pour sa feme et une pour sa fille, vingt
quatre solz, lesquelz ay payes à M* Ganiac. li. 14
Du 15 apuril 1561, une cane sarge dorléans
noyre po' fayre un corps de robe à sa feme et
quelques autres abilbement/ k quatre solz le
pan, monte fi. 1 12
Po' la façon dud. corps payé aud. Chan-
fuzas L. 3
2 cannes 1/2 petits passemens noirs à 4 den.
le pan, monte li. 6 8
Du premier may 1561 ay bailhé à sa feme
en argent douze solz, cy Tj. 12
Du 4 juin po' une payre souliers à sa filbe
un sol troys den. cy li. 1 3
Du 18 juin 1561 douze pans noyr bourges à
13 solz le pan po^ luy fayre un manteau mote
sept Hures, seize sol, cy L. 7 16
14 pans sarge dorléans noyre du bontaint
po' luy fayre une quasaque à 4 solz le pan
mote deux liures seize solz, cy L. 2 16
1/2 pan trelis dallemanhe po' luy mettre
au collet, un sol, six deniers, cy L. 16
Po' la façon desd. manteau et quasaque
payes aud. Chantuzas, dix solz L. 10
Du premier jullhet ay bailhé neuf liures
huict solz à M. fran Sabatier secre'* de léglise
15 2 5
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40 OLIVIER DE SERRES.
pour fournir aux despences qu'il a falu fayre
au colloque tenu à Prîuas là ou feurent mons'
Belon^ led. Sabatier et un homme à pied et
deux chenaux appert desd. despenses par le
compte randu par led. Sabatier, cy. . . . L. 9 8
Du 4 juillet 1561 ay bailhé aud. s' Béton les
comanteres de mons' Caluin, et toutes les
Epistres desquelz en ay payé quatre liures,
cy L. 4
Plus Varmonye ou concordance li. 3
Plus ay bailhé à mons' Roberty, sept liures
dix solz quil auoyt fournis h la conduite de
N'* Ministre, de quoy lay rembourse de mes
propres deniers, cy li. 7 10
Plus ay bailhé quarate solz po' le port d'un
coffre dud. s' Béton, despuys geneue jusques
icy, cy L. 2
Du 6 jnilhet, ay bailhé à M. franc Sabatier
sec'''' la some de unze liures quatorze solz qiiil
aaoit fournis pour les atfayres de léglise mesme
po' assister au sinode Genil, tenu aud. Nismes
et aiissy à la poursuitte d'un ministre aud.
Nismes, et en aultres choses contenues par le
menu en un rolle quil ma bailhé signé de sa
main, cy L. 11 14
Du 14 juillet 1561, une aulne escot blanc
pour fayre une robe à la filhe dud. s^ Béton,
37 12
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OLIVIER DE SERRES. 41
niôte vingt solz, cy L. 1
Po' la Fasson payée aiid. Cbantuzas, cy. L. 3
Plus 8 pans toylle crue fine large à 3 s.
6 d. le pan po'^ fayre quelques manches et
colles à sa feme mote vingt huict solz, cy. li. 18
Plus 16 pans toylle moyenne crue à deux
solz le pan pour luy fayre un pourpoint et des
chansons, mot L. 1 12
Po' la fasson dud. pourpoint L. 2
Du 15 juilhet 1561, ay bailhé a s' Xptofle
Fumât, douze solz po' une corde à la cloche du
prestre ', cy Ti. 12
Plus à Anth de Guarde, deux solz six den.
po' troys tialhes à mettre à la cloche, cy . Tj. 2 6
Plus à Oliuier Darrier, un sol po^ une liure
says * po' engraisser la cloche, cy L. 10
A M' Mathieu Fabrejon, cinq solz pour un
aix quil a employé à fayre les châssis des
fenestres du logis de n'* ministre et pour
doux qu'il y a mis, cy L. 5
Aud. Fabrejon, huict solz pour deux jour-
nées quil a travaihé à acoustrer led. logis. Ïj. 8
Po*" les doux quil a employés au plancher
dud. logis quatre solz, cy L. 4
Po' la despense quil a faicte chez Pierre
5 17 6
• Presbytère.
' Saindoux.
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42 OLIVIER DE SERRES.
Pigier, boste et aussi Jacques Gamel qui luy
aydoyt neuf solz, cy h, 9
Au serrurier po' le rabilhage de la sernre
dud. logis deux solz, cy Ti. 2
Plus du 16 juilliet bailbé à M. Franc bacbe-
lier, appo'* troys liures pour médecines quil a
foumy à N" dit Ministre et à sa feme, cy . li. 3
Plus ay bailbé à la feîne dud. app'% dix sept
solz six den. po' sept torcbes quont esté
employées à fayre les prières du soyr au
temple, cy L. 17 6
Du 24 juilbet à M* Claude Audigier, quinze
solz po'uue payre souliers pour nostre ministre,
cy L. 15
Plus à luy mesmes trois liures pour une
payre de botes pour nostre ministre, cy. . L. 3
Du 25 juilbet à M. Jacques Cbaussi mares-
cbal, douze solz po' les ferementz des cbassis
du logis dud. s' Béton, et po' Taccoustraige de
certains fers pozés à la cbayre du temple, cy. Ti. 12
Plus ay bailbé dix solz po' deux journées
d'un mullet employées aux affayres du s' Ri-
gaudi, du louage de sa mulle quil auoyt prestée
à M. Franc Sabatier, quand il vaqua à la com-
mission des arrantementz des bénéfices dycy
alantour, cy Ti. 10
Plus ay bailbé à M. Franc Sabatier, vingt
9 5~6
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OLIVIER DE SERRES. 43
solz qiiil a foiirny po' ses despeases en Aubenas,
la où il séjourna quelque temps, demandant
secours pour nous uouloir ayder à cause dune
peur que nous .husmes entendant que de
Balazuc venoyt des gens, cy Fi. 1
Plus ay bailhé au fils de Guarris, douze solz
pour plusieurs uoyages quil a fait pour léylise,
cy L. 12
Plus ay bailhé à M. Simon, le menuisier
daubenas, douze liures cinq solz po*" les meubles
quil a faicts pour nostre minisire, scauoyr, deux
grands cbalis, une couchete, une table, deux
escabelles, deux bancs et une chayse le tout
boisnoyr, cy L. 12 5
Po' le port desd. meubles daubenas, ycy
vingt solz, cy Fi. 1
Les parties sus escriptes montent la some de cent sep-
tante liures, dix-huict solz un denier.
Item po' le reste des meubles nécessayres au susd. s' Béton,
à plain désignés par le menu en un Rolle, sur ce fait sépa-
rément escript le tout bien et deument calcule et aduise par
ceux du consistoyre, ay bailhé et desliuré suyuant la conclusion
et arreste faict aud. consistoyre la some de cent liures, tour-
noys, cy F.. 100
Some uniuerselle de toutes choses cy devant escriptes
montent deux cens septante sept liures, dix huict solz un
denier que demande mestre admise et satisfaicte.
Des Serbes.
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4* OLIVIER DE SERRES.
«Veus par nous anciens et siiruelhans de lesglize refformee
de Villeneufue de berc soub"" les comptes des fournitures cy
dessus escriptz faitz par s' Olivier des Serres. Iceux bien et
deunient gestes calcules auec les inipugnations neces"* ouy et
entendu en serment parluy preste au concistoîre. Auons con-
clud et areste les somes et partyes y couchées et escriples
comme légitimement fournies et aduancées pour les affayres
de lad. esglize par led. des Serres, montans uniuersellement
deux cens septante sept liures dix-neuf solz ung den. et luy
deuoirestreadmizes et allouées comme des aprtlesluy allouons
et aduançons sur le prix et some prouenus des joyaux estimés
en lesglize dud. Ville uendus et Icelluy prix h luy bailhé en
garde par messieurs les Magistractz de lad. ville en conseil
Genal d'icelle. Ce vîngtiesme jour du moys daoust Tan mil
cinq cens soixante deux.
Ci SUjné : F. Nicolas, Tailhand,
Jehan Sevenïer et Saratier, secrétaire. »
liCS dépenses de la mission d'Olivier de Serres, à Genève,
sont une curieuse attestation du prix modique des choses et
de la simplicité des mœurs en 1561. Il faut dire aussi que la
valeur de l'argent était bien plus élevée que de nos jours.
En 1562, des troubles religieux commençaient à agiter le
Bas-Vivarais, les consuls de Villeneuve-de-Berg songèrent à
mettre en sûreté les vases et ornements sacrés de réglisc
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OLIVIER DE SERBES. 45
catholique ; le 2 mai de cette année, ils les confièrent à Oli-
vier de Serres lui-même. Cette marque de haute confiance est
un témoignage de Testime générale dont jouissait le seigneur
du Pradel, malgré son zèle pour les doctrines nouvelles. (Voir
aux Pièces justificatives,)
Cette même année, 1562, Olivier fut commis par les Ltats
particuhers du Vivarais, pour percevoir les fruits et revenus
des bénéfices, sous la charge du comte de Crussol ' .
' Ordonnance Je Charles IX, parchemin. ^Archives du Pradtl.)
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CHAPITRE IV
SURPRISE DE VILLENEUVE-DE-BERG, LE 2 MARS 1573.
Villeneuvc-de-Berg vit ses murs souvent assiégés, mais le
sic'ge qui lui a laissé les plus cruels et les plus douloureux
souvenirs est celui qu'elle soutint en 1573, au début même
des guerres religieuses duVivarais. licSmars de cette année,
une bande de calvinistes, sous la conduite d'un capitaine
Baron, s'emparèrent par surprise de la ville, passèrent au fil
de Tépée la garnison, livrèrent au pillage le plus afTreux les
maisons des habitants et firent main basse sur une trentaine
de prêtres, réunis en synode diocésain, disent quelques
auteurs. Olivier de Serres fut-il l'instigateur de ces horribles
massacres, ainsi que le dit une tradition mensongère? La vie
tout entière de cet homme et son œuvre protestent contre
cette infâme calomnie.
Deux chroniqueurs, de Thon et Agrippa d'Aubigné, sont
invoqués par ses ennemis pour soutenir cette terrible accusa-
tion. Le premier parle, d'après Jean de Serres,d'un capitaine
Pradel {Pradellà), Est-il certain que de Thon ait voulu dési-
gner l'auCeur du Théâtre d* Agriculture? Il connaissait bien
Olivier, qu'il appelle par son nom Serranus. Quant à d'Aubi-
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OLIVIER DR SERRES. 47
gné, ce n'est que dans la seconde édition de son Histoire
universelle (1626) qu'on trouve une accusation contre Olivier
de Serres.
« Villeneuve en Vivarez coûta plus de peine à avoir, dit-il,
i FjOgières l'avait saisie quelque temps auparavant : le capi-
u taine Baron qui y conimandoit, s'était retiré à Mirabel,
« entre les mains d'un gentilhomme nommé Pradelles, son
« ami, autbeurdu Théâtre d'Agriculture, par le moyen duquel
u il fut mis dans Saint-Privat. »
Voilà le seul témoignage qui puisse être invoqué contre
Olivier; et quel témoignage 1 celui d'un historien qui a été
très-souvent convaincu d'erreur, qui, dans une édition, passe
le nom d'Olivier sous silence, et qui, dans une autre, écrit à
la légère, sans plus d'explication, un fait inconnu à tous ses
contemporains.
Dans ces temps de guerre civile, les écrivains étaient sou-
vent dans l'ignorance la plus complète sur les hommes et sur
les choses de leur époque; les passions étaient trop ardentes
pour qu'ils pussent faire justice des accusations les moins fon-
dées. Ils étaient condamnés à écrire sur les renseignements
constamment altéréspar l'esprit de parti. FiCS goûts, Tinolina-
tion, le caractère d'Olivier disent assez qu'il resta complète-
ment étranger aux massacres de Villeneuve-de-Berg. l*>ou-
tons-le plutôt lui-même :
« Outi'c cette considération générale, une autre particulière
u m'a fait entreprendre ce labeur. Mon inclination, et Testât
« de mes affaires m'ont retenu aux champs, en ma maison, et
u fait passer une bonne partie de mes meilleurs ans, durant
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48 OLIVIER DE SERRES.
« les guerres civiles Je ce royaume, cultivant ma terre par
« mes serviteurs, comme le temps Ta peu porter. En quoy
M Dieu m'a tellement beny par sa saincte grâce, que, m'ayant
« conserve parmy tant de calamitez, dont j'ay senty ma
« bonne part, je me suis tellement comporté parmi les diverses
u humeurs de ma patrie, que ma maison ayant esté plus logis
« de paix que de guerre, quand les occasions s'en sont pre-
« sentées, j'ai rapporté ce tesmoignage de mes voisins, qu'en
u me conservant avec eux, je me suis principalement addonné
u chez moy, à faire mon niesnage. Durant ce misérable temps
u là à quoy eusse-je peu mieux employer mon esprit qu'à
u rechercher ce qui est de mon humeur? Soit donc que la
i( paix nous donnast quelque relasche, soit que la guerre par
u diverses recbeutes, m'imposast la nécessité de garder ma
u maison; et les calamitez publicques me fissent chercher
u quelque remède contre l'ennuy, trompant le temps, j'ay
u trouvé un singulier contentement, après la doctrine salu-
« taire de mon âme, en la lecture des livres de l'agriculture :
tt à laquelle j'ay de surcroist adjousté le jugement de ma
« propre expérience ' . »
Sont-ce là les paroles d'un fanatique et d'un égorgeur?
Un des premiers écrivains qui soient allés à l'encontre de la
tradition qui accuse de meurtre notre grand agronome, c'est
François de Neufchâteau. Dans un discours prononcé le
18 septembre 180â, et inséré en tête du premier volume de
la nouvelle édition du Théâtre, il s'exprime ainsi : « On a cru
* Théâtre tV Agriculture ^ préfece.
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OLIVIER DE SERRES. h9
« reconnaître Olivier de Serres dans un passafje assez frappant
« d'un autre livre de l'Histoire du président de Tliou, Il y
« parle d'un capitaine Pradel, ou Lapradelle (en latin Pradelà)^
« lequel, en 1573, c'est-à-dire l'année d'après la Saint-Bar-
« thélemy, exerça sur les prêtres d'un synode du Vivaraisics
« représailles du massacre, dont les matines de Paris avoient
« donné l'affreux exemple; car toujours les assassinats attirent
" les assassinats. Mais le capitaine Pradel ne peut être notre
« Olivier. Ce trait ne sauroit s'appliquer à la conduite paci-
« fique qu'il tint toute sa vie, dont il se loue dans la préface
M du Théâtre d'Agriculture^ et dont nous verrons ci-après
« qu'on a fait un trait distinctif de son panégyrique, puisqu'on
« le félicite d'avoir les mains pures de sang, dans une époque
u où les François s'en étoient presque toujours souillés. Le
« président de Thou connaissoit Olivier do Serres, il l'appelle
w bien par son nom (en latin Servanus)^ et il ne Tauroit point
«. appelé Pradela. Que ce soit son père ou un autre, j'y
<i consens; mais j'insiste pour qu'on n'impute pas à Olivier
i< de Serres, sur une équivoque de nom, un fait incompatible
« avec tout ce qu'on sait de lui d'une manière plus précise. »
Les historiographes ont rapporté un fait qui fait le plus
grand honneur à Olivier. Au commencement des troubles reli-
gieux qui agitaient le Bas-Vivarais, les consuls de Villeneuve-
de-Berglui confièrent les vases et ornements sacrés de l'église
catholique. « Cette marque d'estime et de haute confiance,
dit M. Eugène Villard, suffirait pour faire justice des imputa-
tions dirigées contre lui. » Il y a une quinzaine d'années, nous
avons découvert, dans un monceau de vieux papiers qu'on
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50 OLIVIER DR SERRES.
allait vendre au cbifFonnier, entre autres documents intéres-
sants, Tinventaire de ces joyaux et ornements, que nous
publions aux Pièces justificatives, sous le n' 2.
Parmi les auteurs contemporains, accusateurs d'Olivier de
Serres, nous citerons M. Tabbé MoUier, qui a publié, en 1866 :
Recherches historiques sur Villeneuve-de^Berg, vol. in 8* de
450 pages. L'auteur s'appuie sur les anciens accusateurs
d'Olivier; il n'apporte aucun document nouveau au débat.
Ancien vicaire à Villeneuve-de-Berg, il a eu pourtant à sa
disposition les archives communales, celles du Pradel et enfin
la bibliothèque de Tévéché. S'il avait découvert quelques
témoins à charge, il n'eût pas manqué de les produire.
A propos des vases et ornements sacrés, il a bien soin de
nous apprendre qu'au bout d'un an, Olivier de Serres ne
voulut plus les garder, déclarant que « ce seraient meux
« troubles et guerres en présent pays telles qu'il ne scait
« comment les vases (sacrés) garder en assurance et sans
« danger évident de lui être volés et emportés, et à l'ombre
i( d'iceux violence lui soit faicte en sa maison, personne et
u biens... » En conséquence, il prie les consuls de vouloir
reprendre le dépôt et de le confier à un autre. Pour les mêmes
motifs que ceux allégués par Olivier, personne ne voulut s'en
charger. Que fit-on alors? On pria le même Olivier de vendre
les objets à Baratier, orfèvre de Montélimar, et d'en con-
server le prix entre ses mains. Je ne sais par suite de quelles
circonstances cette somme ne fut remboursée à l'église de
Villeneuve que cent ans plus tard, par Constantin, arriëre-
petit-fils de l'agronome, à la suite d'un long procès intenté
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OLIVIER DE SERRES. 51
contre la famille du Pradel, par le prieur de Villeneuve-dt-
Be.s'.
Nous prouverons tout à l'heure que le montant des objets
vendus à Baratier fut versé par Olivier de Serres à la com-
munauté de Villeneuve-dc-Berj.
M. Tabbé Mollier cite encore parmi les accusateurs d'Oli-
vier M. de La Boissière, « lequel par son long séjour à Ville-
neuve, d'où il était originaire, par ses talents supérieurs et
ses connaissances fort étendues, connaissait mieux que per-
sonne les faits et gestes d'Olivior, auquel il touchait par ses
anciens ». No(re auteur n'est pas heureux dans sa citation :
de La Boissière ne connaissait même pas le prénom du père de
l'agronome, qu'il appelle Jean*, tandis que son véritable pré-
nom était Jacques. L'erreur de La Boissière a amené quelques
biographes à attribuer au père d'Olivier des faits qui concer-
naient son frère, l'historiographe.
En 1872, parut une brochure intitulée : Olivier de Serres et
son œuvre. liCS qualre premières pages sont consacrées à la
réhabilitation de notre grand agronome. L'auteur, M. Eugène
Villard, termine ainsi cet intéressant chapitre :
u Maintenant, nous le déclarons en toute conscience, les
taches de sang qu'un concours de circonstances fatales a fait
rejaillir sur Olivier de Serres n'existent pas à nos yeux. En
* Recherches historiques sur ViUeneuve^de-Benj , p. il9.
^ Théâtre, édition de 1804, t. !•% p. LXXI.
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5î OLIVIER DE SERRES.
l'absence de preuves formelles, rimpossibilité morale sm-
laquelle nous fondons notre jujjement ne laisse aucune place
à Tincertitude dans notre esprit. Si nous nous trompons,
Dieu nous pardonnera. L'erreur est toujours regrettable sans
doute, mais combien plus lorsqu'elle condamne que lors-
qu'elle absout! »
lia brochure de M. Eugène Villard provoqua, delà part
d'un auteur anonyme, que M. l'abbé MoUier doit connaître
tout particulièrement, une critique inspirée par un sentiment
hostile à la mémoire d'Olivier de Serres. Sous la rubrique
FariétéSj les lecteurs de VEclio de l'Ardèche purent suivre
pendant quelques jours une polémique qui devenait pénible
pour le lecteur. Pas plus que M. l'abbé Mollier, le crilique
anonyme n'apporta aucune preuve positive pour détiaiire la
conclusion de son contradicteur. Nous avons toujours regretté
de n'avoir pas eu, à cette époque, — en 1872, — connaissance
des documents intéressants que nous avons pu compulser
depuis. Aujourd'hui, nous croyons être en mesure de pou-
voir défendre victorieusement la mémoire dOlivier de Serres
contre les terribles imputations de notre critique anonyme.
A propos des vases et ornements sacrés qui furent confiés
à Olivier, son accusateur le traite presque de voleur : écou-
lons-le plutôt :
M Mais le 15 juin 1562, Olivier ne voulut plus garder le
dépôt^ crainte d'être maltraité à son occasion. Il en Ht remise
tiux consuls par-devant notaire. L'avait-il ou non prévu? pour
les mêmes raisons, personne ne voulut s'en charger. Aloi^ on
le pria de vendre les vases sacrés à un orfèvre, et d'en con-
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OLIVIER DE SEHRES. 53
server le prix. Il le conserva si bien qu'il ne le remboursa
jamais. Après sa mort, il fallut intenter un procès à son petit-
fils' Constantin, pour l'amener à rembourser enfin l'argent
confié à son grand-père. Ce qui seul peut expliquer Tinfidé-
lité vraie ou apparente d'Olivier comme dépositaire, c'est que
Villenènve-de-Berg tomba au pouvoir des protestants dès le
mois de décembre 1562*. ^
Par Texamen du document qui figure sous le n*" 3 aux
Pièces justijicativesy le lecteur verra que les joyaux et orne-
ments qu'Olivier fut autorisé à vendre produisirent une
somme de 380 livres, qu'il reçut et dont il donna quittance A
l'orfèvre Jean Baratier. Bientôt après, Olivier de Serres pro-
duisit un compte à la communauté de Villeneuve, de sommes
« employées po' les ajfayres communs d*icelle, scauoir la
« some de cent vingt deux Hures treize solz deux deniers
tt d'une part, et vingt huict Hures treize solz d'autres, comme
u résulte du compte randu par iceluy du Pradel ausd,
u magistratz et Consulz et quittance à luy concédée de lad.
« somme par lesd. consuls presens^ lesd. magistratz et Con-
« seillers tant de lune que de l'autre Religion, en date du
u treiziesme juilhet aud. an, reçue par M* francois Sabatier
u not. par lequel acte est déclaré icelle somme estre allouée et
tt teneu en compte en déduction du prix des joyaux et argen-
u terie bailhé en garde à iceluy du Pradel ».
liC Mémoire sur son Voyage à Genève nous apprend
1 Constantin était rarrièie-petit-fils de ragronome. On le voit, le critique anonyme
n'est pas toujours bien exact.
2 Echo de rArdèche du 22 août 1872.
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54 OLIVIER DE SERRES.
qu'Olivier de Serres avait dépensé, en 1561 , pour la commu-
nauté, la somme de 277 livres 19 sols et un denier, qui lui fut
allouée « sur le prix et some prouenus des joyaux estimés en
ce lesglize dud. Fille vendus et Iceluy prix à luy baillié en
ic garde par messieurs les Magistratz de lad. ville en Conseil
u Génal d'icelle. Ce vingtiesme jour du moys daoust lan mil
« cinq cens soixante deux^. n
En lête du document n* 3, Pièces justificatives^ Olivier de
Serres a écrit de sa main : w Quittance ma esté donnée par
w les Consulz et prieur de ceste ville, Ensuitte de la deslibe-
« raon prinze (le 20 aoAt 1562) reçue par W Saboul greffier
« et la quittance a esté retire par M* Escharauil no"' de
u Fillen, n
Ainsi que nous venons de le prouver, Olivier de Serres
avait dépensé pour les affaires de la communauté de Ville-
neuve-de-Berg :
V 122» 13- 2^
2^ 28 13
3^ . 277 19 1
TOTAL 429' 5- 3'.
Le 19 juin 1562, Olivier reçut de Torfévre Baratier la
somme de 380 livres. La communauté restait donc lui devoir
49 livres 5 sols 3 deniers.
Osera-t-on dire maintenant que notre agronome « con-
* D*après ce ducutnent, le consistoire de Villeneuve s'était chaque de rembourser
à la communauté de cette ville la somme provenant de la vente des vases et orne-
ments sacrés*
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OLIVIER DE SERltES. 55
« serva si bien le prix des vases sacrés quUl ne te remboursa
« jamais »?
Ainsi se trouve détruite une des accusations du critique
anonyme.
a Donnez à Olivier, en 1573, dit le critique anonyme, les
qualités si admirables que vous faites remarquer en lui en
1600, et soyez sûr que la maison de ce patriarche vénérable^
de cette figure biblique, sera respectée par tous les partis
indistinctement, et que ce respect rejaillira sur ses enfants
jusqu*à la quatrième génération. Mais non, il est obligé de se
défendre, de se fortifier chez lui. Apres sa mori, son fils,
héritier des vertus d'un tel père, est contraint d'en faire
autant. Et un siècle plus tard son petit-fils est traduit devant
le bailliage pour avoir à rembourser la somme confiée à son
aïeul ' . »
Nous n'avons vu nulle part qu*Olivier de Serres ait élé
l'objet de persécutions particulières. Son fils Daniel, comme
tous les protestants, eut à subir les exactions des cathoHques.
Lors de la prise de Villeneuve-de-Berg, en 1621, sa maison
du Pradel fut saccagée. II fut obligé de se conformer à l'édit
royal du 19 octobre 1622, qui portait, entre autres injonc-
tions, celle-ci : « 5" Foulons aussi que toutes les fortifications
i« nouuelles des villes, chasteaux forts et forteresses tenues
» Echo de VArdèche du 24 août 1872.
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56 OLIVIER DE SERRES.
a par nosdicts sujets de la religion prétendue réformée
« soient entièrement desmolies et rasées. »
C'est probablement à cette époque que Daniel fut obligé
de placer une statue de la Vierge à l'angle extérieur de sa
maison, à Villeneuve, pour échapper aux persécutions de
l'intolérance religieuse. Cette madone de pierre est encore
debout, dans une nicbe aux ornements délicats et finement
ciselés.
Le 7 janvier 1623, Daniel de Serres fut remis en possession
de sa maison forte du Pradel par Chabreilles et Lacroix, com-
missaires exécuteurs de Tédit. Mais, huit jours après, sur
l'ordonnance du duc de Ventadour, il dut démolir les fortifi-
cations nouvelles de sa maison. Là encore il n'y eut rien de
particulier pour le fils d'Olivier. Nous possédons l'ordonnance
de Henry de Lévy de Ventadour, dans laquelle plus de deux
cents fortifications sont frappées de démolition, entre autres :
u les maisons suyuantes, assauoir les guérites de la maison du
tt pradely de la maison de la borye, la maison de fonlbonne,
« apartenant au sieur Roure aduocat; à Valz, les maisons de
t S" Jean Picault dict le capporal barbier, de François
« Malmazet et hoirs de lantouzet. Et maison de Justet. I^a
u crousetle près Meyras «
IjC 7 mai 1628, le Pradel fut |)illé et rasé par ordre du duc
de Ventadour, qui était venu l'assiéger avec 4,000 hommes;
mais en cela, celte maison forle subit le sort réservé à toutes
les maisons, à tous les châteaux, à toutes les villes défendues
parles huguenots contre les catholiques. Daniel de Serres et
François son fils ne subirent rien de plus, rien de moins que
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OLIVIER DE SERRES. 57
leurs coreligionnaires. Quelques jours après, le J 2 juin, le
château de Mirabel tombait sons le feu des canons de Mont-
morency, et le village était entièrement brûlé.
tt 11 faut se défier beaucoup, dit François de Neufchâteau,
de ces fraudes pieuses, par lesquelles chaque paiii s'efforce
d'altérer l'histoire, pour inculper ses ennemis. Les Jésuites
nommément en vouloient aux frères de Serres. Jean de Serres
avoit publié plusieurs livres contre cette Société; et la Com-
pagnie de Jésus n'avait pas emprunté de son divin moJèle le
pardon des injures'. » En effet, Jean de Serres publia succes-
sivement, de 1582 à 158G, les Quatre Antijésuites contre
les Jésuites de Touruon.
Le critique anonyme se plaît à paraphraser le récit
d' Agrippa d'Aubigné, qui n'a pas toujours été bien renseigné
sur ce qui se passa dans le Vivarais pendant les guerres reli-
gieuses du seizième siècle.
« Baron, dit-il, étant indécis et refusant obstinément de
marcher pour faire le siège (de Villeneuve-de-Berg), il ne
dépendait que de lui (Olivier) d'épargner les malheurs de sa
patrie. C'est lui qui, sans prendre les précautions nécessaires
et efficaces pour prévenir ou arrêter l'effusion du sang, con-
seille le siège, sans vouloir nccepter de retard, lui qui presse,
qui pousse, qui contraint Baron à marcher et à le suivre, en
usant envers lui de toute l'influence que lui donnent son nom,
1 Théâtre, édition de 1804, t. !<''', page Liiviii.
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58 OLIVIER DE SERRES.
sa fortune, son talent, de toute rautorité dont l'investit la
posirion qu*il occupe dans le consistoire '. »
L'historien protestant, d'Aubigné, invoqué par notre cri-
tique anonyme, ne connut pas ce qui se passa, en réalité, a
Tattaque de Villeneuve-de-Berg. Ces surprises étaient fré-
quentes à cette époque, et la plupart des villes étaient prises
à Taide d*intelli}>ences qu'on avait dans la place. Le chef qui
commandait dans quelque lieu du voisinage recevait les
ouvertures; juiis, s'il jugeait la chose praticable, il récompen-
sait ceux qui lui donnaient les moyens d'agir; fournissait les
fonds nécessaires à Tentreprise; s'entendait avec d'autres
capitaines, s'il jugeait ses forces insuffisantes, et leur promet-
tait, pour leur concours, une somme déterminée ou une por-
tion du butin que l'on ferait. C'est ce qui se passa pour la
surprise de Villençuve-de-Berg.
Noble liOys de Guy, dit capitaine Baron^ après avoir reçu
les propositions du serrurier^ s'aboucha avec le capitaine
Poucliot^ qui commandait à Saint-Étienne de Boulogne. Que
les négociations avec celui-ci aient été laborieuses, c'est
possible. Que le capitaine Baron, avant de tenter l'aventure,
ait voulu prendre toutes les précautions pour en assurer le
succès, on ne pourrait l'en blâmer; mais du moment qu'il
mettait pour enjeu, dans cette partie, non-seulement sa vie,
mais encore sa fortune, c'était bien le moins qu'on lui laissât
tenir les cartes et la liberté de choisir son heure.
Les tergiversations qu'on lui prête ne durent pas être bien
» Écho de VArdèche du 24 août 1872
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OLIVIER DE SERRES. 59
lon{;ues, puisque Villeneiive-cle-Berg fut prise six mois après
la Saint-Baribélemy. Quel prix mit le capitaine Pouchot à
son concours? Nous n'avons pu le découvrir, mais nous avons
des preuves certaines qu'il y eut entre eux convention
passée.
Dans l'assemblée générale tenue en 1573, le mercredi
20 mai, à Privas, dans la maison de noble Pierre des Combes,
par-devant « Messieurs leban de Mellrt, docteur en droit,
« conseiller du Roi notre sire, juge magistral de la cour et siège
u présidial de Nîmes.
« Messieurs de Saint-Agrève, du Poyet, Claude de Cham-
u baud, écuycr; Etienne Sanglier, docteur en droit de la ville
« d'Aiibenas; Claude Fournier, consul de Privas; Etienne
« Gobellin; Antoine La Pize, notaire royal du Cheylard, ét<mt
u nommés par les députés du pays de Vivarais, pour le con-
u seil politique dudit pays et avec eux. Messieurs François
M de Barjac, seigneur de Pierregourde ; Charles, seigneur de
tt Bocolle; Guillaume, seigneur de Chapdenac; François de
u la Rochette, écuyer; I-oys du Prat, seigneur des Ollières,
tt lehan de Vesc, écuyer, seigneur de Montjoux; Charles de
« Bénéfice, seigneur de Cheylus; Olivier de Serre, seigneur
u du Pradel; lehan du Ranc, écuyer; Guillaume Sabatier,
u capitaine commandant au fort de Salavas; Valons, pour
« l'église de la Bastide de Virac; Cellier le puîné, capitaine;
« lehan Lamber, capitaine commandant à Privas; Puynol
a Tavernol, consul de Privas, MM. Antoine de Mars, notaire
u royal envoyé d'Aubenas; lehan du Chambon, notaire royal,
« envoyé par l'église de Gourdon; MM. Guillaume Barrés,
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60 OLIVIER DE SERRES.
« notaire royal, envoyé du Pouzin; Gaspard FayoUe, envoyé
« de Desani; Pierre Blachon, notaire royal, envoyé de Cbcy-
« lard; Jacques de las Portes, écuyer, pour Mcyras; Barthé-
tt lemî Faure, dit Sale, pour la ville de Fay ; M. Loys Guinel
« pour 1rs églises de Fnin et du Gua, et autres principaux du
« Vivarais convoqués et assemblés pour délibérer et traiter
" des affaires dudit pays, par manière d'Assemblée générale,
« mandés audit pays, lant à la noblesse que tiers état; les
u susnommés comme envoyés susdits et principaux du pays
«< de la religion réformée ont été reçus et chargés pour opiner
u et délibérer dans cette assemblée; M. Rolland Chastagnier
M faisoit les fonctions de syndic du Vivarais, et du Serre,
« notaire d'Aubenas, celle de secrétaire de l'Assemblée.
« Il fut ordonné que la somme que le capitaine Baron doit
« au capitaine Pouchot^ sera arrêtée entre ses mains et les
« bardes et armes dudit Pouchot vendues à Tencan public
« par Messieurs du Conseil on officiers ordinaires de Saint-
u Etienne de Boulogne, par devant lesquels tout créditeur ou
« y prétendant droit se retireront pour ce ouïr et faire droit,
w et les deniers qui en proviendront distribués à qui appar-
ue tiendra, présent et appelé lout le syndic. »
Dans la séance tenue le lendemain, jeudi 21 mai 1573, pré-
sents les mêmes que dessus, sur une requête représentée par le
capitaine Bessonet, créancier de feu capitaine Pouchot, il fiit
statué :
u Vu la lef tre missive du feu capitaine Pouchot au capitaine
« Baron ci attachée et attestée par MM. du Poyetet Sanglier,
u étant en conseil, que devant eux, ces jours passés h Aubenas,
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OLIVIEK DE SERRES. 61
u sur le différend dudit capitaine Bessonet suppliant, avec le
u capitaine Ponchot, iceulx avaient accordé que par provision
u et en déduction des états et droits que ledit Besssonet prê-
te tendait lui être dus par ledit Pouchot, le capitaine Baron,
« {jouverneurde Villeneuve-de-Berc, lui délivrerait la somme
" de cent livres en déduction de ce qu'il a promis au-dit capi-
« taine Pouchot, pour ravoir assisté à la prise de Villeneuve-'
« de-Berc^ et qu'à cet effet ledit Pouchot lui dépécha ladite
" lettre; le surplus desdits états et différend l'ont remis à cette
« assemblée : Audit capitaine Bessonet pour ses dits états,
« droits et bons services qu'il a faits au pays, l'Assemblée lui
« a ordonné la somme de cent livres accordée avec ledit Poi:-
« chot et outre icelle somme de cent livres qui font deux cents
« àprendiesnr la même partie due par le capitaine Baron
« audit Pouchot*. »>
Le capitaine Baron était un des officiers les plus estimés du
parti protestant; ce fut lui qui, avec le capitaine de Fontréal,
s'empara de Lagorce : il ne put donc être accusé de lâcheté.
MM. Albert du Boys et l'abbé Mollier répètent, d'après
plusieurs historiens, que la rage des calvinistes fut si grande^
à la prise de Villeneuvc-de-Berg, qu'ils ne purent l'assouvir
que par le massacre de quarante-deux prêtres qui se trou-
vaient réunis en synode dans celte ville, et qu'après les avoir
massacrés on les jeta dans des puits.
* Cet intéressant Jucument a été publié par M. A. Costë, dans VArdèche repU'
ùlicaine du 3 mai 1885.
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6t OLIVIER DE SERRES.
M. l'abbé Mollîer ' cite Giraud-Soulavie, qui s'exprime
aiasi ^ : « Ces curés s'étaient cacliés clans Tégiise pendant la
nuit du siège; mais leur découverte ranima la fureur des reli*
gionnaires; les uns furent égorgés sur-le-cbamp , d'autres
furent horriblement mutilés de diverses manières : par déri-
sion, on en fit promener quelques-uns avec des ornements
sacerdotaux qu'on trouva dans l'église; et après avoir été le
jouet et l'objet des insultes des soldats, ces curés furent mas-
sacrés sans qu'aucun d'eux pût s'échapper. Ces scélérats pré-
cipitèrent ensuite dans des puits leurs cadavres. »
Où a-t-il puisé ces détails, Giraud-Soulavie? Agrippa
d'Aubigné, dont M. l'abbé Mollicr et le critique anonyme se
[ilaiseut à invoquer le témoignage, ne précise pas le nombre
des prêtres massacrés et ne parle pas des puits.
Est-il bien certain qu'il y avait un synode à Villeneuve? et
s'il y en a eu un, — ce dont nous doutons fort, — comment se
fait-il que Jean de l'Hôtel, alors évéque de Viviers, ne l'ail
pas présidé, dans les circonstances critiques où se trouvait
l'Eglise? Comment aurait-oa pu accomplir un pareil massacre,
si, comme l'affirme le même Giraud-Soulavie « il /i j avait
« pas plus de vingt prêtres, en 1573, dans le diocèse de
« VivierSy par suite de la cessation des ordinations depuis
tt plusieurs années ^ » ?
Une pareille exécution aurait eu parmi les auteurs de
l'époque un retentissement aussi grand que le massacre de
* Recherches historiques sur Vilieneuve-^e^Ber^, p. 1Î6.
* Histoire du diocèse de Viviers^ p. 2HI.
* Histoire du diocèse et des évéqucs de Viviers^ p. 476.
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OLIVIER DE SERRES. 63
Vassy. Puisque les auteurs n'en disent rien, il faut que ce
soilnne fable inventée plus tard, peul-étre par les Jésuites,
ennemis des frères de Serres^ ainsi que l'a dit François de
Neufcbâteau.
A l'apparition du Théâtre d* Agriculture^ Jacques de
Romieu, chanoine et mailrc de chœur de Viviers, composa
deux sonnets à la louange de Fauteur, son compatriote. Ces
deux pièces dithyrambiques, qui parurent dans la seconde
édition du Théâtre, u déposent en faveur d'Olivier, accusé de
participation aux (prétendus) massacres commis à Villeneuve-
de-Berg, le 2 mars 1573. L'auteur des sonnets manifeste de
son mieux l'estime, l'admiration et la respectueuse sympathie
que lui inspire son illustre compatriote : il le caresse, il le
choie, il l'appelle mon Pradel ; ce catholique, ce prêtre
semble ravi de toucher cette main hu{juenote ' » qui n'a
jamais trempé, quoi qu'on en ait dit depuis, dans le sang de
ses frères, par la raison que ces massacres n'ont jamais existé
que dans l'imagination de quelques écrivains qui les racontent,
probablement sans y croire, ou qui apportent au débat, ainsi
que l'a fait le critique anonyme de 1872, un esprit d'hostilité
à la mémoire du grand agronome.
" Olivier de Serres et son œuvre, p. 12.
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CHAPITRE V
MAIllAGE DK DANIEL DE SERRES. — VOYAGES d'oLIVIER.
SES OCCUPATIONS AU PRADEL.
De 1573 à 1595, on ne peut constater que deux faits de la
vie personnelle d'Olivier. Le 3 mai 1594, il marie Daniel de
Serres, sieur de Leyris, son fils aîné, avec Anne de Frise de
Mond visant. Le inariajje eut lieu par-devant M** C.artier et
des Arnaud, notaires à Montéliniar. Parmi les témoins figu-
rait messire Adrien de 3azamon, abbé d'Aiguebelle. Daniel
de Serres donna à sa future « six vingtz escusd'or sol valleur
de Tédict, pour jouyaulx numpciaulx ».
Plusieurs passages du Tliéâire d' Agriculture semblent indi-
quer qu'Olivier visita TAllemagne, Tltalie et TEspagne. 11 fit
aussi plusieurs voyages à Paris. Il est probable que c'est à
l'occasion d'un de ces voyages lointains que, le 25 août 1595,
notre agronome fit son premier testament, par -devant
M' Tailfaand notaire. On sait qu'avant l'invention des chemins
de fer, presque toutes les personnes qui entreprenaient un
voyage tant soit peu long ne manquaient pas de faire leur
testament avant de se mettre en route.
A part ces quelques voyages consacrés à Tétude de tout ce
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OLIVIER DE SERRES. 65
qui touchait à Fagriculture, Olivier vivait retiré dans sou
domaine du Pradel. Possesseur intellig[ent d*un patrimoine
considérable, il s'absorbait dans ses graves occupations
d'agriculteur et d'écrivain. II étudiait à fond tout ce qui avait
été écrit et tout ce qui se pratiquait sur l'agriculture. Vivant
avec Pline, Columelle, Virgile, Varron, Caton^ il en prenait
toutes les idées saiues et fécondes, en repoussait celles enta-
chées de préjugés ou de croyances superstitieuses.
Tout en se livrant à ces profondes études, Olivier faisait
d'amères réflexions sur son pays, dont le sol, foulé sans
cesse par des nuées guerroyantes, était presque partout en
friche; les bras mancjuaient pour relever ces ruines, menaces
de tous temps pour des populations qui ne s'occupaient de
prévenir les désastres de la famine qu'en se déchirant entre
elles.
Les hommes avaient cependant autre chose à faire qu'à
s'égorger. Leurs forces pouvaient être appliquées au profit de
ces existences, qu'elles s'étaient trop longtemps acharnées à
combatLi*e.
De même qu'un fleuve sortant parfois du Ut que le temps
lui a creusé pour inonder les campagnes riveraines, a besoin
d'être contenu, de même aussi la nature doit être endiguée
dans les règles que le ciel lui donna, et dont elle cherche par-
fois à sortir, comme le fleuve du sillon tracé.
Plein de ces idées philanthropiques, Olivier de Serres ras-
sembla les anciens guerriers et en fit une nouvelle phalange
de laboureurs. Il invita sans distinction le monarchiste et le
ligueur, le catholique et le huguenot à chercher, dans le spec-
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66 OLIVIER DE SERRES.
tacle de la nature et dans l'étude de ses secrets, Foubli des
maux que les uns et les autres avaient soufferts.
Ces hommes qui, pendant longtemps, avaient manié Tar-^
quebuse ou le fer des instruments qui sèment la destruction,
ne touchèrent plus que la bêche, la faux, la charrue, ces outils
qui font la prospérité.
lia seigneurie du Pradel était devenue une colonie agricole,
une académie d'expérimentation de tous les moyens les plus
propres à Tamélioration de la culture.
Jusqu'alors, la terre avait produit ainsi qu'elle Tavait voulu,
désormais elle avait des règles fixes connues. La main des
hommes aidait son œuvre ou comprimait ses caprices.
Olivier, par ses combinaisons, sa sagesse, son expérience,
était devenu le père de l'agronomie française; son domaine
du Pradel était l'école d'où l'agriculture sortait une industrie
professionnelle, et non plus un produit hasardeux qui naissait
au souffle du caprice des saisons. Il avait changé la disposition
de son domaine par un système d'irrigation qui lui suscita de
nombreuses critiques, mais qui fertilisa ses champs, u J'ai en
a mon particulier, dit-il, suivi l'invention de Grappone ', en
u la conduicte d'une petite eau perenne : laquelle passant à
u l'entour de ceste mienne maison, arrouse ma terre, et fina-
u lement se rend à mes moulins. Ayant Tentreprinse au côm-
« mencement esté jugée autant vaine, que l'effect Ta despuis
u approuvée utile et profitable. »
I Craponncf, gentilhomme provençal, Fit conduire à Salon un bras de la Durance,
pour arroser et ftTtiliser les plaines arides de ce pays.
Th. (TAg.
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OLIVIER DE SERRES. 67
Les découvertes d'Olivier de Serres sont tout un avenir
pour la France, nous en citerons quelques-unes :
Il invente les prairies artificielles ; il introduit le mûrier en
France et tire aussi « des entrailles de la terre le thrésor de
a soye qui y est caché, par ce moyen mettans en évidence
« des millions d'or y croupissans >', trésor qui vaut aujour-
d'hui à la France un produit de 500 millions par an.
Le soufrage de la vigne, regardé de nos jours comme une
découverte récente, est conseillé par Olivier, bien que sous
un emploi différent.
(( Pour chasser les connins dépérissans la vigne, brouttans
4c les premiers de ses rameaux : faut, dit-il^ les parfumer
a avec du souffre, Todeur duquel ne pouvans aucunement
« souffrir s*enfuientdès aussi tost qu'ils la sentent ^ »
Il dote la Provence du maïs, qu'il apprend à cultiver 'j il
devine l'avenir industriel de la betterave, « racine rcngée
« entre les viandes délicate.^, dont le jus qu'elle rend en cui-
tt sant, semblable à syrop au succre, est très beau à voir pour
« sa vermeille couleur ^ » .
11 pressent, on peut l'augurer fortement de ses livres, la
pomme de terre j Haller fait remarquer qu'Olivier est le pre-
mier agronome qui nous ait donné l'histoire de ce tubercule,
alors assez récemment apporté d'Amérique. Il importe le hou-
blon, dont la culture n'avait guère commencé en Angleterre
que vers 1520, et dont les propriétés n'étaient connues que
* jT/i. d'À(/. Lien troisième, cb. v.
2 T'A, d*Àg, Lieu second, ch. iv,
'^ Th» d*Ag, Lieu sixième, ch. vu.
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68 OLIVIER DE SERHES.
d'un pedt nombre de personnes. Le houblon, dit-il, « outre le
« plaisir de la rameure pour ombrage, tire en ce profit que
u d'en manger, en la primevère, les tendres cimes des jettons
u en divers appareils. Sa fleur et sa semence sont aussi utiles
« à la bière '. »
Olivier dotait ainsi son pays, du nord au midi, de cultures
nouvelles qu'il pouvait appliquer.
Après avoir passé trente années de sa vie à labourer, semer,
planter, il reproduisit sur le papier, après l'avoir édifié sur le
terrain, ce fameux Théâtre (CÀgriculiure^ qui vient jeter
dans l'oubli les Maisons rustiques^ les seuls manuels des
laboureurs qui existassent jusqu'alors, livres pleins de faux
préceptes, de raisons superstitieuses, et plutôt faits pour égarer
que pour guider les artisans qui travaillent le sol.
' Th, (TÀ^, Lieu sixième, c1i. z.
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CHAPITRE VI
MORT DE JEAN DE SERRES, HISTORIOGRAPHE DE FRANCE
Au moment où Olivier de Serres allait livrer à Timpression
son Théâtre cC Agriculture et mesnaye des champs^ un grand
malheur vint le frapper; son frère Jean^ historiographe de
France, qu'il affectionnait beaucoup, mourut le 19 mai 1598,
et sa belle-sœur, le même jour, quelques heures après son
mari.
Olivier et son neveu, Jacques de Valleton, furent nommés
tuteurs des enfants de Jean de Serres. I/historiographe lais-
sait une situation très-embrouillée. Il fallut toute Tinfluence
et tout le dévouement de son frère, pour que ses pauvres
orphelins fussent tirés d*un état voisin de la misère. Donnons
ici quelques détails rétrospectifs sur les dernières années de
Jean de Serres.
Au mois de juillet 1592, au moment où il négociait « cer-
taines choses entre les églises du Dauphiné et celles de Pro-
vence et de Languedoc >• , il fut arrêté près de Nyons ' et fait
prisonnier par de Saint-Roman, chef des ligueurs. Une pro-
curation officielle qu'il avait sur lui servit de prétexte à son
' Revue historique, Cb. Dardier, Jean de Serres.
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70 OLIVIER DE SERRES.
arrestation. Il ne sortit de prison que vers la fin de Tannée
1573, après avoir payé huit mille écus pour sa rançon.
Pendant sa détention^ un ligueur, nommé Barillon, qui
Tarréta, lui vola dix mille écus, dont il sollicita la restitution.
Tiorsque la paix fut signée, Jean de Serres fit déclarer, par
arrêt du Conseil du Roi, que son arrestation, qui avait eu lieu
pendant la trêve accordée entre la principauté d'Orange,
comtat Venaissin et Provence, était « mauvaise »>, et le sieur
de Saint-Roman fut condamné à lui rendre la somme de
8,000 écus qu'il avait exigée pour sa rançon. Par Tintermé-
diaire de M. de Mayenne, de Saint-Roman obtint que le Roi
payerait lui-même les 8,000 écus à Jean de Serres, à l'acquit
de Saint-Roman.
Nous avons découvert à ce sujet quelques documents inté-
ressants, entre autres une ordonnance de Henri IV, du 4 juin
1597, dont voici un extrait :
«Henry, par la grâce de Dieu, Roy de France et de
« Navarre, A nostre amé et féal conseiller en nostre Conseil
« d'estat et trésorier de N" Espargne M'* Baltbasar Gobelin,
(( salut. Nous voulons et nous mandons que des deniers tant
« ordinaires quextraordinaires de vostre charge de la pnte
« année vous païez, baillez et délivriez comptant ou assigniez
« par vos rescripts à N'* cher et bien amé Jan de Serres, bis-
« toriographe de France et professeur de langues et sciences
« et histoire, la somme de quinze mil quatre cens trente
« six escus, laquelle de l'avis de N'* Conseil lui avons ordonné
« et ordonnons par ces présentes pour son paiement et rem-
« boursement de pareille somme à lui deue. Assavoir la
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OLIVIER DE SERRÉS. 71
M somme de 6986 escus pour argent fourni ponr nos affaires,
i( par attestation et ordonnance de N'' très cher cousin le duc
a de Montmorency, pair et connestable de France. Ensemble
« la somme de 8450 escus à luy par nous accordée pour le
« remboursement de sa rançon, ayant esté faîct prisonnier en
« voyageant pour nostre service suivant l'ordonnance de
« nostre conseil ' » .
Jean de Serres mourut sans avoir rien pu « toucher aucune
chose, quelque diligence qu'il ail faite, ainsi qu'il appert par
ses sommations et actes » .
Son frère Olivier fit trois voyages à Paris, où il resta près
de quatre années, pour la défense des intérêts de ses pupilles.
Son compte de tutelle contient des détails excessivement
intéressants sur ces voyages *.
Nous allons en donner quelques extraits :
« Compte que rend(\e 9 juin 1611) Olivier de Serres, sieur
u du Pradely comme contu leur des enfans de feu M. Jean de
« Serres, son frère, vivant ministre de la parolle de Dieu et
« historiographe de France, de l'administration daucunes
« personnes desd. enfans et partie de leurs biens, despuis le
« décès dud. de Serres, advenu à Orange, lieu de son ordinaire
M habitation, le dixneufviesme may mil cinq cens quatre
u vingt! dix huict, jusques à présent, comme cy après sera
« particullierement represanté, »
• Archives du Pradel,
^Id.
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72 OLIVIER DE SERRES.
u Suivant la resolution priuse du voyage du comptable
« (Olivier de Serres) à la Cour, pour les affaires desd. euFans,
a comme cy devant est represanté, Icclluy comptable seroit
« desparty de sa maison du Pradel, le 16 novembre 1598,
« faisant pourter le tableau de marbre blanc que led. feu s*"
« de Serres avoit promis donner au feu Roy et la balle de
« sauteur et parfums par luy préparcs pour en fère des
u pnts à la Cour à plusieurs favorizans ses affaires. Ainsin
« qu'il a apparu aud. s' Magistract par le dire des parens et
w amis du défunt, telle avoir esté Tintention d'icelluy, et en
« suitte ordonné que les choses susd. seroient pourtées à la
tf Cour, et de là distribuées par le comptable, pour le port
V desquelles, auroit prins un cheval poil gris, appartenant au
« deffunt, conduict par Pierre Guigon, le comptable monté
" d'un muliet d*amble, servi et accompaigné d'André Gamier
u et de Jacques Tichet, cestuy-cy, pour le renvoyer de la
u Cour au sieur de Valleton, contuteur. »
u Arrivé à Paris, eust advis que le feu Roy estoit à Saint-
u Germain en laye, où il auroict deslibéré d'aller treuver sa
u magesté, pour luy presanter le tableau susmentionné et
« commencer la poursuytte des affaires de ses pupilles, ce
« quil eust faict, sans qu'on l'asseura que sa mageslé seraict
u à Paris dans peu de jours, comme il advint le sixiesme
u d'après, des aussi tost le s' de Langle, garde du cabinet
ic du Roy, fict entendre à sa magesté que le tableau de feu s'
« de Serres estoict arrivé en lad. ville, l'ayant faict conduire
a le sieur du Pradel. En suytte, sa magesté depescha led.
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OLIVIER DE SERRES. 73
u sieur de Langle aiul. s' du Pradel comptable, pour luy
« faire pourter led. tableau. Ce commandement entendu, le
« comptable seroict allé treiiver sa magesié, et après luy
tt avoir faict la révérance, luy présanta led. tableau quelle
« receut favorablement, tant ponr le lieu d'où il venoict, que
« pour le mérite de la pierre, de laquelle sa magesié fist
« grand ca», et après l'avoir contemplé longuement, com-
« manda aud. sieur de Langle de le faire pourter en son
" cabinet du TiOuvre, et posé en lien le plus éminant d'icclluy.
« Appert de la deslivrance dud. tableau par attestatoire dud,
« sieur de T^angle du 30 aoust 1600. »
« En présantant led. tableau à sa magesté, la supplia très
« humblement, avoir souvenance des enfans de son fidelle
u serviteur deffunt reduyt en extrême ruine sy par ses bien
« faits ils n*en estoient garantis, estant chargés de grands
u debtes, pour les deniers que leur père avoict empruntés
« pour se rachepter de prison, dont les créanciers avoient
« faict saisir tout leur bien et icelluy de ses pleiges et cau-
tt tions, spéciallement ceux du comptable, principalle eau-
c< tion du deffunt. »
u De là en advant, le comptable n'a cessé de poursyvre
« lesd. affaires de toute son affection, employant la faveur
« de tous les seigneurs et dames et amis, dont il se pouvoict
a advizer, leur distribuant les santeui^s, confections et aultrcs
« gentillesses à cela préparées et destinées par le deffunt,
« comme a esté veu. »
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74 OLIVIER DE SERBES.
« Le comptable auroict donné au sieur de Gandolle, pour
u les peynes qu'il avoîct prinses à ce dessus, deux exemplaires
M de son livre du Théâtre d' Agriculture, In folio de la prc-
« mière impression, en blanc, sans estre reliés montans neuf
« livres pièce.
« Envoyé au seigneur du Plessis, qu'il a demandé pour ses
« espices, un des livres du Théâtre d' agriculture, bien relié
« et doré, estant de la première Impression In folio, montant
« quatre écus. »
« Le comptable deslibéra d'aller suy vre le Roy vers Lion, et
« à telle fin partit de Paris le jeudy matin dernier aoust 1600,
u prenant le chemin de la Bourgongne par le coche. Ayant
u à telle poursuitte séjourné à Paris, à Fontainebleau et à
« S* Germain, despuis le 20 novembre 1598, jusques au jour
« dernier d* Aoust IGOOque sont, un an, neuf mois, dix jours,
« durant lequel séjour auroict despendu, s'estant retiré en
« chambre garnie à Paris, au quay de la mégisserie à limage
« S' Claude, pour estre près du Louvre et de mon seigneur le
« chancellier, où le pourtoict les affaires qu'il avoit en main,
u de laquelle chambre il payoit tous les mois cinq escus et
u deniy, avec le service, et faisant achepter ses vivres par
u son homme despandoict chascun jour, Tun pourtant l'autre
u comprins sond. homme, quarante solz pour le moins, y
u comprenant lad. chambre et le blanchiment de son linge. »
« Le retour du comptable a esté par le coche de Kour-
« gongne jusques à Chalon, de là à Lion par la Saône, et de
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OLIVIER DE SERRES. 75
« fiion a sa maison, par le rosne. Auquel voyage comprins
« son séjour à lAon de sept jours, attendant le Roy qui estoit
« en Savoye y faisant la guerre, a despandu la somme de
u soixante dix sept livres. »
u Pour les gages <rAndré Garnier son serviteur qui Ta
« servy durant le sudsd. temps, met, le comptable à dix ecus
• par an, comprins ses babitz, la somme de cinquante six
u livres cinq solz. »
Bientôt après sa rentrée au Pradel, Olivier de Serres rece-
vait, des mains de M. de Bordeaux, baron de Colonces, une
lettre autographe que le roi Henri IV, voyageant en Savoie,
lui expédiait de Grenoble, au sujet d'une mission dont nous
aurons à parler.
^ u Estant à Pans,le comptable receut de Monsieur de Laforce
« Gouverneur pour le !!oi en Béarn, quatre escus, pour d'icelle
tt somme recouvrer un homme entendu à la nourriture des
« magniaux et tirage de la soye, qu'à telle fia désiroict Tavoir
u à sa maison en Perigord. Ce qu'il fict par le moyen du s' de
« Valleton quy luy adressa Jean Granger, auquel il ballia
u pareille somme de quatre escus pour ses despens d*Orange
« où il le print jusques en PerigorJ. »
u Estant lors de nouveau imprimé en grand voulume le
« livre du Théâtre d'Agriculture du comptable et ja en
tt quelque réputation, Ainsin que communément choses non-
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76 OLIVIER DE SERRES.
« velles, anroict icelluy comptable estimé estre à propos,
M pour le bien des aTnires des enfans du defîunt, et suivant
« Tadvis quil en prins à Paris d'en faire des presans à cer-
« taines personnes notables du Conseil et domestiques de la
M maison du Roy et autres ayans authorité pour favorîzer ses
M poursuyttes, à l'exemple mesme du deffunt quy n'espar-
« gnoîct tels moyens pour facilliter et advancer ses affaires,
« luy ayant ses livres, donné entrée et cognoissance au feu
u Roy, à Monsei{jneur le Connclablc et à Monseigneur le
« Chancellier, qui ne sont icy mis en compte, anroict donné
« un desd. livres bien relié et doré à chascuu des seigneurs
« cy après nommés à Paris et à Lion, où il les a peu ren-
tt contrer. »
« Tous lesquelz livres donnés sont en nombre de vingt
« neuf montans à douze livres pièce, bien reliés et dorés,
« comme dict est, les aulcuns en veau rouge autres en vert
tt ou maroquin d'espaigne, la somme de trois cens quarante
u buict livres. »
Malgré toutes ses démarches, Olivier, n'ayant rien pu
obtenir, prît la détermination de quitter Paris. Il descendit
à Orange et engagea vivement son cousin de Valleton à
s'occuper lui-même des affaires de leurs pupilles.
Les parents et amis furent d'avis de prier « led. s' du
« Pradel, comptable retourner en la Cour continuer les pour-
« suyttes qu'il y avoict commencées sur telz affaires, Appert
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OLIVIEH DE SERRES. 77
u verbal du 28 mars 1603. A quoy le comptable s'accorda
u pour ramitié qu'il porte à ses nepveux, nonobstant les
« incommodités qu'il souffre en telz voyages, longue et diffi-
« cile poursuytte. Tant en sa personne à cause de son âge,
u que ses affaires domestiques qu'il est contraint d'aban-
« donner. »
tt Le comptable desparti de sa maison du Pradel le
« 5 may 1603 avec deux cbevaulx, lung pour soy, l'autre
^ qu'il prins de louage à Villen de berc pour pourter sa malle,
- papiers et bardes, accompaigné d'André Garnier et de
« Jacques Tichet, cesluy cy pour renvoyer les cbevaulx de
u Rouanne, où le comptable se mit sur la rivière de Loire
u pour la continuation de sou voyage. Estant à Orléans,
« prins le coche jusques à Paris où il arriva le 19 dud. moys
M (Olivier avait mis 14 jours pour faire ce voyage) et se logea
u le mesmc jour à la fontaine rue de Butisy, au devant de
u Ibostel de Monseigneur le chancellier. Despuis le despart
« de sa maison jusques à son arrivée à Paris, a despandu la
« somme de soixante treize livres treize solz... ^^
Pour la troisième fois Olivier fait le voyage de Paris (le
23 novembre 1604) « soubz la garde de Dieu^» .
tt Réitère par plusieurs fois ses requestes au feu Roy et par
«c estript en son Conseil, mais le tout en vain, sans aucun
« advancement. Si que le comptable ne sachant plus que
« fere, par voir ses longues peynes et grandes despenses
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78 OLIVIER DE SERRES.
« perdues. Quand par bénéfice du Ciel, vist un jour le feu
« Roy se proumener dans une allée de ses jardins des Thuil-
« leries, ayant à ses costés feu monseigneur le cbansellier de
« Belièvre et monseigneur de Silery, à présent cbansellier de
« France, se jetta à genoux aux pieds de sa magesté, comme
u pour donner effort, Ijaquelle après luy avoir commandé
u par deux fois de se lever, disant n'avoir accoustumé de
» parler ainsi à luy, luy demanda questoict ce qu'il vouloicf
a dire, lequel respondant, suppUa très bumblement sa magesté
a estre son bon plaisir d'auoir pitié de luy son très bumble
« serviteur, pour le garder de totalle ruyne, où les affaires
u de son feu frère Tavoict réduict, donc à son très grand
« regret il avoict souvent importuné sa magesté, sans luy
u faire aucune mention des enfans du deffunt. Alors le Roy
u commanda aux seigneurs susnommés de pourvoir à tel
u affaire sans qu'il n'en ouyt plus parler. Ce que Dieu bénit
« tellement que buict jours après, le comptable fut employé
t< en Testât des finances pour la somme de quatre mil livres
« payables par cartiers. »...
Olivier note qu'il ne u voullust demander au feu Roy
« aucune cbose pour son Théâtre d'Agriculture qu il avoict
tt dédié à sa magesté; encore qu'il seust que sa magesté eust
« très-agréable tel livre, comme ay^nant affectionnément
« l'agriculture et que sellon l'avis de plusieurs ses bons sei-
cc gneurs et amis notables personnages ne luy eust refusé pour
M le moins une bouneste pension. Gomme en ce temps-là, il
u en donna une de douze cens livres, au s' de Gastel- franc,
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OLIVIEU DE SERUES. 79
« ministre en Albigeois, près de Castres, pour un sien livre
« de navigation qu'il avoict faict de nouveau imprimer, crai-
« gnant le comptable que ce que le feu Roy luy voullut
u donner pour sond. livre, tint lieu du payement des sommes
« que sa magesté devoicl à ses nepveux et nie|>ces, dont il
« sastint de telle demande, | refferant le bien de sesd nepveux
« et niepces à sa propre utillité. »
« Aussy est à considérer pour le bien de ses nepveux et
" niepces que le comptable fict imprimer sond. livre à Paris,
M bien qu'il Teust peu fère à Lyon à sa plus grande commo-
u dite, par ne s'ellogner beaucoup de sa maison, abandon-
if nant pour sy longtemps ses propres affaires, mesmes la
« poursuytte de son procès du Bourg, qu'à telle cause luy est
« encores sur les bras, qu'aussy par estre limpression du livre
u à meilleur marché de plus d'un tiers à liyon qu'à Paris,
u pour le papier et pour l'impression, ainsin que gens
« entendus en telle négoce certifBeront. «
Olivier de Serres partit de Paiis pour rentrer au Pradel le
19 mars 1605 n sans attendre l'ordonnance de Monseigneur
« le duc de Suly, sellon l'ordre des finances, pour sur icellc
« avoir le mandement dud. trésorier de l'espargne, laissant
u charge à M* Gcdéon de Serres du Pradel son filz, advocat
i« au Conseil privé du Roy de retirer led. mandement et le luy
u envoyer à Lion, où il sadressoict à M* Pierre Chaumel
»« lecepveur général pour le Hoy en lad. ville. »
Olivier se félicite d'avoir pu mener à bonne fin les affaires
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80 OLIVIER DE SERRES.
de ses pupilles : « Beneffice venu du Ciel, aceonipli aveeque la
« rediction du compte faicfe par le comptable devant le sei-
u {jneur du Plessis, du maniment de vingt mille escus, faict
u par le deffunt s' de Serres et feu M* Théophile Sarrasin
« auquel maniment led. feu s^ de Serres se treuvoict à la fin
« de ses jours chargé de dix-mil-six-cens escus, de laquelle
a somme le comptable, par la rediction dud. compte, a faict
« relaxer les enfans dud. deffunt, comme appert par la
« closture dicelluy cy devant représanté. »>
Grâce à son influence et à son dévouement, après bien des
voyages pénibles, très-pénibles, Olivier de Serres eut le
bonheur d'obtenir pour les enfants de son frère, ses pupilles,
le remboursement de sommes importantes dues à leur père.
Le compte d'Olivier se termine par quelques articles assez
intéressants, tels que celui-ci :
u Le comptable a nourri et enti*etenu dans sa maison du
« Pradel, et faict instruire aux lettres aveeque ses enfans par
« M* Lizay, à présent ministre de la parolle de Uieu, Jean de
« Serres, son neveu, filz du deffunt S' de Serres, despuis le
« 3 apvril 1598 que le deffunt luy envoya à telle fin, comme
« appert par sa lettre, et ce jusques au 25 janvier 1605 qu'il
« le renvoya à Orange, pour continuer ses estudes au collège
w de lad. ville, que sont six ans, neuf mois, vingt-deux jours
u de séjour aud. lieu du Pradel, montans la despense dud.
u temps à huict livres le mois, cinq cens quatre- vingtz douze
a livres. »
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OLIVIER DE SERRES. 81
u Pour le pourter du Pradel à Orange ses babitz et livres,
u luy a baillié une beste avec un homme qui raccompaigna,
« auquel voyage a despendu, tant allant que Tbomme et la
« beste en retournant, sans y comprendre le louage de
u rbomme et de la beste, quarante solz. »
Pendant qu'Olivier s'occupait avec tant de zèle des intérêts
de ses pupilles, il ne négligeait par ses affaires personnelles.
Deux faits impoitants se passèrent la même année dans sa
famille. Le 25 février 1604, il maria sa fille. Bonne des Serres,
avec Daniel Sabatier, clavaire du Roi, à Villeneuve-de-Berg ".
Le mariage fut passé au Pradel, par M* Mosnier, notaire de
Villeneuve. On donna pour dot à la future, 2,400 livres (du
chef de Marguerite d' Arçons, sa mère) et un domaine appelé
le Cauxà Villeneuve-de-Berg (du chef de son père). Sabatier
donna à sa future 200 livres pour joyaux *.
Bientôt après, le 1 1 avril, eut lieu le mariage du fils cadet
d'Olivier, « Gédéon des Serres du Pradel, escuyer, S' de Sainl-
« Montan, avocat au Conseil privé du Roi » , avec Abigaïl Bau-
douin. Le mariage fut passé à Paris, par-devant M"* Etienne
Tolleron et Jean François, no"'. M. de Montargis et sa sœur,
oncle et tante de la future, lui constituèrent une dot de
6,600 livres, et Olivier promit de donner à son fils, en avance-
ment d'hoirie, la somme de 3,000 livres^.
I De ce mariage naquit Isabeau Sabatier, qui épousa Jean de Justet, seigneur de
Sardige de Vais.
* Archives du Pradel,
* Id, Voir, au sujet de ces 3,000 livres, la pièce justificative n® 7.
6
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CHAPITRE Vil
APPARITION DU THÉÂTRE d'aGRICULTURE
Depuis plus de trente ans Olivier préparait son Théâtre
cV Agriculture^ mais il en différa la publication jusqu'à ce que
la tranquillité fût rétablie en France, et comme il le disait au
roi Henri IV, dans sa dédicace : « Plustost n'eust esté conve-
« uable, car à quel propos vouloir enseigner à cultiver la Terre
« en temps si désordonné lorsque ses fruicts estoient en
u charge, mcsmes à ceux qui les recueilloient pour crainte
« d'en fomenter leur ruine, servans de nourriture à leurs
« ennemis? » Cependant, pour répondre à Timpatience de
Henri IV, Olivier détacha de son grand ouvrage, qu'on allait
imprimer, un chapitre qu'il publia séparément, sous ce titre :
La Cveillette de la soye par la nourriture des vers qui ta
font. — Echantillon du Théâtre d'Agriculture ^'Olivier de
Serres, seigneur du PradeL A Paris^ chez Iamet Mettayer,
Imprimeur ordinaire du Roy, M. D. XCIX. Auec Priuilegede
Sa Majesté.
Petit in-8" de 6 feuillets non chiffrés et 117 pages de texte.
L'épître dédicatoire était adressée à « Nobles et vertueux
« Messieurs les Prévost des Marchans, Eschevins, Conseillers»
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FRONTISPICE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION DU THÉÂTRE D'AGRICULTURE
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OLIVIER DE SERRES. 83
u et autres Qfficiers de THostel de ville de Paris, capitale de
« ce florissant Roiaume » .
Olivier annonce « qu'aiant ces jours passez mis sous la
« presse une Générale agriculture^ il a estimé estre à propos
" d'en extraire cette partie qui traitte de la nourriture des
« vers à soye
« Jusques ici Ton a jugé vostre pays, comme par conlu-
« mace insuffisant à produire la soye, sans vouloir entendre
« les causes de ce défaut , .
« Tout ce qu'on peut dire est que la cueillette de la soye
u sera tardive à cause de la disposition de vostre Ciel qui est
« un peu plus froid que celuy du Languedoc. Voilà tout Tin-
»« térest. Caton, oracle de son temps, disoit estre vergogne au
« mesnager d'acheter ce que sa terre pouvoit produire
« peu de lieux exceptez, par tout ce grand Roiaume la soye
« peut croistre. »
Olivier de Serres était à la Cour de Henri IV lorsqu'il
écrivit ce Mémoire, il le dit par ces mots : « J'estimeray ce
u temps bien emploie : et le voyage que je suis venu faire à la
tt Cour. » Ce mémoire, remarquable par l'exactitude histo-
rique et par les observations qu'il contient, où l'auteur pro-
phétise, en même temps qu'il enseigne, dit M. Eugène
Villard, suffirait pour immortaliser son nom. Notre agronome
s'y pose, non point en créateur d'une industrie introduite en
France deux siècles auparavant, et qui était dès lors en hon->
neur dans la Provence et le comtat d'Avignon. Son but —
et c'est en ceci qu'il semble lire dans l'avenir — son but est
de la propager et de la vulgariser, de telle sorte que la France^
6.
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8f OLIVIER DE SERRES.
jusque-là tributaire de l'étranger pour la consommation de la
soie, déverse elle-même, Lors de ses frontières, un large excé-
dant de production. Le résultat n'a point trompé son attente,
et si cette magnifique branche de notre industrie nationale a
atteint par la suite un développement inespéré, c'est à Olivier
de Serres, le premier, qu'en revient l'honneur.
Au recto du dernier feuillet de cet opuscule, on lit : Achevé
d'imprimer le dix-huictiesmejour de Feurier M. C. XCIX.
On a vu qu*01ivier, lors de son premier voyage à la Cour,
pour les affaires de ses neveux, partit du Pradel le 16 novem-
bre 1598; ce fut donc en arrivant à Paris, quatorze jours
après, qu'il remit son manuscrit à l'imprimeur Jamet Met-
tayer. A la fin de février 1599, la Cueillette de la Soye était
livrée au public, pendant que les presses fonctionnaient pour
le grand ouvrage. En effet, « le premier lour de Juillet M. D. C n ,
Mettayer achevait d'imprimer Le Théâtre d'Agriculture et
Mesnagë des Champs, in-folio, de 1024 pages. Son succès fut
immense et ne se ralentit point; les éditions, les traductions
se succédèrent. De 1608 à 1617 on le réimprima huit fois, et
le nom d'Olivier de Serres acquit en Europe une rapide et
éclatante célébrité.
Scaliger rapporte que le roi Henri IV, à qui le Théâtre est
dédié, « se le faisait apporter après dîner et le lisait pendant
une demi-heure » .
Dans les premiers jours d'octobre 1600, un gentilhomme,
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OLIVIER DK SERRES. 85
accompagné d'une suite respectable, vint rendre visite à Oli-
vier de Serres et lui donner une lettre ainsi conçue :
a Monsieur du Pradei,
« Fous entendrez par le sieur de Bordeaux, par les mains
M duquel vous recevrez la présente, l'occasion de son voyage
M dans vos quartiers et ce que je désire de vous, je vous prie
« donc de l'assister en la charge que je lui ai donnée et vous
fc me ferez un service tres-agréable.
« Sur ce. Dieu vous ait. Monsieur du Pradei, en sa garde.
« Henry.
« Ce 27 septembre 1600, à Grenoble. »»
Cette lettre de Henri le Béarnais, du roi de France, retenu
en ce moment à Grenoble par sa guerre avec la Savoie, était
apportée par M. de Bordeaux, baron de Colonces, surinten-
dant général des Jardins de France.
Un grand fonctionnaire se déplaçait pour venir, auprès d'un
simple innovateur agricole, chercher des renseignements.
Il était chargé de demander à Olivier de Serres l'envoi à
Paris de plants de mûriers; Olivier apporta a telle diligence
^ au recouvrement des dicts plants que, au commencement
tt de l'an mil six cens un, il en fut conduict à Paris jusques au
t( nombre de quinze à vingt mil. Lesquels furent plantés en
« divers lieux des Tuilleries, où ils se sont heureusement
« eslevés '. »
TiC Roi fit construire, à l'extrémité du jardin des Tuileries,
' Théâtre (V agriculture, lieu cinquième, ch. xv.
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86 OLIVIER DE SERRES.
une grande maison pour servir à Téducation des vers à soie.
L'année d'après, d'autres mûriers furent plantés dans les
généralités de Paris, Orléans, Tours et Lyon; Olivier, appelé
à la Cour, Fut chargé de la direction des soins que réclamait
cette industrie naissante.
En 1603, deux ans après la plantation du mûrier aux Tui-
leries, Olivier publia une brochure ayant pour titre :
La seconde richesse dv mevrier-blanc. Qui se treuveen son
Escorce, pour en faire des Toiles de toute sorte, non moins
utiles que la soie, provenant de la feuille d^iceluy. Eschan-
tillon de la seconde édition du Théâtre d'Agriculture c/'Ou-
viER DE Serres, seigneur du PradeL A Messire Pompone de
Belièvre, chancellier de France, — Paris, chez Abraham
Savgrain, rue S. lacques. Aux deux vipères. — M.DC.IIL
Avec privilège du Roy.
Petit in-8" de 27 pages.
Cette brochure, qui forme le chapitre XVI du cinquième
Lieu du Théâtre d'Agriculture de l'édition de 1603, est
dédiée à M. de Belièvre, chancelier de France. L'épître
dédicatoire constate qu'Olivier de Serres fut encore appelé
devant le Roi, au sujet des mûriers blancs, qui avaient excité
la critique de plusieurs personnages importants, entre autres
de Sully, et que le chancelier prit la défense d'Olivier et de
son système agricole. « Dieu m'aiant fait la grâce, dit-il,
« d'avoir treuvé un second trésor, en la plante du Meurier
« blanc : j'ai jugé qu'il vous appartenoit de me commander,
« que sans l'assurance de vostre nom et de vostre faveur,
u j'eusse à le mettre en lumière : ce que je fai et vous supplie
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OLIVIER DE SERRES. 87
« très humblement^ Monseigneur, avoir pour agréable ceste
« mienne délibération, voiant de bon œil, ce livret que je vous
« présente, de Tutilité qui se tire de Tescorce de cet arbre,
« qui est la matière du linge, beaucoup meilleure que ni le
« lin ni le chanvre. »
Lorsqu'on lit attentivement le Théâtre d*Agriculture, on
peut se convaincre facilement du zèle qu'avait dû apporter
Olivier de Serres à Texamen de tout ce qui se rattache à
Tagriculture, à ce qu'elle pouvait être chez les anciens; on
voit qu'il avait lu, approfondi et médité Caton, Columelle,
Varron, Virgile et Pline. C'est qu*on retrouve en effet dans
ces différents auteurs de très-bons préceptes, l'indication de
certaines pratiques tombées depuis lors en désuétude.
Les conseils aux pères de famille, cultivateurs, pour leur
faire comprendre qu'il leur faut aimer leurs champs, s'y plaire
et savourer le prix de son travail, sont d'une élévation et
d'une pensée admirable.
« C'est donc mon but, de persuader au bon père-de-famille
« de se plaire en sa terre, se contenter de ses naturelles
M facultés, et n'en abhorrer et rejetter les incommodités, avec
u tant de mespris et desdain, qu'il laisse à leur occasion, de
a s'efforcer à la rendre avec le temps, par son industrie et
« continuelle diligence, ou plus fructueuse ou moins incom-
« mode. Car à quel propos se fascheroit-il du lieu auquel il
^ doit passer sa vie? Peut-il convertir les montaignes en
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88 OLIVIER DE SERRES.
« plaines, et les plaines en montaignes? Qu'il se console,
« doncques, en la providence de Dieu, qui a distribué à
a chacun ce qu'il cognoist lui estre nécessaire ; mesme pour
« ce regard imposé à Thomme, à cause de son pesché, cette
u juste peine, de cultiver la terre en la sueur de son visage,
u lui faisant néantmoins, par sa bénédiction et suivant ses
a promesses, savourer le fruict de son travail, en la jouissance
« des biens terrestres. Et qui doit imaginer aux mesnages,
a quelque Paradis sans peine et incommodité, puisque les
a grands Estats du monde sont enveloppés de tant d'espi-
tt neuses difficultés? Parla, nous, pauvres mortels, appren-
M drons qu'il n'y a rien de parfaict, rien d'asseuré en ceste
a vie mortelle, pour tendre à l'immortelle. Donques nostre
tt mesnager se souviendra qu'il est en terre, et se résolvant de
« cultiver la terre pour y vivre avec les siens, prendra ceste
« belle science pour addresse de son travail.
« Science plus utile que difficile, pourvu qu'elle soit
u entendue par ses principes, appliquée avec raison, conduicte
« par expérience, et pratiquée par diligence ' . »
I/ouvrage est divisé en huit parties, auxquelles l'auteur a
donné le nom de Lieux, remplaçant le nom de livres adopté
dans les autres ouvrages. Dans le premier lieu^ le père de
famille est instruit du devoir du « Mesnager » , c'est-à-dire
« de bien cognoistre et choisir les terres pour les acquérir et
« employer selon leur naturel, approprier l'habitation cham-
« pestre et ordonner la conduite de son mesnage w.
Olivier examine les conditions indispensables pour acquérir
^ Théâtre d* agriculture y préface.
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OLIVIER DE SERRES. 89
la connaissance des terres; il entre dans les détails pratiques
sur la classification des sols; il arrête le lecteur sur Tindication
que peuvent fournir les plantes qui croissent spontanément;
c'est, on le voit, un petit tiaité de chimie, de minéralogie et
de botanique.
Il démontre la manière de s'assurer de la contenance des
terres, le moyen de les disposer selon leurs propriétés, en pre-
nant en considération le climat; puis il donne de très-bons
conseils sur les conditions de salubrité. C'est un chapitre que
devraient méditer les architectes ruraux et les propriétaires
peu soucieux de procurer à leurs fermiers la santés indispen-
sable néanmoins pour Taccomplissement de leurs pénibles
travaux.
Enfin, Olivier de Serres aborde la question si délicate des
devoirs du père de famille envers ses domestiques et voisins.
L'auteur démontre clairement que les bons maîtres font les
bons serviteurs. Il faut lire et relire ce chapitre VI du premier
lieu. Notre agronome s'y montre chef de maison consommé.
Ce chapitre devrait être le vade^rnecum de tout homme ayant
charge d'ouvriers et de domestiques.
Olivier s'adresse « au gentil-homme, et à autre vertueux
« personnage capable de raison, qui, ayant deslibéré faire
« valoir le bien que Dieu luy a donné ou par ses ante-cesseurs
« ou par ses honnestes acquests, se resoud à prendre joien-
« sèment la peine de le faire cultiver, par serviteurs domes-
« tiques, ou par fermiers : pour, sur telle matière, luy donner
" des avis du tout nécessaires, qu'il amplifiera luy-mesme,
« par son bon sens et ses expériences.
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90 OLIVIER DE SERRES.
« Ce luy sera un g^raod support et aide, que d'estre bien
« marié, et accompagné d'une sage et vertueuse femme, pour
« faire leurs communes affaires avec parfaite amitié et bonne
^ intelligence. Et si une telle luy est donnée de Dieu, que
i< celle qnî est descrite par Salomon, se pourra dire heureux,
« et se vanter d'avoir rencontré un bon thresor : estant la
a femme l'un des plus importants ressorts du mesnage, de
w laquelle la conduite est à préférer à toute autre science de
u la culture des champs. Où Fhotnme aura beau se morfondre
tt à les faire manier avec tout art et diligence, si les fruicts en
i< provenans, serrez dans les greniers, ne sont par la femme
« gouvernés avec raison. Mais au contraire, estans entre les
u mains d'une prudente et bonne ménagère, avec honorable
« libéralité et louable espargne seront convenablement dis-
«< tribuez : si qu'avec toute abondance, les vieux se joindront
« aux nouveaux,, avec vostre grand et commun profit, et
« loiiange. Aussi,
On dict bien vray, qu'en chacune saison
La femme fait ou défait la maison,
« Par telle correspondance la paix et la concorde se nour-
« risans en la maison, vos enfans en seront de tant mieux in-
i( struicts, et vous rendront tant plus humble obéissance, que
« plus vertueusement vous verront vivre parensemble.
« Cela mesme vous fera aussi aimer, honorer, craindre,
« obeïr de vos amis, voisins, subjets, serviteurs. Et par telle
« marque estant votre maison recogneuë pour celle de Dieu;
a Dieu y habitera, y mettant sa crainte : et la comblant de
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OLIVIER DE SERRES. 91
tt toutes sortes de bénédictions, vous fera prospérer en ce
a monde comme est promis en TEscriture. ^
Olivier est tellement convaincu des avantages résultant du
concours d'une sage et vertueuse compagne qu'il y revient à
plusieurs reprises :
, « Plus-grande richesse ne peut souhaiter l'homme en ce
u monde, après la santé, que d'avoir une femme de bien,
»< de bon sens, bonne mesnagèrc. Telle conduira et instruira
u bien la famille, tiendra la maison remplie de tous biens,
« pour y vivre commodément et honorablement. Despuis la
w plus grande dame, jusqu'à la plus petite femmelette, à
« toutes, la vertu du Mesnager reluit par dessus toute autre,
« comme instrument de nous conserver la vie. Uue femme
« mesnagère entrant en une pauvre maison l'enrichit : une
« despensière, ou fainéante, détruit la riche... »
Cette complaisance de 1 auteur à énumérer et glorifier les
quahtés distinctives d une femme comme il la faut donnerait
à croire qu'il avait le modèle sous les yeux et qu'il traçait un
portrait de famille, au bas duquel il ne manque que le nom
de Marguerite d' Arçons. L'épouse d'Olivier devait être uue
femme accomplie. Ce n'est pas le seul portrait tracé par notre
agronome. En voici un autre :
u Mais comme le capitaine a des Heutenans pour le secon-
« der; pour son soulagement nostre père-de-famille se pour-
a voira de quelque habile homme, homme-de-bien, de moien
« aage, comme de trente à cinquante ans (un plus jeune ou
u un plus vieil ne lui est propre; à l'un défaillant le sens, ù
« l'autre la force) ; sur lequel il se reposera aucunement, non
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9Î OLIVIER DE SERRES.
u entièrement, de toutes ses afFaîres, desquelles retiendra
c( pour soi la principale administration ; mais lui commettra
« les choses qu'il ne pourroit exécuter lui-mesme saus trop
" de travail : dont souvent se fera rendre compte, et avec
^ lequel conférera tous les jours de ses besonçnes afin qu'au-
« cune chose n'en demeure en arrière, par faute de pré-
ce voiance ' . »
Et plus loin : « Tel sera le Fermier de mesme le Métaier,
« Homme de bien, loial de parole, et de bon compte ; sain,
« aagé de ving^t-cinq ans à soixante ans; marié avec une sage
« etbonnemesnagère; industrieux, laborieux, diligent; espar-
ce gnant, sobre, non amateur de bonne chère ; non yvrongne;
u ne babillard, ne plaideur, ne villotîer. Ainsy qualifié et ren-
« contré, sera celuy qu'il vous faut, avec lequel n'entrercs en
(i piques à peu d'occasion, mais supporterés doucement ses
M petites imperfections ', »
En compulsantles archives du Pradel,nous avons découvert
le modèle de ce portrait du bon serviteur et d'excellent fer-
mier. Olivier de Serres avait eu la bonne fortune de mettre la
main sur Jacques Barnier ', dont nous avons déjà dit un mot;
c'est bien ce fidèle serviteur qui a posé devant le peintre Oli-
vier. Il faut parcourir le Livre de raison du grand agronome
et les Mémoires de son fils Daniel, pour comprendre l'impor-
tance de Barnier au Pradel. (1 met la main à tout; Olivier lui
confie toutes ses affaires, il remplit les missions les pins déli-
* Théâtre d'agriculture, premier lieu, cli. vi.
* Id,^ ch. VIII.
^ Barnier était originaire d*Annonay ; il alla s*y marier en 1608.
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OLIVIER DE SERRES. 93
cates. C'est Barnier qui va vendre la soie à Avignon^ qui
accompagae les fils de Serres à Valence et à Paris. C'est lui
qu'on envoie à la Cour de Castres pour porter les pièces des
procès ou chercher les arrêts. Lorsque Olivier veut compter
« son bestail lanu n , il s'adjoint Barnier. Un jour u ayant cal-
« culé tous les deux le bestail, ont treuvé en avoir tiré
M 14 bestes, aucunes tuées po' la provision de la maison et les
« autres mortes despuis le 17 novbre » .
C'est à Barnier que, en 1611, Olivier afferme tout son
domaine du Pradel. Enfin, en 1623, quatre ans après la mort
de son père, Daniel de Serres continue au vieux Barnier
« Tarrantement du Pradel » .
Dans les Mémoires de Daniel, nous relevons ceci : « Le
M 8' may 1630, Barnier a commencé à habiter au Pradel.
« Dieu soit loué. » Ces dernières paroles indiquent assez le
cas que le capitaine faisait de son lieutenant.
*
Après avoir rappelé que « Hésiode, Caton, Varron, Colu-
« nielle et autres anciens autheurs de rustication, quoi-que
« payens, ne se peuvent soûler de nous recommander l'aide
u de Dieu en toutes nos affaires » , de Serres exhorte le père de
famille à profiter « de ces sainctes amonitions, conformes à la
« piété et reUgion chrestienne
« Et pareillement d'aimer les pauvres, pour exercer charité
u envers eux, leur despartant de nos biens, selon nos moyens
u et leurs nécessités, desquelles nous nous enquerrons surtout
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94 OLlVlEll DE SEUKES.
« en temps de famine et de cherté. Comme aussi en toute
« saison des pauvres malades, nécessiteux et désolez^ pour
« leur assister opportunément de vivres, d'habits, de deniers
u et de consolations. »
Il lui recommande d'aimer ses sujets s'il en a; de « s'em-
« ployer à paciBer les differens et querelles d'entre eux, les
« g^ardans d'entrer en procès, et les en sortir s'ils y sont; de
i'. se monti'er exact justicier et honneste envers tous; mesme
a envers ses parens, amis et voisins; les caressant de toutes
u sortes d'amitié et bons offices; leur faisant bonne chère
ti estant par eux visité, de visage, de courtoisie, de vivres,
f avec toute libéralité « .
Olivier donne des conseils sur la manière de faire valoir
son argent; il veut que le père de famille mette «< ses affaires
u en tel point, qu'il soit plustost en commodité de prester à
»< ses voisins, qu'en nécessité d'emprunter ».
Il veut que «i tout bon mesnager soit hasardeux à vendre,
» hastif à planter, tardif à bastir » . Il lui recommande de ne
u jamais entrer en querelle avec aucun s'il est possible...
« Mais au contraire, envers un chacun sera humain et cour-
te toîs, non cholère ou vindicatif, en tout raisonnable, de facile
« convention ou loyal compte en ses négoces, exact payeur
« de ses deptes, prompt à satisfaire le salaire de ses servi-
«c teurs et manœuvres. Sera véritable, continent, sobre,
« patient, provident, espargnant, libéral, industrieux et dili-
« gent. Parties nécessaires à l'homme qui désire bien vivre en
« ce monde ; estans leurs contraires, ennemies formelles de
« nostre profit et bonheur. Dieu maudissant le labeur des
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OLIVIER DE SERRES. ^S
u vicieux et fainéans, et les hommes les ayans en execratioa. »
Des maîtres, notre agronome passe aux serviteurs, au sujet
desquels il ne se berce pas d'illusions, remarquant entre eun,
une « générale brutalité qui les rend sots et negligens, san§
a conscience et sans vergogne >» . Mais il recommande de dis-
cerner a les occasions de se gaudir et courroucer avec eux.
.< Le mesnager meslera la rigueur avec la douceur, les
a rudoyant à propos et non continuellement; tant de peur
u d*estre estimé chagrin que de les accoustumer à ne craindre.
a Comme par le contraire, ne sera trop facile à contenter en
« son service, treuvant tout bon et bien fait; ains y remar-
« quera quelque cas à redire, prenant par là occasion de les
« exhorter à mieux faire afin quMls en soient plus obéissans;
u et se défiaus de leur suffisance, moins glorieux, taschent à
« se rendre meilleurs serviteurs. Ne se mettra en cholère
«jusque là, que de renvoyer et donner congé à ses servi-
u teurs, à toute désobéissance, ou autre légère occasion,
u mesme à ceux qui sont les plus suffisans, et es temps les
M plus nécessaires, esquels difficilement treuve-l'on gens pour
" faire les besongnes Aussi se gardera tant qu'il pourra
« de les injurier et menacer, et jamais d'en venir jusques aux
« coups, sur-tout avec ses grands serviteurs : lesquels plus-
u tost,nef[ûsanspour1ui, il congédiera après les avoir payés.»
Olivier veut que le maître se lève de bonne heure, et il a
raison. « Il est force, dit-il, que le pere-de-famille s'accons-
u tume à se lever ordinairement de grand matin ; à telle heure
« se faisant voir à ses domestiques : à ce questant exemple
« de diligence, dès lors chascuu se range à sa besongne pour
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96 OLIVIER DE SERRES.
« jouir de l'effect de ces maximes que la matinée avance la
<♦ journée : que le lever malin enrichit ; et le lever tard appau-
« vrit. Pour ce faire se couchera-il de bonne heure. Sur ce
« propos dit le sage mesnager :
Si tu te couches tard, tard tu te lèveras :
Tard te mettras en oeuvre, aussi tard disneras,
» Ne se mesle donques de mesnage celui qui ne se résoudra à
« ce poinct '. »
Olivier de Serres subjugue le lecteur autant par le charme
archaïque de son style que par la justesse et la profondeur
de ses observations. Ses enseignements respirent le bon sens
pratique; vrais il y a trois cents ans, ils le sont aujourd'hui,
ils le seront encore demain.
w Ordonnera le Mesnager, tous les soirs de ce qui appar-
u tiendra pour les affaires du lendemain^ à ce que chacun
« scache, où, et en quoi il doit s'emploier la prochaine jour-
M née, et que dès le point du jour se renge à l'ouvrage qui lui
« aura esté commandé. Conférera souvent avec ses serviteurs
« de ce qui est requis à ses affaires, soit ou pour la culture
« ordinaire du fonds; ou pour quelque nouvelle réparation;
tt faisant semblant de suivre leurs avis en ce qu'ils se ren-
« contrent conformes à son intention, car par telle ruse ils
« travailleront de meilleure volonté, cuidans cela estre de leur
« invention. »
Voici un alinéa où Olivier enseigne Tordre et la prévoyance :
* Théâtre d* agriculture, premier lieu, cb. vi.
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OLIVIER DE SERRES. 97
« Doncques tenant en besongne ses gens, es jours pluvieux,
« neigeux, et autres imporluns, se soignera le père de
« famille de leur faire faire grande provision de toutes sortes
« d'outils et instrumens de labourage, pour s'en fournir lors
« suffisance, voire de la moitié plus qu'il ne lui en faut. Et
« soient socs, charrues, boyaux, besches, pelles, haches, et
« autres meubles des champs, qu'il en aye à rechange; en-
•« voyant au mareschal forger des outils de fer et apprestant
« en la maison ceux de bois : à ce que le lout appareillé
« comme il faut (et en temps presques perdu, pour ne pou-
tt voir travailler à la terre, où il y a de l'espargne) se trouve
tt prest au besoin sans estre contraint, ne de les refaire, s'en
« rompant sur la besongne : ne d'en emprunter, en ayant
« faute : par telle réserve s'évitant, outre la honte et danger
« d'estre refusé, la perte du temps de les aller quérir et
ic rendre. Tels meubles et outils seront curieusement serrés
« et gardés en cabinet à ce destiné, pour là les aller prendre
« au besoin, et remettre après le service. Mais ce sera dis-
« tinctement, selon leurs espèces, matières et usages; sépa-
« rant les grands, d'avec les petits, ceux de fer d'un costé, et
« ceux de bois de l'autre : par tel ordre, s'épargne la perte et
« l'esgarement, causant grand rompement de teste; la peine
« de les cercher estimée demi-perte. Aussi en mauvais temps,
« le mesnager fera curer ses estables et travailler à auti'es
« telles oeuvres, qui ne doivent estre faites en bon, gardant
« à dessein semblables besongnes pour lors employer ses
« gens ; mesme après les pluies, à faire couper les buissons
« des prairies sèches, les espierrer, charrier matières pour
7
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98 OLIVIER DE SERRES.
« bastir, en attendant la vraie disposition de la terre pour la
u continuation de son labourage. »
Au troisième Lieu, Olivier traite de la culture de la vigne,
parce qu'après le pain, dit-il, a vient le vin, second aliment
« donné par le Créateur à Fentretenement de ceste vie, et le
« premier célébré pour son excellence » . Il termine le cha-
pitre premier de ce Lieu par cet apologue , qui est le sujet
du trésor caché ou le laboureur et ses enfants, l'une des plus
morales et des plus charmantes fables de Lafontaine :
« A la recommandation de la vigne tend aussi le testament
« de celui qui, partageant son bien entre ses deux fils, en
li donna a Taisné, bon mesnager et diligeant, la partie la plus
« facile à conduire, comme rentes, prairies, pasturages; et
u à l'autre jeune homme desbauché et paresseux, celle où
u estoit nécessaire le plus de labour, qui estoit une belle et
« grande vigne. De quoi cestui-ci se plaignant, supplie son
u père, réformant sa disposition, l'approprier à l'humeur de
(c ses enfans. Mais aussi tost cessa-il sa poursuite , que le
« père lui eust dict, que dans la vigne y avoit un thrésor
« caché, lequel infailliblement, avec patient labeur, il trouve-
« roit à son grand profit. Le père décédé, incontinent le
»< jeune homme se mit à la queste de son thrésor, et tant
u fouilla sa vigne par profonds et réitérés beschements et
tt houemens, que dans quelques années, elle se rendit très-»
« fertile, rapportant des vins en toute extrémité d'abondance.
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OLIVIER DE SERRES. 99
« qui estoît le thrésor entendu par le père. Dont le fils devenu
tt riche, pour double bien se rendit diligent au travail, par
tt habitude, oubliant sa précédente fainéantise et desbauche. »
Olivier apprend au « mesnager » à greffer la vigne, opéra-
tion devenue si importante, depuis que le phylloxéra a dé-
truit presque tous les vignobles, que, sans le greffage, il n*y
aurait peut-être pins de vin en France dans une dizaine
d'années.
Le soufrage de la vigne, que les viticulteurs contemporains
croient avoir inventé, est conseillé par notre agronome pour
la débarrasser « des connins qui la dépérissent, brouttans les
« premiers de ses rameaux » .
Au chapitre X, OU vier s'élève avec force contre « les trom-
« peurs tavemiers et cabaretiers qui sophistiquent leurs vins, »
il rejette, comme pernicieuses à la santé , les matières telles
•t que l'alun, le soufre, Targille, la chaux, le piastre et sem-
« blables drogueries » .
Enfin, de Serres s'occupe de la classification et du choix
des vins, a Prendre le vin au poinct requis, dit-il, pour la boisson
« et pour la vente, est la fin de ce mesnage. A quoi d'autant
« plus curieusement s'employera nostre père de famille
u Mais n'estant nostre mesnager si avant instruit en l'art de
« sommelerie, ne se trompera nullement si de deux en deux
« mois, ou plus fréquemment, mesme passé que soit le
« mois de mars, il perce généralement ses tonneaux, pour
tt prendre avis des vins qu'il doit les premiers faire boire ou
« vendre. Les vins logés dans tonneaux suspects sans autre
« recerche et quelque bonne mine qu'ils facent seront les
7i
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iOO OLIVIER DE SERRES.
"S
« premiers employés selon leur ordre sans autre attente, de
u peur qu'à la longue n'en avienne mal \ »
Descendons à la cave du Pradel, nous y verrons comment
notre grand agronome avait appris à son fils la manière de
classer et d'organiser les tonneaux. Le soin que Daniel de
Serres a mis à les noter, dans ses Mémoires, nous prouve une
fois de plus qu'Olivier joignait toujours la pratique au
précepte.
1626. « Jusques icy, 2 Nbre, avons despensé 3 ch. vin à
boyre et aullier (allonger).
Ce XI Nbre 1626, nous avons achevé de remplir et fermé
les tonneaux en nostre cave du Pradel.
1. Le prem. tonneau en entrant à
main gauche dans lad. cave est
vin de griote, bon mais un peu
faible 3 charg.
2. Vin de griote. Bon, plus fort . ... 3
3. Id,, mais un peu plus couvert . . . , 3
4. Couleur de rubis, Bon 2
5. Id.y fort bon 2
6. Au-dessus des preced* plus couvert. 1 ch.
7. Vin de griote B, et fort 3
8. Vin de griote Bon 3
9. Vin couvert sentant un peu le bois . 3
10. Couvert un peu doux et bon .... 1 1/2.
1 Théâtre (V agriculture, troisième li«u, cli. xiv.
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OLIVIER DE SERRES. 101
11. Au-dessus les preced' Vin couvert
sanla.uQ peu le bois 1 1/2.
12. Gros V. couvert p' lar. saison. ... 3
13. Vin clair soum. qui tire de 3
14. Vin cler. prem. soum. bon .... 3
15. Au dessus des prèd rouge un peu
doux 1 1/2.
16. /rf., au dessus vin de paille 11/2.
17. Pre. Muscat 1
18. Second Muscat 1 ch.
19. Cleret soum 2
et 7 ch. Trempe (piquette) en trois tonneaux.
u Ce feuilhet servira pour Memoyre des tonneaux de vin en
la page précédente cotez par num' que seront cy après
vuidez.
Prest. ce XV nobre 1626, le tonneau 14® a esté vuidé par ce
que par les costés le vin en decouloit, et n'auroit peu esire
arresté. Et iceluy vin remué et eutounellé dans le 13* qui a
esté fermé. Et led. 14* continue de tirer pour i'ordine.
Le XVI dud. mois de Nobre le unsiesme a esté mis en
perce, parce que le preced. 14* estoit au bas.
Led. jour, mis en perce un tonneau de trempe d'une
charge et demie.
Les deux tonneaux de muscat scavoir les 17 et 18 ont esté
vendus à un muletier du Puy, au pris de six livres dix solz la
charge. Nous avons prins neuf quarterons febves et un sestier
pois. Ce 11 Debre 1626, le surplus en argent.
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lot OLIVIER DE SERRES.
Ce X Debre mis en perce le quinziesme tonneau détrempe
de 3 ch.
1627. Ce VII janvier mis en perce le six*.
Ce XXV janvier mis en perce le troisiesme.
Ce XXIII febvr. 1627 mis en perce un tonneau trempe de
3 charges.
Le IX mars 1627, mis la guille au second.
Le IIII avril 1627, jour de Pasques, percé le 5* '.
Le XIX avril, percé le 16*.
XX juin, mis en perce le 9*.
XXVII juin, mis en perce le 7*.
XV juillet, le premier mis en perce.
Le XI aoust percé le 8*.
Le V Sepbre mis en perce le 12*. n
* C'ctnitsans doute pour célébrer la grande fête de Pâques que Daniel de Serres
mit le robinet au meilleur tonneau de sa cave : le numéro 5 contenait, en effet,
du vin « couleur de rubis, fort bon » .
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CHAPITRE VIII
OLIVIER DE SERRES ET LA SÉRICICULTURE.
Entre les divers sujets traités dans le Théâtre d'Agriculture,
il en est un qui intéresse particulièrement le Vivarais et que
l'auteur a traité avec une prédilection marquée : la produc-
tion de la soie : c Les expériences que j'ay fait en ce mesnage
u chez moi, dit-il, depuis trente-cinq ans, et la soie que je
tt cueil par chacun an me donnent matière de vous dire libre-
« ment mon avis sur ce sujet. Que s'il vous plaist vous en
•« servir, treuverez en mes discours de quoi vous satisfaire :
u pour l'assemblage de la matière, plus grand et avec plus
tt d'observations que jusques ici ait été escrit, tant ay-je esté
u curieux de faire participant de mes labeurs les vertueuses
tt personnes ' . »
On voit que de Serres défend une œuvre qui lui est en
quelque sorte personnelle, et c'est sous l'empire de ce senti-
ment qu'il aborde la question : paternité oblige. Le cha-
pitre XV du lieu cinquième, ayant pour titre : La cueillette
de la soie par la nourriture des vers qui la font, est la plus
I Épitre dédicatoire à Messieurs de FHdtel de ville de Paris.
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104 OLIVIER DE SERRES.
détaillée, la plus instructive et la plus attrayante des mono-
graphies. Depuis la culture du mûrier jusqu'au tirage de la
soie, en passant par l'incubation de la semence, Téclosion et
les maladies du ver, la mise en bruyère, la montée, le décocon-
nagc, le papillonnage et le graînage, tout y est minutieuse-
ment décrit et magistralement enseigné. A la façon dont sont
exposés ces trésors de science, fruits d'une merveilleuse intel-
ligence et d'une expérience consommée, le lecteur, tombé
sous le charme, ne peut plus en détacher son regard. Qu'on
lise une fois par hasard, curiosité ou intérêt, les écrits des
savants, même des demi-savants en sériciculture, nous le
voulons bien, mais qu'on soit tenté de les relire pour le plaisir
de l'esprit, nous ne le croyons pas. II en est tout autrement
s'il s'agit d'Olivier de Serres : quand on le quitte, c'est avec
le désir de le rejoindre au plus tôt, et le livre s'est refermé que
la pensée du lecteur erre encore à travers ses pages.
Notre auteur avance, comme receue de tous, que le ber-
ceau de la soie est l'ancien pays de Seres, de son temps Catay
et Cambaluj de nos jours le petit Tibet dans l'Asie orientale.
A ce propos, on dirait que de Serres était prédestiné par son
nom à la sériciculture ainsi qu'à l'agriculture. Ses panégyristes
ne se sont pas fait faute d'abuser de cette concordance de
vocables : on les voit à chaque instant jouer sur les mots
après les avoir estropiés. Dans une épître en vers latins,
Joannes Saignœus, l'un d'entre eux, fait l'application à notre
agronome de ce passage de Pline :
Serentem invenerunt dati honores Serranum.
Lib. XVIII, cap. ut.
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OLIVIER DE SERRES. 105
Le Serranus dont il s'agit était, sans doute, un de ces bons
pères cités par Olivier, lesquels passaient avec délices du com-
mandement d'une armée à la conduite d'une paire de boeufs ;
la couronne triomphale l'avait trouvé faisant ses semailles,
Serentem Serranum^ un double jeu de mots ; quelle bonne
fortune pour Saîgnœus, et comme il exploite sa trouvaille !
La méthode enseignée dans le Théâtre d'Agriculture est
encore suivie par la masse des éducateurs, notamment par
ceux de TArdèche. Entrée dans le domaine public depuis
environ trois cents ans, elle s'y perpétue de père en fils, et,
tant sous le rapport séricicole que sous le rapport sérigène,
elle est la règle du paysan. Les modifications que le temps et
le progrès de la science lui ont fait subir ne portent générale-
ment que sur des points secondaires ; ainsi il est d'usage que
la réunion des tables qui supportent les vers ait la figure d'un
parallélipipède évidé, et non d'une pyramide, comme le
voudrait notre auteur :
« ...Ne seront les tables d'égale largeur, ains s'excéderont
« l'une l'autre de quatre doigts, la plus basse près du pavé
it estant la plus large : et la plus haute approchant le plan-
« cher, la plus estroite. Dont l'estaudis qui sera composé de
a toutes ensemble, se rendra de figure pyramidale : à l'utilité
tt des vers, lesquels par telle disposition, seront préservés de
tt ruine ; quand vagans par les bords des tables, d'un bout de
« l'estaudis à l'autre, cerchans lieu agréable, pour vomir leur
tt soye, tumbent du haut en bas sur le pavé, où ils se froissent.
tt Perte qu'il ne faut craindre, estant en telle sorte les tables
« accomodees ; par chacune recevoir les magniaux tumbans
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106 OLIVIER DE SERRES.
« de sa supérieure prochaine lesquels ne s'offencent point pour
a le peu de distance d'une à l'autre table ' . . . n
La méthode suivie aujourd'hui pour mettre la bruyère sur
les tables est absolument celle enseignée par Olivier de Serres :
« Ferés préparer les rameaux nécessaires à la montée des
u vers, pour y vomir leur soye, s'y agrafans... Les plus pro-
a près sont le rosmarin, le brusc(la bruyère)... et en somme
a tout autre arbrisseau flexible, n'ayant mauvaise senteur...
a Après avoir nettoyé le pied des rameaux, afin de tant moins
w occuper de place, on les arrengera droîctement, comme
« rengs de colonnes équidistans d'un pied et quart, peu plus
« ou moins^ traversans les tables d'une largeur à l'autre. Le
a pied du rameau joindra à la table en bas, et la cime, pour la
u rencontre de la table supérieure, et sa longueur, se recour-
« bera ès-côtés, dont se façonneront des arceaux. Par telle
M disposition, Testaudis ressemblera à des galleries faictes à
(c arcades, à plusieurs estages, les uns surpassans sur les
« autres^ comme amphithéâtres ; chose plaisante à voir. »
Si nous voulions suivre pas à pas de Serres dans les déve-
loppements qu'il donne à son sujet dans tous ses chapitres,
nous serions amené à composer un livre aussi volumineux que
le sien. Notre intention n'est pas de donner une nouvelle édi-
I Ce n'est point Je seul avantage qu'offre Vestaudis pyramidal. De Serres veut
qu'on ne se serve que de chandelles de suif ou de cire pour lumière portative,
attendu qu'une seule goutte d'huile, tombant des lampes, peut nuire beaucoup aux
vers. Or, la largeur inégale des tables permet de placer au bord de chacune d'elles
des flambeaux allumés, sans le danger d'incendie pour la coconnière. En outre, il
est facile et moins périlleux pour le magnanier, ayant au flanc un encombrant
sachet bourré de feuilles, de faire, du haut d'une échelle, le ménage des vers placés
sur des tables de petite ou de médiocre largeur. D'où vient donc que Vestaudis
pyramidal n'a point prévalu? Serait-ce parce qu'il nécessite Temploi de planches
de dimension graduée? (E. Villard, Olivier de Serres et son œuvre,)
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OLIVIER DE SERRES. lOr
tiondu Théâtre d'Agriculture. Nous terminerons nos citations
par un extrait de la Conclusion , qui en lie tous les chapitres
d'une manière fort éloquente : « Lacognoissance des biens que
u Dieu nous donne, est voirement le plus important article de
« nostre mesnage, moyennant lequel nous mesnagerons gai-
« ment, tant pour l'utilité que pour l'honneur ; guerdon de
o ceux qui font bien leurs affaires. Et de là adviendra à nostre
« père-de-famille ce contentement que de treuver sa maison
u plus agréable, et sa femme plus belle et son vin meilleur
« que ceux de Tautrui. » Sa femme plus belle, est-il possible
d'allier plus de naïveté à plus de sagesse, ni de faire d'une
façon plus aimable qu'en ce passage, le procès à l'absen-
téisme, à la passion illégitime et au luxe des festins?
Olivier termine son Épilogue par ces lignes admirables :
« Ainsi le père et la mère-de-famille vivans et mesnageans,
« non seulement ils entretiendront leur maison en Testât
« qu'ils l'ont eiie de leurs ancêtres, ains l'augmenteront en
w revenu : d'où sortiront les moiens de satisfaire à toutes des-
u penses honnestes pour eux, pour leurs enfans et amis. Et
« avec telles commodités, passans doucement ceste vie,
a s*acquerront l'honneur d'avoir vertueusement vescu en ce
u monde : laissans à leurs enfans, bien instruits et morigénés
M leur terre en bon estât avec l'exemple de leur belle vie,
« richesse à priser par sur toute autre. Auquel point les bons
a mesnages parviendront par la bénédiction de Dieu. Et tou-
« chant les causes secondes (en bien labourant et espargnant)
« par la cognoissance des terroirs, qu'est le fondement de
a r Agriculture. »
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108 OLIVIER DE SERRES.
Les conseils d'Olivier de Serres sont toujours d'une morale
noble et tolérante, dans laquelle Dieu intervient comme un
dénoûment à toutes choses. Il l'invoque, il le prie en paroles
d'une véritable grandeur où respirent les élans d'une sincère
croyance.
C'est là, il nous semble, qu'Olivier apparaît comme une
personnalité unique. On y reconnaît le vrai laboureur,
l'homme qui a tenu les manches de la charrue, qui a senti le
bon, le frais parfum de la terre humide, qui en a reconnu cette
a graisse » , comme il la nomme, pour l'avoir pétrie lui-même et
y avoir creusé des sillons. On devine tout ce qu'Olivier a été,
homme pratique et homme théorique, aussi paysan que savant;
aimant son sol de cette affection qui absorbe l'ouvrier des
champs, songeant sans cesse à l'action immense que le secret
des éléments exerce sur tout ce que la terre enfante de campa-
gnard, n'attendant que du ciel, après ses bras, le succès de ses
travaux.
Olivier de Serres résume en ses écrits cette impression pro-
fonde : le culte de la terre, l'espérance en la création. Son
style a cette belle rudesse du vieux Caton, la franchise et
l'honnêteté d'un patriarche de Ghanaam et la noble éloquence
des Pères de l'Église. Souvent encore on lui voit le tour d'es-
prit des conteurs les plus fins et les plus vifs de son siècle, c'est
alors un frère de Montaigne et d'Amyot. Il n'est personne, dit
M. de Falloux, qui ne soit frappé de la conformité du style
d'Olivier de Serres avec celui de Montaigne. C'est la même
bonhomie, non feinte et pourtant plus apparente que réelle;
la même philosophie railleuse et le même coloris dans le pin«
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OLIVIER DE SERRES. 109
ceau j enfin la même langue, au même état de naïveté prise à
la même distance du siècle des grands modèles et de sa
fixation définitive.
u Bien que la langue qu'il parle ne soit point encore formée,
Olivier est un savant de style : c'est à cette qualité non moins
qu'à son génie scientifique, qu'il devra la durée de son œuvre
et l'immortalité de son nom.
« Rares sont en France les savants de style. Il en est un
plus moderne, à qui la célébrité n'a pas fait défaut. Ses
ouvrages sur l'histoire naturelle sont encore cités comme des
modèles de composition. On y trouve la force, l'éclat, la
pureté, l'harmonie, la pompe des expressions s'ajustant à la
majesté des idées, en un mot un style de grande cérémonie,
l'antipode de celui de notre agronome ; mais on y trouve aussi
des théories surannées, des systèmes tombés en discrédit, et,
s'il n'était pas un savant de style, Buffon ne sauverait pas son
nom du naufrage des hypothèses*. »
Olivier de Serres restera comme un type précieux de
l'homme qui aime la terre, comme l'oracle qui a su instruire
l'agriculteur et élever son dur métier à l'égal des plus glo-
rieux. Il est le premier classique de la science agricole et il en
reste la plus puissante autorité. Il est impossible d'ouvrir un
ouvrage important sur l'agriculture, sans l'y voir invoquer et
citer comme un ai*bitre.
' E. ViLLARD, Olivier de Serres et son œuvre, p. Al.
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CHAPITRE IX
LIVRE DE RAISON D'oLIVIER DE SERRES.
Parcourons maintenant le Livre^journal du grand agro-
nome ; ce sera une façon de pénétrer dans son foyer et de
connaître une foule de détails intéressants sur sa vie de
famille, au Pradel.
Le livre que nous avons compulsé ne commence qu'en 1605 ;
il est profondément regrettable, pourla postérité, que les pré-
cédents soient perdus; on aurait, par leur témoignage, connu
la vie intime d'Olivier!
Nous avons cru ne devoir donner ici que les articles inté-
ressants de ses Mémoires, non pas que quelques-uns ne pré-
sentent pas d'intérêt — , car tout est intéressant dads l'exis*
tence de ce génie agricole, — mais parce que le cadre de
notre travail ne comporte pas la reproduction intégrale de
livres relativement considérables.
•
Dans les premiers articles , il est question du fidèle servi-
teur Barnier, dont nous avons déjà parlé.
« Le 2 décembre 1605, Jacques Barnier a esté de reiour
d'Avignon où je l'avay envoyé pour y vendre 4 1. ^ de soye
et achepter un couple dorangers po' eiivoyer à Mons' des
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OLIVIER DE SERRES. 111
Barres à Paris / m'a rendu 34 1. 4 s. 6 d. po'lad. soye, vandue
71. 14 s. la grande livre, trois en despence achepts qu'avions
coté me restant débiteur en 8 livres 4 s. quil disoit avoir
fourny en Avignon po' M. Abraam. Despuis a bailhé à ma
fem 4 1. parquoy me reste débiteur en 4 1. 4 s. Luy ai bailhé
dargent cotant en douzains 5 liv. sur ce que luy devay de ses
gages. »
« Je Tay despesché à Paris vers mon filz le 10 décem-
bre 1605, est parti le lendemain matin, je luy ai bailhé po'
son voyage 20 1. et po' achepter quelques chosetes à Paris
40 s. '. »
« L'an 1606, le 9 décembre ay derechef envoyé le susd.
Barnier à mon filz à Paris, est parti le lendemain grand
matin dimanche, ne l'ayant peu f le samedy. Pour les des-
pens de son voyage lui ay bailhé vingt livres et pour achepter
un tapis de table et autres chosetes 51. 12 s. »
a Au mois de mars 1607, la lune estant vieille, ay fait
eslager pluzieurs meuriers près de la vignasse po' en tirer
lescorce des branches en lun desquelz arbres y a eu descorce
verte 12 L|V
» 11 s'agit de Gédcon de Serre?, fils cadet d'Olivier; il était avocat au Conseil
privé du Rui.
• Olivier de Serres avait • Ireuvé un second trésor en h plante du meuriët'
blanc » , il avait découvert qu'on pouvait obtenir avec son ccorde un fil très-solide
• beaucoup meilleur que ni lin, ni le chanvre ». Ici nous le voyons joindre la
pratique à la théorie > il nous enseigne que l'ccorce verte diminue environ de la
moitié.
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112 OLIVIER DE SERBES.
« Po' scavoir de combien lad. escorce se diminue despuis
freschement escorchée jusques à estre sescbe preste à mettre
rouir, ay expérimenté que 2 1. j descorce fresche et toute
verte est revenue sescbe à 1 1. 7 onces, par ce moyen se
diminuant un peu moins que de la moitié. »
« Le lundi 22 sep'*'* 1608, j' de foyre à Villen , ay loué Es-
tienne Fulgoux po' me servir de bouvier et à aultres affayres,
un an commençant le lendemain de la S-Micbel procbain,
auquel po' ses gage et salaire ay convenu et promis luy
donner en argent vingt-sept livres et un cbaspeau , une cbe-
mise et son usage de soûliez — prnt Jean Rieu et Antoine
Sarrazin, cy 27 liv. 1 cbaspeau, 1 cbemise et soûliez ^ »
tt Le 23 octobre 1608 ay envoyé par M. Cbambelle à
M. Fabrejon à Castres soixante-six livres deux solz po'
payer 15 escus de 3 1. 5 s. pièces valans 48 1. 15 s. pour ma
moytié du rapport de l'arrest que mon filz de Leyris y a
obtenu de nouveau, — 3 1. à M. Perret * po' se présenter po'
moy contre M. de S'-Pons, et 4 L 3 s. po' employer à l'exé-
cution dud. arrest, cy 66 liv. 2 s. »
« Le 6 décembre 1608 ay despescbé Barnier à Castres
vers M. Fal^rejon po' maller quérir Tarrest susd. et mon
procès pour employer le tout à l'exécution dud. arrest que
^ Aujourd'hui les domestiques ne se contentent pas d*un aussi faible gage. On
leur donne en moyenne 500 h 600 francs par an.
* Ce Ferret^ procureur au Parlement de Castres, était le gendre d*01ivier; il avait
épousé sa fille Marie.
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OLIVIER DE SERRES. 113
devons faire à lamiable. Ains aiant esté convenu entre le s'
de S -Ferriol et mon filz. Mond. filz au despart de Castres en
septembre fit cédule à M. Fabrejon de 200 liv. qu'il avoit
fournies, assavoir 75 liv. po' mond. filz dont il achepta un
cheval et 125 liv. pour moy tant pour la nourriture de mond.
filz durant son séjour à Castres qu'au payement de la moitié
de 4 (illisible) po'mon arrest, montans lad. moytié 22 escus
de 3 liv. 5 s. pièce. Laquelle som. de 125 liv. luy envoyé par
led. Barnier, c'est assavoir en argent 74 l. 8 s. et en un rolle
de fournitures faictes po' luy de 50 1. 12 s. Laquelle de mon
mandement il alloit / prendre 20 liv. à Orange et 78 liv. à
Nismes de M. Teyssier, faisant de plus 9 liv. 12 s. que je
laisse aud. Barnier po' les frais de son voyage, en tout c'est
cent quarante huict livres douze solz, de laquelle som.
bailhera 14 liv. à M. Fabrejon po' poibvrequejeluy devay, aud.
FiCyris restera po' moy, comprins le voyage. 134 liv. 12 solz.
u En oultre jay envoyé en don par led. Barnier aud. s'
Fabrejon un de mes livres de la quatriesme impression ^ »
a Par vertu d'une lettre de M. Fabrejon* à moy escripte
de Castres le 10 mars 1609, j'ay bailhé la somme de qua-
rante-cinq livres à Nicolas Perbos d'Uzer mary de Louise
Fabrejonne sœur dud. s' Fabrejon qu'il devoit à sad. sœur.
Appert par quittance receue par M. Tailhand le 3 mai 1609. »
u Estienne Bonnaud meusnier est venu le lundi 23 mars 1609
1 Quatrième édition à Paris» M.DC.VIil, cbez Jean Uerjon, in-4°
* Fabrejon était procureur au Parlement à Castres.
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114 OLIVIER DE SERRES.
pour me servir de meusnier, accordé avec luy en trois livres
dix solz le moys. »
« Le 2G mars 1609, jay envoyé mon filz Pierre à Vallcnce
po'estudier en jurisprudence, auquel ay bailbé trente une liv.
tt Sebastien Malosse Laussane près du Puy s'est loué à
moy po' cbarrier en mes molins po' demain 7 julbet 1609,
jusques à la S-Micbel prochain, — ay convenu luy donner
dix livres-prnt M* Tinlan , cy 10 livres. »
« liC 21 septembre 1609 j' de foyre à Villen jaî loué Daniel
Vilar de la Gorce po' me servir de bouvier et en tous mes
auitres affaires, un an comçant le lendemain de la S'-ISlichel
prochain — po' son sallaire et gages ay convenu lui donner
quinze liv. en argent, vingt pans drap, une chemise, un
chaspeau et son usage de souliers — prnt Antoine Sarrazin. »
it Le 5 febvrier 1610, espousailles de ma fille Izabeau et
de M. Feutrier *. »
« î/an 1610 au mois de febvrier, la lune estant vieille,
ay fait tailler presque toute ma vigne du PradeP. »
tt Le mercredy 3 mars 1610 est parti de céans Jacques
mon filz po' aller à Paris chez son frère ^ demeurer, affin de
' Uabeau mourut snns enfants. Elle fit son testament le là octobre 1623, et
institua son frère Daniel pour son héritier.
^ Olivier ne croit pas dux influences de la June; il ne fait que constater l'usage
de son pays. E.<«t-ce que de nos jours une foule de cultivateurs ne consultent pas cet
astre avant de faire telle ou telle chose ?
' Gédéon. -=• Voir sa lettre n^ 8j Pièces jus'.ijicatives, où il est question dé
Jacques.
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OLIVIER DE SERRES. 115
sy exercer en affayres po' gaigner honnestement sa vie. Je
luy ay bailhé en argent environ 18 escus tirés de pluzicurs
lieux et Barnier po' l'accompagner. Je lavay faict auparad-
vant honnestement habiller à neuf. Dieu luy donne sa saincte
bénédiction. »
u Le jeudy 15 mars 1610, mon filz Pierre est allé à Val-
lence cotinuer ses estudes. Je luy ay bailhé trente livres et
six livres po' f" f' des chausses portant Testofe d'icy. '-Dieu
luy donne sa bénédiction '. »
(I Despuis, mon nepveu de Cercol a bailhé quatorze livres
qu'il me devoit, cy 141iv. »
« Le 15 de julhet je luy ay envoyé par Barnier douze livres,
qu'il a baihé à mon nepveu de Cercol à Loriol po' luy faire
tenir, cy 12 livres. »
tt Le 9 septembre 1610 Barnier revenant de Paris passe à
V^allen et bailhé cinq escus de mon argent et mandement à
mond. filz Pierre, cy 15 liv. »
« Le 25 dud. moys ay envoyé à mond. filz vingt Hvres par
Barnier, po'cedespesché à Vallen led. jo'. Cy 20 livres. »
u Le premier décembre ay renvoyé Barnier qui a esté
' Quelle morale! quelle honnêteté! Ke dirait-on pan un patriarche biblique? Ne
pouvant accompagner lui-même ses enfants, il leur donne Barnier et appelle sur
eux les bénédictions du ciel.
8.
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116 OLIVIER DE SERRES.
avec 17 livres *. Et mond. filz avoit receu peu avant de moa
nepveu de Cercol sept livres. »>
« Le 10 feb. 1611, jay envoyé aud. Pierre par Fontbonne
allant à Vallence accompagner M. de Valz, onze livres,
cy 11 liv. »
ft Le 2 de may 1611, ay loué Antoine po' me servir de
pastre un an, coinçant led. jour, auquel pour ses gages ay
convenu donner dix-huict pans drap, un chaspeau, une che-
mise, des souliers pour sa chaussure, et en argent six livres;
cy 6 liv. »
« Le lundy matin 9 may 1611 ay despesché Barnier au
susd. Pierre, mon filz, estant à Vallence, par lequel lui ay
envoyé quarante escus et sa mère deux doublontz, le tout
faisant 134 liv., et ce po' employer à la despence nécessaire
à passer ses degrez *. »
a Le 21 septembre 1611, jay arranté mes molins à Jan
Rouressol et à Jan Massot po' un an, commençant le lundy
3 octobre dud. an.
« Aussy le pré qui se fauche estant au debsouz le beal desd.
molins. Le petit jardin estant au devant desd. molins et tout
^ Décidément Barnier est admirable, il va à Castres pour les procès, monte
bientôt après à Paris au|>rès de Gédéon et de Jacques; s*arrête à son retour à
Valence pour voir Pierre. Ah! comme les enfants d'Olivier devaient aimer ce
brave serviteur! Comme ils devaient le voir volontiers leur apporter des nouvelles
du Pradel!
* Degrés de docteur en droit.
KoTA. — Sur le manuscrit d'Olivier de Serres, les V sont des U, dans le corps
des mots, nous avons cru, pour faciliter la lecture de ces extraits, devoir les changer.
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OLIVIER DE SERRES. 117
le chêne vîer qui est à pnt en nature. Soubz telz pactes que
po' chacune sep'* payeront et chascun jo' de samedy un sest.
froment et six quarterons annone ^ des moutures desd. molins.
La mouture des bleds de mes provisions tant d'icy que de
V^illen sera franche. Je hiy fonrniray une jument po' le charoy,
quilz seront tenuz me rendre ou le prix dicelle à l'estime, me
bailheront six quartz orge mondé. Payeront à ma femme po'
ses espingles six livres *. Je me réserve tous les fruictz des
arbres chascuns mois et aullres estans dans le destroit, arresté
ensemble la juridiction. Bailheront leurs bestes po' aller aux
presches et po' aultres affayres, nourriront six chapons et
six poules, po' lesquelles payeront chascune sep" six œufz,
nourriront des canetes lesquelles seront amieges (à moitié)
com. aussy le chêne vier, et com. est contenu au conti'act sur
ce passé led. jo^ receu par M* Estienne des Serres not. Royal
led. jour 3 octobre 1611. Suyvant la teneur dud. arrante-
ment lesd. Jan Rouressol et Jan Massot sont entrez aud.
arrantement, auxquelz jay bailhé une jument, po' le prix de
treize escus, semblable somme en ayant payé à Guilliaume
liîchière, mon précédent rentier.
tt Aussy leur ay bailhé deux marteaux, un pointu, l'autre
taillan, po' les molins; ledit Lichière en doibt un troisième
qu'il a promis leur bailher, une manivelle, un chaleil, un
brichet*, une ache, la clefz de la caisse. »
1 L*annone était ud mélange de &eigle et (Turgc
^ L*usa{>e de donner à la maîtresse de la maison une certaine somme pour ses
épingles, lorsqu'on fait un marclic un peu important, s*est maintenu.
3 Chaleil^ lampe portative; bric/tet, liriquet; les alluinettev pliosplioriques n'é-
taient pas inventées; elles étaient bien loin de nous.
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118 OLIVIER DE SERRES.
« Le 25 apvril 1612 mon filz Gé:léon, advocat au Conseil
privé, partit de céans pour s'en retourner à Paris, de lad. ville
estant venu icy où il estoit arrivé le 22 nov""' 1611.
c< Par luy j'ay envoyé à mon filz Jacques, estant à Paris, les
livres de Yarch itecture de Léon Baptiste Albert et\di perspective
de Jan Cousin '. »»
« Le 20 juin j'ay marié ma fille Marie avec M. Isaac Ferret
procureur en parlement et chambre de Fédict à Castres, à
laquelle j'ay constitué en dot la som. de deux mil quatre cens
livres, avec les pactes et constitutions contenues au contract
de mariage, receu le jour susd. par M* Daniel Moynier not.
royal à Villen. Espouzet à Myrabel le 30 octobre ensuyvant.
Jay payé lad. somme de deux mil quatre cens livres aud. s'
Ferret com. appert contract reçu par M* Aymar Boyssin not.
royal du Bourg le 23 may 1614. »
« Le 1 1 avril 1613, ma feme a mis couver huict onces graine
de magniaux moins [ recouvrées, scavoir 1 on de la sienne,
2 on recouvrées de Mont" (Montelimar) à 3 livres lonce font
six livres, et 5 on recouvrées directement d'Espaigne par un
marchand davignon nomé françois Belon qui les luy vendit au
Bourg, au prix de 2 on de 30 solz payeez cotant 3 livres,
et 3 on à 35 solz lonce payable quant la soye seroit faicte, à
condition de se treuver bonne. Po' faire la nourriture desd.
magniaux ïonie^ Blachère de Chassiers est venu céans le
18 dud. moys. «
1 Jacques de Serres étudiait Tarchitecture; il fut ingénieur au service du roi de
Piémont.
' Antoine.
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OLIVIER DE SERRES. 119
u Le 21 sej/"* 1613 jo'de foyre à Villenyay lonépo'pastr^
Jan Richard de Daupbiné po'nie servir un an, comencant le jo'
de la St-Michel prochain auquel po' son salaire ay convenu
donner en argent cinq livres, vingt quatre pans drap, des sou-
liers po' son usage et un cabédan '.
« Est venu le lendemain de la St-Michel dernier jo' de sep-
tembre et luy ay bailhé en compte mon bestail, assavoir
19 moutons, brebis ou aignaux, trois trentaines et trois bestes,
11 chèvres; rcstoit à luy bailher deux chevraux qui sont aux
granges. »
M Tient en fief franc et noble du seigneur de Montlor au
mandement de St-Laurens soubz la charge de servir au Ban
et rière ban avec les nobles ou feudataires au Roy nostro
sire. »
« Le 19 mars 1013, j'ay faict homage de ce dessus à Mon-
seigneur Dornane, marquis de Maubec, comte de Montlor,
colionel des Corces et gouverneur de Chasteautrompete h
Bordeaux, acte receu M* Laplanche.
« Dans les livres des bornages dud. Sg' y est homage de ce
dessus faict alors par feue ma mère (ou son procureur le s'
Fran Valeton) ma tutrice en lan 1546, escript tout au long
duquel faut avoir coppie et aussy du récent faict par moy *. »
à Le dimanche 29 sep"*" 1613, ay bailhé à Barnier en une
pistole sept livres sept solz. Le dimanche 8 décembre 1613
1 Caban.
* Ain:ti que nous l'avons dit, lo père d'Olivier mourut en 1543.
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ItO OLIVIER DE SERRES.
luy ay bailhé en argent quatre livres, plus vingt solz qu'il a
receux en la vente d'un mien chien qu'il a faicte de mon
mandement. »
« Le mcrcredy 15 apvril 1614, jay despesché Jacques Bar-
nier à Paris principalement po' le procèz que ma belle filhe
de Paris m'a intenté en lad. ville au Chastelet '; po' le voyage
luy ay bailhé 401iv. 6 solz dont mon fils de Leyris en afourny
3 liv. 16 solz en un escu sol. Par led. Barnier, j'ay escript à
mon filz des Serres et po' luy à Monsg' le prince et à Mon-
sieur le coUonel Dornane. Aussy à M' de St-Andéol et à
M. Fabre, à M' Baudouin et à ma belle-filhe.
c< Led. Barnier a esté de retour dud. voyage le 14 may
n'ayant Ireuvé à Paris mon filz Jacques qui estoit vers
Monseig' le Prince à Mézièresj m'a rendu en argent quatre
livres, le reste ayant despenclu tant à f* f les exécutions
cotre ma belle filhe, eu un livre qu'il a achepté po' moy à
Lyon que despense de bouche. »
u Le 21 may 1G14, jay faict promesse à mon beau fils Feu-
trier de luy este plege^ de la som. de trois cens livres qu'il a
prestées à mon filz Jacques à Paris par obligation receu par
Quatre ventz et Chappolain no' ", le 25 febvrier 1614, payables
dans un an. »
« Le 27 sep''' 1614, jay envoyé à mon filz de Leyris, en
déduction du terrage des terres de la Motte po' lad. année
> Ce procès était relatif aux affaires de Jean de Serres, dont Olivier s'était oc-
cupé pendant si longtemps.
• Caution.
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OLIVIER DE SERRES. Itl
quatre sest. frot et ce par Barnîer/ plus par Pierre Sarrazin
deux sest. from* le mercredy 14 oct''' . En oultre led. jo' par
led. Pierre et la chambrière de mond. filz, Chaterinette, quatre
sest. fro', le 19, par Baruîer un sest. sont en tout unze sesliers
{vo\ desquelz les Iiuict sont po' tcrrage susd. et les trois res-
tans en déduction des dix sest. que je luy bailhe pour son
frère des Serres'. »»
« Le 21 sep"" 1615, jo' de foyrc à Vilienjay louépo' pastre
et po' me servir eu tous mes autres affayres un an, comencant
le jo' S -Michel prochain, David Chamaris de La Gorce, au-
quel ay convenu po' son salayre donner vingt pans drap, une
chemise, un chapeau, des souliers et arg* 10 liv.
« Est venuicy po' me servir le premier octobre ensuyvant.
u Le lendemain lui ay bailhé en compte mon bestail s'y es-
tant treuvé, compté par Antoine Sarrazin, quatre trentaines
vingt deux bestes bestail lanu * tant masies que femelles jeunes
et vieux, duquel nombre y a un aigneau de mon filz de I^eyris
et vingt cinq chèvres. »
u Le 13 novebre, jay compté mon bestail de parc et treuvé
y avoir neuf brebis d'engrais, cinquante neuf autres brebis,
vingt trois moutons, quarante cinq aignaux, neuf chèvres
grasses, autres chèvres unze, faisant en tout 136 bestes qui
sont 4 trentaines et 16 bestes. En outre un aigneau trouvé an
trouppeau de Chaussy. »
' Pierre de Serres.
> Bètes 2i laino.
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122 OLIVIER DE SERRES.
« Le 21 sep'"' 1615, jo de foyre à Villen, jay loué po' nie
servir de bouvier et en tous mes antres afayres Daniel Boyron,
de Tonrnon, un an començant le jo' S -Michel — po' son sa-
la yre ay accordé luy donner vingt pans drap, une chemise,
un chappeau, sa chaussure de soulliers et argent sept livres,
cy 20 pans drap, 1 chemise, 1 chappeau, des souliers,
arg* 7 liv. ».
« Le 5 octobre 1615, M' Jacques Perrolin, procureur des
pauvres de la Religion à Villen, m'a donné quittance de la
som. de 200 liv. que luy ay bailhées en argent po' rentes et
entier payement de 400 liv. dont jestay obligé envers lesd.
pauvres, par acte receu Tannée 1592 par M' Bertrand des
Arnaud not'% lequel acte a esté cancellé led. jo' moyennant
led. payement acte receu au doz de lad. obligaon de 400 liv.
par M° des Arnaud not' filz du snsd. not"'.
« Je suis cottizé à latallhe de Myrabelpo' pnte année 1615
corn s'ensuit. A la grande po' le vieux à 3 den. po' liv. en la
tailhe royale selon mes privilèges po' lad.
année 2 liv. 19 s. 2 d.
pour les acquisitions 3 liv. 1 s. 10 d.
auTailhon* 15 s.
6 liv. 16 s.
« Alexandrine (illisible) de Myrabel s'est louée po' cbam-
1 Nous n*avons pu découvrir à quelle occasion Olivier avait été cbargé de ce
legs de 400 livres.
* Impôt établi par Henri 11, en 1549, pour augmenter la solde des gendarmes
qui composaient les compagnies d'ordonnances, des chevau-lcgers et de l'infante-
rie des légions provinciales. Le mot taitlon est un diminutif de taille.
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OLIVIER DE SERRES. 1Î3
brière h ma feine, le jeudy 30 may 1616 po" un an, començant
led. jour, po' ses gages accordé avec elle luy donner une robe
de cordilbac blanc, une cbausse etnnemancbe, une chemise,
deux colietz deux fandaux ', trente solz d'argent et sa chaus-
sure de souliers, n
« Pour Tayde et ocfroi de Tannée 1617, les habitants de
M yrabel, par les Estatz de Viverez tenus au Bourg sont cotizés
213 liv. 5 solz I den. A laquelle tailhe suyvant l'ancienne trans-
action, le Pradelest cottizé 3 d. po' livre faisant en lad. tailhe
2 liv. 13 solz 6d. «
a Le 20 décembre 1616, jay compté mon bestail lanu, pnt
Bamier, s'y en est treuvé 73 bestes, moutons et brebis et
41 aignaux, en tout 1 14 besles*. »
« Le dimanche 19 mars 1617, est venu à mes molins Guilh"'
Martin p' me servir de meusnier ayant prins mesd. molins à
ma main, où plaise à Dieu me donner et continuer sa béné-
diction.
M Depuis le susd. jour jusqu'au mardi 10 apvril en suyvant,
jay prins auxd. molins les moutures qui sy sont gaignées durant
led. temps, du 19 mars au 27 may, assavoir : froment 9 sestiers
2 quartes 3 cyvadiers, annone 13 sest. 1 cyvad. »
tt Le samedy 3 juin 1617 la laine proveneue du susd. bes-
tail a esté partagée entre nous par moytié et y ayant eu en
1 Tabliers.
' Olivier compte encore sou troupeau de bétes à laine^ en présence de Barnler.
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iU OLIVIER DE SERRES.
tout 193 '' (livres) layne et 35 * anis revient à cbascun de
nous 96 liv. layne et 17 liv. -f anis / cela est sans avoir rabattu
la pezanteur des sacs et liuceulx. »
u Barnier a bailhé po' moy à mon filz Sabatier ' trente huict
livres dix soIz,le 22 febvrier 1618, com il m'a faict apparoir
par la lettre dud. Sabatier dattée dud. jo^ dont ay bailbé ac-
quit aud. Barnier, cy 38 liv. 10 s. «
« Margueritte Solery, de Tournon s'est louée à moy po'
cbambrière une année començant le quiuziesme may 1618,
ayant convenu avec elle, présente ma filbe de Sabatier, luy
donner po' ses gages, en argent treize livres et l'usage des
souliers ou bien une chemise et douze livres en argent*. »
i< liC samedy 9 mars, ayant, Barnier et moy calculé le bes-
tail, avons treuvé en avoir tiré 14 bestes, aucunes tuées po' la
prou vision delà maison et les autres mortes despuis le 17novbrc
sus escript. »»
« Le jeudy 16 aoust 1618, jay vendu à s' Fumati boucher de
Villen neuf moutons à 3 liv. 7 solz 6 den. pièce montant —
30 liv. 7 s. 6d.n
« Le 18 novbre jo' S'-Chaffre, foyre à Myrabel, Barnier a
vendu deux chèvres miennes 5 liv. 10 solz et quatre brebis à
25 solz pièce, montant 5 liv. et le tout 10 liv. 10 s. »
> Sabatier, clavaire du Roi, à Villeneuve, avait épousé Bonne des Serres, la pre-
mière Hlle d'Olivier.
^ Marguerite d'Arcons venait de mourir; son pauvre mari se fit assister de sa
fille Bonne, pour le choix d'une servante.
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OLIVIER DE SERRES. 125
u Led. Barnier a bailhé à mon filz de Leyris ' une brebis,
lejo' 17novbre 1618. >»
« Le 19 décembre 1618, jay bailhé à Barnier, mon rentier,
acquit de la som de quatre vingt dix neuf livres huict solz six
deniers qu'il avait fournie po' moy et de mon mandement,
assavoir 80 liv. 6 s. en argent bailbées à mon filz de Leyris le
3 décembre, po' employer au procez que jay à Orange* et le
reste en petites parties contenues en un roole quay retiré,
cy 991. 8 s. 6 d. »
« Qui est-ce qui nous séparera de l'amour et charité de
« Jésus-Christ? Sera ce la tribulation, Tangoîsse, la faim, la
« nudité, le danger, la persécution ou le glaive? Mais en tout
« cela nous sommes victorieux pour l'amour de celuy qui nous
« ayme. S^-Pol Rom-S. »
Ce sout les dernières lignes tracées par Olivier de Serres
sur son Livrer-jour naL II mourut le 2 juillet 1619.
1 Daniel de Serres, qui habiuiit Villeneuve-<]c Bcrg.
' Ce procès était relatif au compte de tutelle des enfants de Jean de Serres,
frère d'Olivier.
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CHAPITRE X
MORT D OLIVIER DE SERRES.
FiOrsque Olivier de Serres eut publié son Théâtre d'agri-
culture, il ne considéra pas sa tâche comme terminée; il sen-
tait bien que son ouvrage était imparfait, et, dans plusieurs
passages de son livre, il annonce le projet qu'il avait de le
continuer. Il se proposait de donner un « Traité exprès sur
les parcs » , pour chasser en grand ' ; un « Traité sur les mou-
lins à moudre les btés^ », et enfin un « Traité sur l'archi-
tecture rustique^ pour donner des avis au père de famille, à
se bien bastir aux champs, selon le vrai art avec commodité
et espargne ' « .
Notre auteur continua ses expériences; sa propriété du
Pradel était devenue une école d'application, une magna-
nerie anticipée, où les possesseurs des environs et des pro-
vinces voisines venaient s'instruire et puiser les moyens
d'étendre et de propager la nouvelle industrie, la Cueillette
de la soie.
1 Th» d*Ag, Cinquième lieu^ cli. su
* Id. Huitième lieu, cb. l'^
* Id.jcb. iiié
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OLIVIER DE SERRES. 157
Olivier dut certainement composer les ouvrages qu'il an-
nonçait devoir un jour paraître ; ils sont malheureusement
perdus pour la postérité. Nous eu avons vainement clierché
des traces dans les manuscrits du grand homme.
Nous sommes en 1617, Olivier de Serres, accablé de fa-
tigue et d'années, se sent à la fin de sa carrière, et il fait ses
préparatifs de départ pour un monde meilleur, vers lequel
sa femme bien-aimée l'a précédé depuis quelques mois seule-
ment. Un jour, dans le silence de son cabinet du Pradel, il
écrit ses dernières volontés. Il avait déjà fait deux testaments
par-devant le notaire Tailhand : un le 25 août 1595 et l'autre
le 8 décembre 1612; mais son dernier, du 20 août 1617, il l'a
écrit tout entier de sa main. C'est celui qui est pieusement
conservé au Pradel et que nous publions aux Pièces justifia
catives, sous le n'* 9.
Le lendemain, 21 août, par-devant M* des Arnaud, no-
taire, il fait une donation à son fils « noble Pierre des Serres,
docteur en droit à Villeneuve de Berg, tant en considération
des agréables services qu'il a reçus par cy devant et reçoit
journellement que pour l'amitié particulière qu'ail a envers
lui, d'une pièce de terre complantée en vigne fort vieille,
située au mandement de Villeneuve, terroir de Montalivet
contenant dix journées d'hommes à fessoycr ' «.
Vers la fin de Tannée 1618, Olivier fit plusieurs règlements
de comptes avec Barniei-, et il mourut bientôt après, le 2 juil-
let 1619^, âgé de quatre-vingts ans.
^ Archives du Pradel,
• Voir Ja pièce justificative n" 10.
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1Î8 OLIVIER DE SERRES.
C'est dans celte colonie agricole du Pradel, au sein de cette
académie d'expérimentation, que l'illustre patriarche de
l'agriculture française s'endormit dans un tranquille repos,
entouré de ses nombreux enfants et de sou fidèle Baruier.
Il fut inhumé au cimetière de VilIeneuve-de-Berg, ainsi
qu'il l'avait recommandé dans tous ses testaments. Les funé-
railles de ce grand génie des champs furent simples comme
l'avait été son existence ^
Que devient, après Olivier de Serres, son domaine du
Pradel, le théâtre de ses combats agricoles, son champ de
bataille pacifique?
Sous le règne de Louis XIII, les querelles religieuses ayant
repris un nouveau degré d'acharnement, la lutte contre le
protestantisme devint plus vive ; on voulut le détruire dans
ses principaux boulevards.
En 1628, un détachement des troupes royales vint faire le
siège de la seigneurie du Pradel, et, malgré la défense hé-
roïque de Daniel de Serres, le vieux manoir fut pris et rasé,
à Texception d'une seule tour qui survécut au désastre et sert
encore de but aux pèlerins de la science.
^ (Jn mémoire de Daniel de Serres porte que « les médicaments de la maladie
dont le s*" du Pradel, son père, mourut reviennent à la somme de treize livres trois
sotz, ainsy qu'appert du rolle et acquit du s** Reynet apothicaire, du 5 sep-
tembre 1619.
« Ces remcdes et médicaments ont esté employés de l'ordonnance de M. du
Chauds, docteur et médecin fameux.
« Dict aussi avoir fourny pour les frais funèbres de son père jusques à la somme
de dix livres, »
(Archives du Pradel.)
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OLIVIER DE SERRES. 129
La famille fut dispersée, les plantations détruites; ces jar-
dins magnifiques, ce berceau de l'agriculture d'où la règle
agronomique, d'où Tin lustrie de la soie s'étaient échappées
pour se répandre sur le sol de la patrie, étaient livrés à la
plus ingrate dévastation.
En 1793, quand la fougue populaire était à son plus haut
degré de représailles vengeresses, quand le marteau niveleur
mettait au ras du sol les propriétés féodales, une seule sei-
gneurie fut respectée, c'était le château d'Olivier de Serres,
que son fils Daniel avait reconstruit sur les ruines laissées par
les canons de Montmorency.
Ainsi, sans respect pour le souvenir d'un homme qui venait
de doter la France de deux sources de prospérité, les troupes
royales saccageaient un sanctuaire que le peuple, dans la
religion de sa reconnaissance, vouait au culte de l'admiration.
Des fenêtres du Pradel, on aperçoit, un peu vers le nord,
un bouquet de cyprès au noir feuillage plantés en carré, au
milieu des champs. liCur isolement et surtout leur ancienneté
ont fait croire qu'ils indiquaient le lieu où avait été enseveli
Olivier de Serres ; ces cyprès indiquent bien l'ancien cime-
tière du Pradel, mais Tillustre agronome n'y a pas été inhumé.
Dans ses trois testaments, Olivier a ordonné que son corps
fût enseveli au cimetière de Villeneuve-de Berg, tombeau de
ses prédécesseurs; sa dernière volonté a été exécutée. Au-
cun vestige de cette sépulture n'existe aujourd'hui à Ville-
neuve; la tombe d'Olivier de Serres a disparu. Ses restes
9
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130 OLIVIER DE SERRES.
mortels ont-ils eu la destinée de tant d'autres? ont-ils été
profanés ou reposent-ils en paix sous la terre? Le testament ^
de Daniel de Serres, de 1624, que nous publions aux Pièces
justificatives (n° 12), nous apprend que la « ri{;uenr de ce
misérable siècle les a chassez comme vrais chrestiens et
privez du ïumbeau de leurs prédécesseurs » .
Le 6 mars 1621, le duc de Montmorency, qui fai&ait une
guerre à mort aux huguenots, s'empara de Villeneuve-de-
Berg et du Pradelj il fit raser le temple protestant, dont les
ruines servirent aux réparations de la citadelle ^
Il est probable qu'il fit détruire également toutes les tombes
des protestants.
Après avoir fait saccager la demeure du célèbre agronome,
Montmorency ne recula pas devant une profanation; il fit
disparaître son tombeau.
Le sépulcre d'un grand bienfaiteur devrait être un autel où
les hommes viendraient honorer, dans le souvenir d'un mort
illustre, ce qui fut pour eux la source du bien et du beau : à
ce titre, dit le biographe Reisnes, le tombeau d'Olivier de
Serres devrait être un lieu de pèlerinage et de recueillement.
La destinée, sans doute, a laissé peser un mystère sur cet
homme, afin d'accroître son prestige. Il eût été plus conso-
lant de connaître l'intimité de son foyer et la fin terrestre de
ce grand semeur, qui sut élever si haut le culte de la terre
et l'honneur du travail; on aurait été heureux de toucher le
tombeau de ce génie rustique. Mais on peut se dii*e que la
' État des bieits du jadis Consistoire de Villeneuve, maDuscrit de 1688.
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OLIVIER DE SERRES. 131
vie d'Olivier de Serres n'a pas besoin de faits pour avoir choit
au respect de la postérité. Elle est simple et forte comme la
nature; son Théâtre des champs est un assez beau monument,
et sa mémoire vivra à jamais dans le cœur des agriculteurs
et de tous les hommes de bien.
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CHAPITRE XI
OLIVIER DE SERRES OUBLIÉ PENDANT CENT CINQUANTE ANS. —
RÉSURRECTION DE SON GÉNIE. — HOMMAGES A SA MÉMOIRE.
Le Théâtre d' Agriculture eut dix-neuf édilions; la deroière
est datée de M.DC.LXXV, à Lyon, chez Antoine Beaujollin.
Depuis cette époque, l*âme d'Olivier semble absente, si
complet est Toubli qui survient, si profonde l'ingratitude,
qu'aucun bistorien, aucune œuvre humaine ne vient même
plus rappeler son nom. La Maison rustique de Charles
Estienne avec les additions de Liébaut, son gendre,- plus
ancienne que le Théâtre d' Agriculture, et bien inférieure à
ce livre, resta cependant plus populaire. Si l'on prend soin de
compulser les livres d'agriculture qui se publient, on peut se
convaincre qu'Obvier a fait tous les frais intellectuels de ces
publications, et qu'il est la source à laquelle tous les écrivains
agronomes, même les plus modernes, reviennent puiser.
On se demande comment les ouvrages d'Olivier de Serres,
et notamment ce Théâtre des champs, qui, lors de son appa-
rition, avait eu une vogue européenne, aient pu tomber, au
bout de cent cinquante années, dans le plus complet oubli.
Une explication se présente; Olivier étant calviniste, peut-
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OLIVIER DE SERBES. 133
être les imprimeurs catholiques n'osèrent-ils plus reproduire
son œuvre après la révocation de l'édit de Nantes (1685), qui
eut lieu dix années après la dix-neuvième édition du Théâtre,
M. de Falioux, dans sa notice sur Olivier de Serres, cite
deux opinions qui attribuent cette indifférence soudaine à
deux causes : « D'abord, la sévérité des édits de fiOuis XIV
contre les protestants, qui aurait traité Olivier en calviniste
posthume; mais ce livre ne pouvait faire encourir aucune
responsabilité dangereuse aux imprinieurs s'ils eussent jugé
la réimpression lucrative, et ce motif nous parait dénué de
toute espèce de fondement. On en allègue un second qui,
sans paraître concluant, serait infiniment plus admissible :
c'est qu*on était parvenu à une époque de réaction contre le
vieux style gaulois. T^es poètes mêmes du seizième siècle
étaient frappés d'une sorte de discrédit , et il faut pardonner
ce purisme exagéré à un siècle qui se montrait assez fécond
pour se suffire à lui-même; les grandes voix de ces temps
méritaient bien que tout fît silence pour les entendre, et Tin-
justice commise envers Olivier de Serres , prise à ce point de
vue, serait peu surprenante; toutefois, il me semble qu'à des
causes toutes littéraires on en peut joindre d'autres qui res-
sortent directement de notre sujet.
w Sous Louis XIV, tous les genres de culture, même celle
de la terre, visaient à une forme de beau, classique, idéal, et
Laquintinie ou Lenôtre devaient tout naturellement l'emporter
sur Olivier. Louis XIV n'aurait assurément pas voulu déplan-
ter les mûriers installés aux Tuileries par son aïeul Henri IV;
mais il était plus préoccupé de vaincre le sol rebelle de Ver-
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134 OLIVIER DE SERRES.
sailles, d'en faire surgir par force l'eau à travers le bronze et
le marbre, les arbres sous le ciseau et l'équerre. Laquintinie,
directeur général des jardins royaux, et qui, lui-même aussi, a
laissé des livres recommandables, excellait a tailler les arbres
fruitiers et les arbres d'agrément en sévères lignes de pyra-
mides, de quenouilles ou d^arcade. On lui dut une améliora-
tion particulière dans la pépinière française : c'est celle du
figuier, dont le fruit, luxe des tables somptueuses, était un
objet de prédilection pour le Roi. Comparez maintenant les
deux cadeaux que Laquintinie et Olivier firent à la France,
et vous aurez un emblème tout agricole des deux bommes,
des deux princes et des deux époques. On entrevoit, dans ce
simple aperçu, que l'imagination se plairait aisément à déve-
lopper l'habitude d'une certaine splendeur factice qui, passant
des petites choses aux grandes, appartient à un autre tribu-
nal que le nôtre en ce moment. »
Olivier de Serres fut donc oubUé tout à fait sous Louis XIV
et sous Louis XV. Ce ne fut que vers le milieu du dix-huitième
siècle que son grand ouvrage redevint tout à coup l'objet de
l'étude et de l'admiration des écrivains nationaux et étrangers.
L'Écossais Patullo, dans son Essai sur C amélioration des
ferre5( 1758), prétendait que l'agriculture française, du temps
de Henri IV, avait été plus avancée que du temps de Louis XIV,
et ses preuves étaient tirées du livre d'Olivier de Serres.
Haller, dans sa Bibliothèque botanique (1771), caracté-
risait ainsi le Théâtre d'agriculture : « C'est un grand et bel
ouvrage d'un homme expérimenté , ami de la simplicité et
ennemi dçs procédés dispendieux. »
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OLIVIER DE SERRES 135
Le Grand d* Aussi, auteur de V Histoire de ta vie privée des
François (1782), avoue qu'il est redevable à Olivier de Serres
d'une foule de traits qui peignent la vie intérieure et les
usages d'autrefois.
J. B. Secondât, fils de Montesquieu, s'occupait particu-
lièrement d'agriculture, et afTectionnait si vivement le Théâtre
d'Olivier qu'il en savait par cœur de très-longs passages, qu'il
se plaisait à réciter h ses amis.
Mais ce ne fut que vers 1784 qu'eut lieu la renaissance, la
résurrection du génie d'Olivier de Serres.
L'abbé Rozier, doté par Louis XVI de l'abbaye de Nan-
teuil, se trouvait en possession d'une aisance et d'un loisir
suffisants pour composer et publier son cours d'agriculture.
Dans cet ouvrage, fort estimé dès son apparition, il rendit
hommage à son devancier méconnu, le cita, le remit au jour
et en valeur. fiC 8 mai 1788, il écrivait à M. de la Boissière :
n Olivier de Serres est, dans son genre, aussi sublime que Ber-
nard Palissy ; je l'ai chanté toute ma vie, et je le chanterai jus-
qu'à ma mort. Ce vrai Columelle français, bien supérieur à ce-
lui de la République romaine, traça d'une main savante les
préceptes de l'agriculture : c*est le seul de nos écrivains qui ait
été vraiment praticien, je dois cet hommage à mon maître. »
En 1786, l'abbé Rozier annonçait qu'il donnerait une nou-
velle édition du Théâtre d'agriculture.
La même année, Parmentier, publiant un Mémoire sur les
avantages que le Languedoc pouvait retirer de ses grains,
profita de cette occasiou pour retracer un tableau fidèle du
mérite et des travaux d'Olivier.
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136 OLIVIER DE SERRES.
Arthur Young, célèbre agronome anglais, quittait sa patrie
en 1789 pour venir, en disciple pieux, contempler ce manoir
du Pradel, et rechercher pas à pas les traces vénérées de son
ancien maître, le plus illustre agronome français.
En 1790, l'Académie de Montpellier offrit un prix consi-
dérable à l'auteur du meilleur éloge d'Olivier de Serres.
Ce prix fut remporté par Dorthès.
Deux ans après, un député de la Convention, Échasse-
riaiix, proposait de décréter que Bernard Palissy et Olivier
de Serres avaient bien mérité de leur siècle et de la nation,
et que leurs bustes devraient être placés dans la salle de la
Convention.
Grégoire réclama pour Olivier de Serres les honneurs du
Panthéon, « Il serait sublime, dit-il , le moment où les repré-
sentants du peuple français porteraient en triomphe la statue
d'un laboureur au Panthéon. »
Sous l'administration du préfet de la Seine Frochet, il fut
arrêté que la rue de Charenton, bordée de maraîchers, por-
terait le nom d'Olivier de Serres : cette rue existe tou-
jours.
Le 18 septembre 1803, François de Neufchâteau, ministre
de Tintérieur, prononça l'éloge d'Olivier de Serres dans la
séance publique de la Société d'agriculture de la Seine.
Il proposa de faire élever un monument simple (un bosquet
de mûriers et un marbre) aux Tuileries, sur remplacement de
la magnanerie créée par Henri IV, à l'extrémité de la terrasse
des Feuillants, là même où Olivier avait planté ses vingt
mille mûriers, et d'y inscrire cette légende :
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OLIVIER DE SERRES. 137
Cesl ici
quau commencement du dix^septième siècle,
sous le règne de Henri IF,
et de iordre exprès de ce prince,
vingt mille mûriers blancs
rassemblés et plantés
par les soins d'Olivier de Serres,
donnèrent le moyen de propager cet arbre utile
et d'élever les vers à soie
dans l'heureux climat de la France.
En mémoire de quoi
ce marbre a été érigé,
sous le consulat de Bonaparte
l'an de la République.
François de Neufchâteau proposait d'ajouter ces mots
énergiques de Pline :
Deus est mortali iuvare mortalem, et hœc ad œternam
gloriam via.
« Mortel, c'est être un Dieu qu'être utile aux mortels;
« C'est le chemin qui mène aux honneurs éternels. ^
Dès ce moment, l'hommage public de la France et même
de l'Europe savante est acquis à OUyier de Serres.
Charles Cafarelli, préfet de TArdèche, conçut le premier
l'idée d'élever, par une souscription nationale, un monument
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!38 OLIVIER DE SEIIRES.
à la mémoire d'Olivier de Serres, à Villeneuve-de-Berg, sa
patrie. Ce monument fut inauguré le 27 juillet 1804. C'est
une pyramide de onze mètres de hauteur, en marbre gris du
pays.
Sur la fac e principale, au-dessous d'un médaillon où se
voyait autrefois le buste d'Olivier, ou lit :
A
Olivier de Serres
du Pradel,
le premier et le plus utile
des écrivains agronomiques
françois,
les amis de l'agriculture.
DEUXIÈME FACE :
Van premier
du règne de Napoléon,
empereur des François,
triomphateur et pacificateur.
TROISIÈME FACE :
Sous le ministère
et par la munificence
de S, E. M, Antoine Cliaptal,
ministre de l'intérieur.
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OLIVIER DE SERRES. 139
QUATRIEME FACE :
Foué
par M. Charles Cafarelli ,
préfet du département de l'Ardèclie.
Achevé
sous la préfecture
de M Robert,
par les soins
de M. O, Pareil y ingénieur en chef
du département j
an XII, 1804.
En 1804 et 1805, la Société d'agriculture de la Seine publia
chez le libraire Huzard, à Paris, une nouvelle édition du
Théâtre d'agriculture et mesnage des champs, en 2 vol. in-4'*,
illustrés du portrait d'Olivier de Serres et de la pyramide
élevée à sa mémoire, à Villeneuve-de-Berg.
La même Société fit frapper, en Tbonneur du grand agro-
nome , une médaille de bronze dans quatre modules différents.
Une autre médaille fut gravée en 1821 par Donadieu, et
éditée par Bérard, dans la Galerie métallique des grands
hommes français.
Presque toutes les sociétés d'agriculture de France ont fait
frapper des médailles à l'effigie d'Olivier de Serres.
Le nom du grand agronome figure au frontispice du palais
de l'Industrie , aux Champs-Elysées, parmi les bienfaiteurs de
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140 OLIVIER DE SERRES.
rhumanitc, à côté de Franklin, de Parnienlicr, de Fulton, etc.
Le 29 août 1858, nne statue en bronze reproduisant les
traits d'Olivier de Serres a été érigée à Villeneuve-de-Berg.
Cette statue, une des plus belles œuvres du sculpteur Pierre
Hébert, est supportée par un beau piédestal en marbre gris
du Vivarais, sur lequel on lit :
A
OLIVIER DE SERRES
PÈRE DE L'AGRICULTURE FRANÇAISE.
VILLENEUVE-DE-BERG, SA VILLE NATALE,
A ÉLEVÉ CE MONUMENT,
SOUS LE RÉGNE DE L'EMPEREUR NAPOLÉON III.
1858.
OLIVIER DE SERRES,
SEIGNEUR DU PRADEL,
AUTEUR DU THÉÂTRE
D'AGRICULTURE,
NÉ A VILLENEUVE-DE-BERG
EN 1539,
MORT DANS LA MÊME VILLE
LE2.1UILLET1619.
En 1873, on a pu voir à l'Expositiou universelle de Vienne
un beau buste d'Olivier de Serres, commandé par le ministre
de l'agriculture au statuaire Emile Hébert, fils de l'auteur du
monument inaugurée à Villeneuve.
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STATUE D OLIVIER DE SERRES
A VILLENEUVE-DE-BERG
D*après une photographie de M. F. Tstmicr.
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OLIVIER DE SERRES. 141
A Toccasion du concours régional agricole qui eut lieu à
Aubenas, du 29 avril au 8 mai 1882 , le centenaire d'Olivier de
Serres fut célébré avec éclat; une nouvelle statue, œuvre de
M. Charles Bailly,fut érigée à la mémoire du grand homme, en
présence de Tillustre M. Pasteur et d'une foule de notabilités
françaises et étrangères. Cette statue, en matière plastique, a
été transportée au château et placée au bas de Tescalier mouu-
mental. Sur la face principale du piédestal, on lit cette inscrip-
tion :
PREMIÈRE FACE :
LA VILLE D'AUBENAS,
A SON COMPATRIOTE
OLIVIER DE SERRES.
1882.
DEUXIÈME FACE :
LA
SCIENCE DE L'AGRICULTURE
EST L'AME
DE I/EXPÉRIENCE.
OLIVIER DE SERRES.
TROISIÈME face:
CONCOURS RÉGIONAL
D' AUBENAS.
MAI 1882.
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î«2 OLIVIER DE SEI^RES.
QUATRIEME FACE :
POUR FAIRE ^
DE LA BONNE AGRICULTURE,
IL FAUT JOINDRE
LA SCIENCE,
L'EXPÉRIENCE ET L'ACTIVITÉ.
OLIVIER DE SERRES.
Enfin , le dernier hommage rendu à la mémoire d*Olivier
de Serres a été le Cabinet de travail de l'immortel agronome,
que nous avions reconstitué à Toccasion du Centenaire. C'est
dans ce sanctuaire qu'était or^janisée aotrc exposition histo-
rique qui eut un si grand sucrés.
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STATUt: D'OLIVIER DE SERRES
Inaugurée «i Aubena.s, le i*' mai 1882.
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BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES D'OLIVIER DE SERRES
I
V — La Cveillete de la Snye^ par la nourriture des vers
qui la font. Échantillon du Théâtre d'Agriculture d'OuviER
DE Serres, seigneur du Pradel. A Paris, chez lamet Meltayer,
Imprimeur ordinaire du Roy. M.D.XCIX. Auec Priuilege de
sa Majesté.
Peut in-8<> de 6 feuillets non chiffrés et 117 pnges de texte.
Cet opuscule forme le chnpitrc XV du cinquième Lieu du Théâtre tf agriculture.
2* — Traduit en allemand, par Rathgerber. Tubinge^
1603, in-4».
3' — Traduit en anglais par Nicolas Geffe. A Londres^ chez
Félix Kingston, 1607, in-4% fig.
II
p — La seconde richesse dv Mevrier-blanc, Qui se treuue
10
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146 OLIVIER DE SEURES.
en son Escorce, pour en faire des Toiles de toutes sortes,
non-moins utiles que la Soie, prouenant de la Fueille d'iceluy .
Eschantillon de la seconde Édition du Théâtre d'Âgricullure
d'OuviER DE SEmESy Seigneur du PradeL A Paris, chez Abra-
ham SavgraiUj rue S. lacques, aux deux Vipères. M.DC.lIf.
Auec Priuile{je du Roy.
Petit in-8<> de 28 pap^es.
Cet opuscule forme le chapitre XVI du cinquième Lit u du Théâtre (Tagricuhure
de 1603.
2" — Traduit en anglais par Nicolas Geffe. A Londres^ chez
Félix Kingston, 1607, in-4\
3"* — Opuscules de Pierre Riclier de Bellevaly premier pro-
fesseur de Botanique et d'Anatomie en l'Université de Méde-
cine de Montpellier; auxquels on a joint un Traité d'OLiviER
DE Serres, sur la Manière de travailler l'Ecorce du Mûrier
blanc. A Paris, M.DCC.LXXXV.
Grand in-8<> de 76 pages.
III
1* — Le Théâtre d* Agriculture et Mesnage des Champs
d'OLiviER DE Serres, Seigneur du PradeL A Paris^ M. D. C.
Par lamet Métayer, Imprimeur ordinaire du Roy. Auec
priuile{];e de sa Majesté et de l'Empereur.
In-f<> de 19 feuilleU non cfaiffrés et 1004 pages de- texte, fig.
2' — Seconde Edition, reueuë et augmentée par l'Auteur.
Ici est représenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien
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OLIVIER DE SERRES. 147
Dresser, Gouverner, Enrichiret Embellir, La Maison Rvstiqiie.
A Paris, M.DC.III. Chés Jbr. Savgrain.
In-4® de 22 f<?iiillfU non chiffres et 007 pages de texte .
3" — Troisiesme Edition... A PariSj M.DC.V. Chés Abr,
Savgrain* .
ln-4*> de 22 feuillets non chiffrés et 997 pages de teitr.
4r — Quatriesme Edition... A Paris, M.DC.VIII. Chez
lean Berjon rue Saint lean de Beauuais au cheual volant, et
sa boutique au Palais, en la gallerie des prisonniers.
ln-4<> de 33 feuillets non chiffrés et 908 pages de texte.
5** — Le Théâtre d'Agricvltvre et Mesnage des champs
d'Olivier de Serres^ 5^ dv PradeL Où est représenté tout ce
qui est requis et nécessaire pour bien Dresser, Gouuerner,
Enrichir et Embellir la Maison Rustique. Dernière édition,
^ Au sujet de cette édition, nous avons relevé ce qui suit dans le Livre raison
d'Olivier de Serres :
« Le 7 nôLrc 1601, Gedeon des Serres du Pradel , escuyer, s' de S* Montan,
« demourant à Paris , rue de Bethizy , paroisse de S* Germain de Lauxerois , règle
« comme procureur fondé d*Olivier des Serres, son père, avec Abraham Saugrain,
« marchand libraire, bourgeois de Paris, demourant rue S* leau de Latran, paroisse
M de S' Benoit le Bientourné, les conditions pour l'impression de la seconde édi-
« tion du livre le Théâtre dt agriculture dud. Olivier des Serres. — Acte reçu
« Nicolas Cresse et Jean François, no''*' du Roy au Chastelet de Paris. »
' Dans un compte que rend Abigaïl Raudoin, veuve de Gédéon de Serres, à son
beau-père Olivier, le 7 août 1614, nous lisons cet article : « l lus pour les frais
• faicts à la saisie /a icte sur M, Saugrain y marchant libraire, à la req^^ dudit
• s' père (Olivier de Serres), d*une impression /aide en la ville de Lion du TuÉATnB
« DE L*ACnicuLTURB. Ensemble pour les frais d'un homme quil auroit conuenu
u envoyer rxpret aud. Lion pour J^ lad, saisie^ Et ce qui a esté fourny tant aud.
K Lion^ povrsuiUes faictes au conseil du Boy au Chastellet de Paris que au parle~
• ment dud, lieu la somme de six cens Hures, » (Archives du PradeL)
De ce document original, 8if;né par Abigaïl Baudouin , Olivier des Serrcâ et
Daniel du Pradel, il résulterait qu*une édition du Théâtre aurait été imprimée
clandestinement à Lyon.
10
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148 OLIVIER DE SERRES.
Reueuë el Augmentée par TAulheur. A Genève, Par Matthiev
^er/oii, M. VIC.XI (1611).
In-S^' de 48 fouillcU non chiffrés et 1198 pages de tezte.
G* — A Paris, M.DC.XV, Chés Abr. Savgrain.
ln-4° de 26 feuillets non cliiffrcs et 907 pages de texte.
7' — A Paris, M.DC.XVII. Chés Jbr. Savgrain.
Cette prétendue édition de 1617 est la inème que la précédente; on s*est borne
seulement à rrgrnver la date du titre.
8^ — Pour Pierre et Jacques Cliouët, M.DC.XIX, in-4*
sans lieu d'impression; mais on verra plus loin que les Chouël
étaient libraires à Genève.
2V feuillets non cliif.Vés et 878 pages de texte.
9" — A Rouen, chez Lovys dv Mesnil, petite rue Sainct
lean, à la Croix d'Or, M.DC.XXIII.
In-4* de 21 feuillets non cbiffrés et 907 pagos de texte.
10" — A Roven, chez Robert Valentin, dans la cour du
Palais, M.DC.XXIII.
In-4« de 20 feuillets non chiffrés et 908 pages de texte.
W—kGeneve, Vouv Pierre et laques Cliouët,M.DG.XXlX,
Cette édition eH une réimpression littérale de celle de 1619.
12' — A Rouen, chez lean de la Mare^ au haut des degrez
du Palais, M.DC.XXXV.
1 diiion réimprimée textuellement sur celle de Robert Valenttn, de 1623.
13' — Genève M.DC.XXXE.
Edition annoncée sous le n" 424 d'un catalogue de livres choisis, vendus en
février 1789 par le libraire Royez, à Paris.
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OLIVIER DE SERRES.
U9
14" — A Gjneve, Pour Pierre et laques Cltouël,
M.DC.XXXIX.
Edition réimprimée sur celle de 1G29, des mêmes libraires.
15° — A Rouen, Chez lean Bertlielin, dans la Court du
Palais, M.DC.XXXXVI.
Réim|iression pure et simple de Tédiiion de 1635.
La vignette du titre, que nous reproduisons, représente un for{»eron au travail
dans son atelier, avec cette épigraphe autour : Cvncta in tempore.
16° — A Genève, Imprimé pour Samuel Cliouët, M.DC.ÏjI.
Réimprimé sur Tédition de 1639, page pour page.
17° — A Genève, Imprimé pour André Cliouët, M.DC.LXI.
IS"" — A Roveny chez David Bertlielin, dans la Cour du
Palais, D.MC.LXIII (1663).
Edition semblable à celte de J. Bcrtbelin, de 1646.
19* — Dernière Edition, Reueuë, Corrigée de nouueau, et
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150 OLIVIER DE SERRES.
Augmentée de la Chasse au Loup, et de la compositioa et
vsage de la lauge. A Lyon, chez Antoine BeavjoUiny rue de
la Belle-Cordière, M.DGJiXXV, Auec Permission.
20" — Théâtre d'Agriculture et Ménage des champs d'Ou-
viER DE Serres. Où Ton voit avec clarté et précision Tart de
bien employer et cultiver la terre, en tout ce qui la concerne,
suivant ses différentes qualités et climats divers, tant d'après
la doctrine des anciens, que par l'expérience. Remis en Fran-
çois, par A. M. Gisors. A Paris, chez Meurant, libraire pour
l'Agriculture, rue des Grands-Augustins, n* 24, an. XI, 1802.
4 vol. in-8**. — Cette cdiiion est faite sur celle in-folio de 1600.
21" — Le TuÉATRE d'Agriculture et mesnage des champs,
d'Olivier de Serres^ seigneur du Pradel; dans lequel est re-
présenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dres-
ser, gouverner, enrichir et embellir la maison rustique. Nou-
velle édition conforme au texte, augmentée de notes et d'un
vocabulaire; publiée par la Société d'agriculture du départe-
ment de la Seine. Paris, Huzard, 1804-1805, 2 vol. in-4%
portraits et figures'.
Il a été tiré quelques exemplaires sur grand papier, formant V volumes.
Notons ici un abrégé du Théâtre, publié sans nom d'au-
teur et imprimé en 1695, à Grenoble, sous le titre : Agriculture
et ménage des champs et de la ville, 1 vol. in-12, de 250 p. *.
> C'est de cette édition que nous avons tiré ces notes bibliographiques.
* L'abbé Mollier, Recherches historiques sur Villeneuve-de-Berg^ page 211
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DU PORTRAIT D'OLIVIER DE SERRES
PEINT PAS SON FILS DANIIL.
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ICONOGRAPHIE
PORTRAITS D'OLIVIER DE SERRES
1* — Portrait original d'Olivier de Serres, dessiné par son
fils Daniel et conservé au vieux manoir du Pradel.
C'est un petit dessin <^ la plume, colorié en rouge, sur un
papier vélin. La tète et le col de la chemise, seuls, sont des-
sinés et circonscrits dans un ovale, ébauché à peine et d'une
façon assez incertaine, au haut duquel on lit : « Cest le por-
u trait de tr noble oliuier desserres, sgr du pradel, âgé de
« 80 ans, tiré par son fils, 5'' de Leyris, 20 ans auant son
tt deces, mort le 2 juillet 1619. »
Ce portrait est placé sous verre, dans un cadre en bois doré,
fort laid, grand comme la main, 162 millim. de hauteur, sur
1 13 de largeur et 12 millim. d'épaisseur.
Au dos de cette relique, à laquelle on n'a jamais nen changé,
on lit ceci : « S'est l'original du portrait D'olivier de Serres,
« lequel fut porté à paris par M. Faujas (de Saint-Fond) pour
a en tirer des copies. »
Ce portrait a été sorti de son cadre quelquefois, pour être
confié à la poste, probablement à l'époque où on le fit repro-
duire à Paris; il a été doublé d'une façon regrettable dans sa
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15t OLIVIER DE SERRES.
hauteur; en sorte que la ligne du pli partage la tête crOlivier;
c'est fâcheux.
2" — Fac-similé du portrait original, par Maurice Vas-
chalde.
(Collection H. V.)
La cassure dont a été Tobjet l'original nous a donné l'idée
de le faire reproduire en fac-similé. L'imitation est parfaite,
c'est un pastiche tiès-réussi : papier enfumé, grossier, colorié
en rouge comme le dessin de Daniel. Cadre laid, étroit, abso-
lument de Fépoque d'Olivier, au dos duquel nous n'avons pas
oublié l'inscription naïve de l'original.
Ce fac-similé eut beaucoup de succès à l'Exposition histo-
rique d'Olivier de Serres, en 1882.
3' — Olivier de Serres, s»' du Pradel, Auteur du Théâtre
d' agriculture, mort le 2 juillet 1619, âgé de 80 ans, peint
par son fis en 1599. Tourné à droite, dans un ovale équarri.
— Grav. par Miger. Haut. 147 mill. Larg. 102 mill.
(Collection H. V.)
4' — Olivier DE Serres, seigneur du Pradel, né en 1539,
mort le 2 juillet 1619. — Tourné à droite, dans un ovale, E.
Roger, se. — Haut. 97 mill. Larg. 77 mill.
(Collection 11. V.)
5* — Olivier de Serres. — Tourné à droite. — Claire-voie,
Dequevauviller, se. — Haut. 74 mill. Larg. 64 mill.
(Collection II. V.)
6" — Lithog. de .T. F. Rousseau à Marseille, in-8'. — Tourné
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OLIVIER DE SERRES. 153
à droite dans ua ovale, autour duquel on lit : Messire Olivier
DE Serres, seigneur du Pradel, Patriarche de l' Agriculture^
né en Fivarais, en 1539, mort te 2 juillet 1619.
Au bas de Tovale sont les armoiries (incorrectes) des de
Serres, et sous les armoiries cette inscription : Deusestmortali
luvare mortalem et hœc ad œternam gloriam via. — C. Plinii :
Hist. nat., liv. II, ch. vii.
Illustre par ta naissance,
Par tes vertus , par tes* bienfaits ,
Grand Serranus, de la France
Tu sens mériter à jamais
L*amour et la reconnaissance.
Ce portrait, qu*aucun iconographe n'a cité, est excessive-
ment rare.
(GollecUon IL V.)
T — N., in-8% gr. au trait. Dans un ovale à claire-voie. —
Au bas, cette ligne : 0. de Serres.
8» — De Serres, in-12, gr. au trait par Landon. — En
haut : Hist. de France.
(Collection H. V.)
9* — Monsiau del. Devillers sculp , in-8". — Buste d'O//-
vier de Serres posé sur un piédestal, entouré d'instruments
aratoires, au milieu d'un paysage.
(Frontispice du 3* volume du Théâtre ^ édition de 1802.) Le portrait n*est pas
exact.
En avril 1885, le dessin au bistre, de Mons'au, a été vendu à la vente de Gus-
tave Chartener, de Metz.
10* — J. F. Garnery del. Victor sculp., in-18.
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154 OLIVIER DE SERRES.
1 1" — Gautlierot, ciel. TJthog., in-4*.
12* — N., in-fol. Lithog. de Langlumé.
13* — Olivier de Serres, cultivateur, seigneur du Pradel,
gr. sur bois à claîre-voîe. — Tourné à gauche.
(Magasin pittoresque ^ année 1839, p. 64.)
Collection H. V.
14* — Olivier de Serres, lithog. în-8* à claire- voie. —
Millet (lel.
(Collection H. V.)
15* — Olivier DE Serres, in-4% dans une couronne d'é-
pines. — Tourné à gauche. — gr. sur bois.
(Les Amis du peuple, année 1858.)
Collection H. V.
16* — Olivier de Serres, in-18, dans un ovale à claire-
voie, gr. sur bois.
(.y fusée national.)
Collection H. V.
17« — Portrait gr. à Teau-forte par le peintre Mallet. —
Olivier de Serres, tourné à droite, écrit, tout en tenant de la
main gauche un bouquet de cocons à la bruyère.
Cette gravure a 170 mill. de haut sur 110 de large.
(Collection H. V.)
18' — Grand portrait au crayon, par Maurice Vaschalde.
Au canton dextre sont peintes les armoiries d'Olivier de
Serres.
(Collection H V.)
Le portrait placé en tète de notre livre e^i une pbototypie de ce crayon, qui fut
très-reroarqué au Cabinet de travail d*Olivier de Serres.
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ESTAMPES
V — Le TnÉATUE d'Agricvltvre et Mesnage des champs,
d'Olivier de Serres, seignevr dv Pradel. — A Paris, M.D.C.,
iii-folio.
Saperbe fronlUpîce, grav. par Mallery.
(Collcclion H. V.)
Noas en donnons une rédaction pag. 8^.
2' — Olivier de Serres montrant Cagriculture aux paysans
des CévenneSy gr. sur bois.
Olivier est représenté portant toute la barbe, ce n'est pas
exact.
[La France iflu^irre, par Malte-Bruk (Aidèche). — Éd. pibliée par Gustave
Harba.)
Collection H. V.
3" — Une vue du Pradel, gravée à Teau-forte par le peintre
Mallet. — Gr. in-8\
(Olivier de Serres el le Pradel, par Léon Vboei.. Largentîère, 1882.)
4* — Olivier de Serres recevant au Pradel renvoyé
d* Henri JF. — Gr. à Teau-forte par Mallet.
Au premier plan, le surintendant général des jardins de
France, M. de Bordeaux, baron de Colonces, avec sa suite :
groupe de brillants seigneurs costumes de cour, riches et
élégants. Près de lui, figure principale du tableau^ Olivier,
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156 OLIVIER DE SERBES.
lin rural de l'époque, qui fait planter un mûrier pai* deux de
ses serviteurs, dont Tun est certainement Jacques Barnier.
(Collection H. V.)
5' — Statue d'Olivier de Serres à Aubenas, œuvre de
INT. Charles Bailly, statuaire lyonnais, gr. sur bois.
1." Illustration du 29 avril 1882. — },' Univers illustré du 6 mai 1882. — Le
Monde illustré du 13 mai 1882. — Revue illustrée du 20 mai 1882.
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PLASTIQUE
STATUES ET BUSTES D'OLIVIEU DE SERRES
J" — Statue, par Pierre Hébert; réduction en plâtre de son
premier projet. Le soc de charrue est remplacé par des livres
empilés.
(Appaiiii'nt a M"* veuve Cliamjianlier, députe.)
2" — Statue, par le même; réduction en bronze du monu-
ment érigé, en 1858, à Villeneuve-de-Berg. C'est la plus belle
statue qui existe de Tagronome. Olivier est dans une attitude
méditative; il semble chercher la solution d'un problème.
(A In mairie (1* A ubcnas.)
3« — Projet de Régis Breysse (le berger du Béage) ; réduc-
tion en plâtre de son ébauche faite en 185G. Olivier, debout,
tient, de la main droite un peu relevée, un cocon; de la main
gauche, tombant le long du corps, un petit rameau de mû-
rier; derrière lui, des flottes de soie posées sur des livres.
Les détails, le costume sont bien, mais la physionomie
manque d'élévation et de noblesse.
(Collection II. V.)
4» — Projet de Martigny ; réduction en plâtre de l'ébauche
faite en 1857. L'attitude est assez heureuse.
(A la préfecture de l'Ardcclie.)
5" — Buste en terre cuite, demi-nature, par Emile Hébert,
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158 OLIVIER DE SERRES.
commaadé par le Ministre de rAgriculture^pour TExpositioa
universelle de Vienne, en 1873. OEuvre remarquable.
(CoIlccUon H. V.)
6" — Slatuette en bronze, surmontant une pendule. Rien
n'est plus faux que la physionomie d*01ivier, qu'on représente
avec toute la barbe et vêtu d'un long manteau.
(Cabinet 01 lier de Marichard.)
T — Statue du Centenaire. Réduction en plâtre du monu-
ment érigé à Aubenas en 1882. Le statuaire Charles Bailly a
représenté Olivier, debout, tenant de la main droite son livre
sur la Cueillette de la soye; du doigt de la main gauche
montrant un rameau de mûrier, sur lequel se promènent des
vers à soie, l'agronome s'écrie : Votre fortune, la voilà!
paroles reproduites sur le socle.
La statue du Centenaire a bonne façon, de l'entrain dans le
mouvement; mais cette exubérance, très-louable du reste,
donne un caractère un peu exagéré et théâtral à l'impression
de l'œuvre.
(Collcclion H. V.)
8' — Réduction, mais dans de plus grandes proportions,
de la même statue. — Terre cuite exposée au Salon lyonnais,
en 1883, sous le n"" 36, par l'auteur, Charles Bailly.
Citons un beau buste en marbre du temps de Henri IV,
et un médaillon en métal ciselé, représentant Olivier,
qu'un M, de Serres, qui était dans l'administration des
douanes à Marseille, en 1835, possédait '.
1 Reisnes, Olivier Je Serres, Privas, 1858. Page 8.
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NUMISMATIQUE.
MÉDAILLES D'OLIVIKR DE SEÏ\Ï\ES
1* — Médaille en argent, gravée, parait-il, du temps de
Henri IV. Elle fait pendant avee une médaille, du même
module, de ce roi.
(Aa diàleau de Pradvl.)
2* — Olivier de Serres, né en 1539, mort le 2 juillet
1619. Buste à droite. — Revers : Société (V agriculture du
département de la Seine, — 4 modules.
3* — Olivier DE Serres. — Buste à droite. — Revers : Né
EN M.D.xxxix, à Villeneuve de Berg. Mort en m.dc.xix. —
Galerie métallique des grands hommes français. 1821. — Gr.
par Donadieu. — Module 41 mill.
C*est la plus belle médaille qui ait été frappée.
(Collection H. V.)
4' — Olivier de Serres, seigneur du Pradel. Buste à
gauche. — Revers : Couronne allégorique. — Gr. par Oudiné.
— Module 41 mill.
(Collection H. V.)
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160 OLIVIER DE SERRES.
5** — Olivier de Serres, né à Fitteneuve-de-Berg (Ar-
dèche). Buste à gauche. — Revers : Comice agricole de
l'arrondissement de Schelestadt. Couronne allégorique. —
Gr. par de TiOngueil. — Module 50 mill.
6" — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers :
Couronne allégorique. — Gr. par Desaide. — Mod. 50 mill.
(Colleclion H. V.)
T — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — lîevers :
Couronne de chêne et de laurier. — Gr. par Tasset. — Mod.
61 mill.
(Collection H. V.)
8" — Olivier de Serres. — En légende : Travaillez, pre-
nez de la peine: cest le fonds qui manque le moins. — Buste
à gaucho; et dessous : La Fontaine. Fables, liv. V. — Re-
vers : Couronne de laurier. — Module 55 mill. — Gr. par
Tasset.
(Colleclion H. V.)
9* — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers ;
La France, debout, au milieu d'un autel chargé de couronnes
et d'une ruche d'abeilles, tient, de la main gauche, un flam-
beau poiu' sceptre, et de la main droite une couronne. —
Légende : Prœmia magna quidem sed non indebita dono. —
Gr. par Tasset et Blondelet. — Mod. 50 mill.
(Colleclion H. V.)
10* — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — En légende :
L'agriculture est digne de tous les honneurs, — Revers : le
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OLIVIER DE SEURES. 161
même que la médaille précédente, mais sans la légende. —
Mod. 68 mill.
(Collection H. V.)
IV — Olivier de Serres. — Buste à gauche. Concours
départemental, 1875. — Revers : sur une banderole : Châ-
tillon-surSeine, et au-dessous, les armes de cette ville sur un
écusson couronné. — Gr. par Desaide. — Mod. 46 mill.
12'» — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers :
Couronne de chêne et de laurier. — Gr. par Tasset. —
5 modules.
13« — Olivier de Serres. — Buste à gauche. — Revers :
Société (V agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Lettres du
département de tArdèche. Couronne de laurier. — Gr. par
Tasset. — Plusieurs modules.
(Collection H. V.)
14" — Médaille du Centenaire, à l'effigie de li. Pasteur. —
Tète tournée adroite. — Louis Pasteur, membre de l'Aca-
démie DES SCIENCES. — Revers : V industrie de la soie à Louis
Pasteur, i illustre régénérateur de la sériciculture, — Cen--
tenaire d* Olivier de Serres. Mai 1882. — Légende : Union
des filateurs et mouliniers. — Région d'Aubenas. — Gr. par
Alphéc Duhois. — Mod. 50 mill.
(Collection H. V.)
Trois exemplaires (en or, argent et bronze) de cette belle
médaille, placés dans un riche écrin, furent offerts, en séance
solennelle., à Tillustre savant, le 6 mai 1882.
11
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CONCLUSION.
En terminant ce travail, nous émettons une idée que
partageront, nous aimons à le croire, tous les admirateurs
d'Olivier de Serres, et ils sont nombreux. Ce serait de pro-
poser à M. le Ministre de T Agriculture que le domaine du
grand agronome fût acheté par TÉtat, pour y créer une
ferme-école , qui porterait le nom du Pradel.
Le moment serait, ce nous semble, bien choisi pour cela.
Sous l'influence de causes diverses, il y a dans la population
des campagnes, dans cette forte race qui cultive la terre et
qui en possède la plus grande partie, un mouvement de
découragement qui est un des périls de Fheure présente.
Cette profession agricole, la plus noble parce qu'elle est
la plus indépendante, la plus solide, la plus saine par l'esprit
et par le corps, nous la voyons délaissée aujourd'hui pour le
travail de l'usine, dont la servitude pesante ne ressemble
guère à l'alternative de rudes travaux et de longs loisirs qui
constitue la vie des champs, ou pour le séjour des villes si
plein de faux attraits et de cruelles déceptions.
Toutes les forces sociales s'unissent pour sauver l'agricul-
ture, notre mère nourricière. La société met à sa disposition
ses découvertes les plus fécondes; Topinion ne lui a jamais
été si favorable, et les pouvoirs publics s'ingénient pour aider
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OLIVIER DE SERRES. 16d
à ses efforts, la relever et la soutenir. Le moment nous parait
donc bien propice pour la réalisation de notre projet.
I/antique domaine du Pradel deviendrait ce qu'il était du
temps d'Olivier, une académie d'expérimentation ; il se prê-
terait admirablement à la création d'un de ces champs d'ex-
périences agricoles inaugurés dans les Vosges.
S'il est accordé à l'ombre des grands hommes de hanter
après leur mort, ainsi qu'on le dit, les lieux mêmes où ils ont
vécu, souvent les élèves de laferme^écoledu Prac/e/ verraient
passer Olivier de Serres, tel qu'il se représente : « avec un
« livre au poing, se promenant par ses jardins, ses prairies,
«< ses bois, tenant l'œil sur ses gens et affaires. » Parfois
aussi, ils le verraient venir saisir les cornes de la charrue
pour leur donner des leçons de labourage.
Dans une des salles du château, on organi.serait le
Musée Olivier de Serres, où seraient exposés les documents
manuscrits, les livres, les portraits, gravures, bustes, mé-
dailles, tableaux, photographies, etc.; en un mot tout ce
qui rappellerait le patriarche de l'agriculture française.
Le domaine du Pradel ne sortit jamais des siens; il se
transmit de père en fils, de neveux en petits- neveux, d'héri-
tiers en héritiers jusqu'à nos jours, sans qu'aucune révolution
politique ou dépossession civile ait pu interrompre cette tra-
dition touchante. L'honorable M. h, de Watré, qui l'occupe
et qui est le digne héritier d'un culte que sa famille n'a cessé
de rendre à la mémoire d'Olivier, céderait peut-être son pré-
cieux héritage. Ce serait le plus éclatant hommage rendu à la
mémoire du grand agronome.
il.
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PIÈCES JUSTIFICATIVES
N- 1
CONTRAT DE MARIAGE D OLIVIER DE SERRES.
Mariage passé entre sieur Ollivier Desserres, Escuyer, habitant
de Villeneufue de berCy d'une part, et honnestefilhe Marguerite
d' Arçons filhe à Mons" Af" Jacques Darcons Licentié ez droictz,
juge de Mazan, habitant de Villeneufue de Berc, d'autre.
Au nom de la Saintissime trinilé, père et filz et S' Esprit soict
(aiet amen. Sachent tous présans et aduenir comme aujourd'huy
que Ton comte lan à lincarnation nostre Seigneur Jésus Christ,
mil cinq cens cinquante neuf et le unziesme jour du mois de juin,
Souuerain prince et sei{jneur Henry, par la grâce de Dieu reignant,
par deuant moy Jean Barbery no'* royal et tesmoings soubznommes
establyes en personnes Les partyes soubsescriptes. Lesquelles ont
accordé et conclut ainsy que i^era sy apprès escript sur le mariage
entre elles tant à la louange de Dieu auec Tayde duquel sera
accomply. En fiasse de saincte mère Esglize. Entre sieur Ollivier
desserres, escuyer, filz h feu Jacques habitant de Villeneufue de
berc, dioceze de Viviers, seneschaussée de Beaucaire et Nismes
d'une part, Et honnesle (ilhe marg** Darcons, filhe à Monsieur
M'* Jacques Darcons licentié ez droictz, Juge de Mazan, habitant
dudit Villeneufue de berc, d'autre,
premièrement Led. Ollivier Desserres, auec la Licence bon
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166 OLIVIER DE SERRRS.
plaizir et voulloir de honnesle femme damoiselle Louise de Leyris,
sa mère, Messieurs M'** Olliuierde Leyris Licenlyé ez droiclz, Juge
Tamporel des leuées du bieur Euesque de Viviers, et de Gabriel
de Leyris, prieur du prieuré de S* Marcel les Ârdèche frères, ses
oncles et certains parens et amis prësaus et assembles, a promis et
promet sur les saints Esvan{;illesN*'* Seigneur Jésus Gbrist prandre
pour sa femme et espouxe légitime, en fasse de Saincte mère Es-
glize lad. Margueritte Darcons, auec la Licence, autborité et bon
plaisir dud. sieur Juge Darcons et dum"* pierre de Maron ses père
et mère et autres ses parens et amis présans assemblés, a pareille-
ment promis et juré, promet et jure sur les saintz Esvangilles de
N'* Seigneur prendre pour son mary et Expoux. En face de saincte
mère E<%glize, led. s' Ollivier Desserres, présant et ace* ptantquand
ce (aire sera requis et ne suruient légitime empeschement. Et led.
mariage ainsy promis et juré, pour ce que de bonne et conuenable
coustume de toutte ancienneté approuuée et obseruée que doct
soit constitué aux fillics quand se marient affin que les charges du
mariage puissent eslre supportées plus légèrement, constitue en
personne led. M* Jacques Darcons, lequel ayant le présant mariage
agréable et afBn que mieux sorte en plain et entier effect, de son
gré et certain sçavoir, c*est h sçavoir pour luy, ses héritiers et ses
successeurs quelconques, à Taduenir, donne, constitue et assigne
en dot pour et au nom et à cauze du doct à sad. filhe Margueritte
Darcons présante auec sond. Espoux et pour eux stipulant et accep-
tant, et pour tous et chascuns des droictz de lad. Margueritte,
biens, droicls et actions paternelles et maternelles h elle apparte-
nant, à elle et aux siens et à Taduenir. G*est à sçavoir la somme de
quatorze centz liures et outre ce Cent liures pour ses robbes nup-
tiaux, Laquelle doct a promis led. M* Darcons payer espoux inter-
uenant Tinstipulation que dessus, C^est mille liures et le jour de la
solempnité du présant Mariage et les quatre centz liures restants
en quatre années et quatre payes esgalles, commançant la première
paye Tan révollu après la solempnization et consommation du pré-
sent Mariage, et les autres payes année par année, jusques à fin
d'entier payement, et les cent liures pour les robes lorsquelle sera
en âge compettant, avec les pactes suivants. Premièrement, que
si le présant mariage faisoit sepparaon par la mort dud. sieur
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OLIVIER DE SERRES. 167
OUivier Desserres Espoux, en ce cas led. espoux donne à sad.
espouze présente, stipulant et acceptant en augmentaon de doct.,
auec ou sans enfans la somme de Deux Cents liures. Et sy cas
adueneu que le présant mariage fist sepparaon parle decedzd'icelle
Margueritte espouxe, En ce cas avec la Licence que dessus donne
à son espoux prësant, stipulant et acceptant la somme de Cens li-
vres. Ilem a esté de pacte que s'il y auoit lieu de restituon du doct
parle decedz dud. Desserres, iceluy sera randu à lad. Margueritte
Darcons en la fasson et termes qui se trouuera auoir esté receu par
led. Desserres, et aduenant restituon par le decedz de lad. Darcons
lad. doct sera randue à qui de droict appartiendra. — Scauoir, les
mille liures de la première paye en deux payes esgalles, la première
de cinq centz liures du jour de la dissolution dud. Mariage en un
an ; la seconde dans Tan apprès en suiuant et les quatre centz liures
par semblables termes et payemens qui se trouueront receus et les
robes en Testât quy seront Ihors de la dissolution dud. mariage —
Item a esté de pacte que led. Desserres donnera à sad. espouse
présante et acceptant de joyaux jusques à la somme de Cens liures,
et desquelz joyaux elle pourra dispozer à sa vollonté à la vie et à
la mort — Item et en cas de viduité donnera à sadite espouse
présante et acceptant sur tous et chascuns ses biens, sa vie, alli-
mens et babilbemens sellon la faculté des biens dud. Desserres et
personne de lad. Darcons, tant qu'elle tiendra viduité bonneste et
ou elle ne pouroit ou ne voudroit commerser ou demeurer auec
les enfans ou autres héritiers dud. Desserres, en ce cas led. Desserres
donnera et assignera sur tous et chascuns ses biens à lad. Darcons,
chascune année pour sa viduité et allimens durant lad. viduité la
somme de quatre vingtz liures et une chambre meublée, et ce tant
que la dot de lad. Darcons durera entre les mains des hoirs dud.
Desserres, et au cas il la recouureroit, icelle receue seroit quittes
et lesd. héritiers desd. allimens et pansion. — Item a esté de pacte
que moyennant led. doct, icelle aud. espoux demeurera saulve
lad. Margueritte Darcons quittera, cédera et remettra comme par
ce contract quitte, cède et remet aud. M* Jacques Darcons et à ses
héritiers institués ou à instituer chascuns ses autres biens paternels
et maternels, sauf lad. doct et aux droictz d'institution, souscrip-
tion, leguatz ou donnation à l'aduenir. Et tout ce que dessus est
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168 OLIVIER DE SERRES.
escrit, lesd. parties et clinscunes d^elles, auec la Licence et aulho-
rite susdite ont ratiffié, esmologuë et confectionné, promis et pro-
mettent respectiuement tenir sans jamais y contrenenir, et qu'elles
n'ont dict, faict, ne passé, ne diront, feront, ne passeront aucune
choze pour Taduenir, Moyennant laquelle ce dessus n'obtienne
fermeté et perpétuelle robrue soubz leur bonne foy, obligation de
tous et cbascuns leurs biens piésans et aduenir quelconques, les-
quelz ont obligés et hypothéqués et souzmis aux forces et rigueurs
des courz royalle et commune de Yilleneufue*de berc, présidial de
Mons' le seneschal de Nismes, par chascunes des quelles courz ont
vouleu et voulons pour Tobseruation de ce dessus estre respectifue-
ment escritz et appellées, tout ainsy que les forces et rigueurs
desd. et chascunes d'icelles requises. Et ainsy l'ont juré sur saintz
Esvangilles N" Seigneur Jésus Christ auec les actes touchés, en
verlu duquel jurement ont renoncé auec l'autre que dessus à toutes
action et déception, subornation, force, crainte, impétraction,
escriptz, cancellations, droictz et moyens par lesquelz pouroit
contreuenir. A ce dessus chascunes parties a requis l'une et l'autre
octroyé acte et instrument leur estre faict par moy no" soubssigné,
qu'a esté faict, passé et récitté ce dessus aud. Yillen. de berc dans
la maison dud. s' Juge de Mazan, M* Jacques Darcons, Licentié;
présans en ce pour tesmoings y appelles Messieurs M' Aymar
Dlisson, Liccnlié ez droiclz. Juge de Bagnolz, Guilhaume Beboul,
doct. en médecine de la ville de pont S* Esprit, pierre Darcons,
prieur claustrier de l'abbaye N'» Dame de Gruas, Ollivier de Leyris,
Liccnlié ez droiclz, juge temporel des levées de Monseigneur
Leuesque de Viviers, Gabriel de Leyris, prieur de Sainct Marcel
les Ardèche, Aussy M" Vidal Cognot clauaire et procureur du Roy,
de Villen. de berc et son ressort, Jean Desserres not" royal, gref-
fier des Estatz particuliers du pays de Viuarès, Jean Comut, pierre
Archebrian, Jacques Jullien marchand dud. Villen. de berc
M^ Anthoine Saurin lieutenant de préuost en Viuarès, Anthoine
Duchier, lient' en la baronnie d'Aps et moy no" soubssigné. — Ce
faict led. jour par moy Jean Barbery, no" royal habitant dud.
ViMen. de berc, sans mutation d'inueslir autres actes par deuant
M' Louis Chalendar licentié ez droictz, commis de la cour royalle
du siège de Villen. de berc , et Charles Ganhat viguier de la cour
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OLIVIEIl DE SERRES. 169
commune de lad. ville et sont prësants lesd. donnateurs illec requé-
rant estre enregistrez, insignuez et publiez ez actes desd. cours
nousd. sieurs auoir prins le serment desd. parties et illec inter-
rogées sy esd. donnations estoit inleruenu dol, fraude, machination,
subornation, ains faict de leur bon gré et les acceptoyent comme
les ayant agréables, ce entendu lesd. sieurs comis et viguiers ont
tenu lesd. donnations pour insignuées et authorisées et publiées,
appointées, estre enregistrées aud. actes desd. cours royalle et
commune, octroyant acte de ce dessus et parties requérant leur
estre iaictetadjoinct aux précédans articles, par parties requérants
leur estre faict au précédant article par moy dit no'* soubssigné.
Barbery no'*.
Extraict tiré sur la minutte estant dans ung libure des nottes de
feu M* Barbery no'* par nous Louis Imbert et Antboine Croze,
no'" royaulx soub** et retiré par S' Laurans barbier, deubment
collationné ce 10 aoust 1668.
Signé : Croze, no".
Signé : Imbeht, no'*.
Jey la minutte à mon pouuoir
Signé ; Barbier,
Nous Guilhaume Gascon, docteur en droict, lieutenant de juge
en la cour commune et viguerie de Ville-de-berc, certifBons et
alestons à tons qu'il appartiendra que M* Ânthoine Croze et Louis
Imbert quy ont signé Textraict du mariage sur escript sont No'"
royaulx, habitans aud. Ville; aux actes desquelz foy est adjoulée
en jugement et dehors. En foy de ce nous sommes soubg"', faict
signer no'* Grefiîer et apposer le scel de nr* cour aux pntes.
Faict aud. Villeneufue en Yiuarès, ce treize aoust mil six cens
soixante huict.
Signé : Gascon, Lient.
Signé : Daisac, Greffier.
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170 OLIVIER DE SERRES.
«• 2
VASES SACRÉS CONFIÉS A OUVIER DE SERRES.
(2 mai 1562)
Inuentafre des Joyaux (for et d'argens rendus par M'* Michel d'Olbi,
prcsire garde diceux et de la sacristie de C église 5* Louys de
Villeneufiie de berc en Viueroys,
Premièrement une Gioix argent surdoré pesant, comprins le
bois qu*e;>t dedans, quatre liures et demie.
Item autre plus grande croix d^argent et cuiure surdorës poi-
santy comprins le bois qu'est dedans, neuf liures et demie.
Item un grand Reliquaire quarré d'argent surdoré , à quatre
paneaux de yerre, poisant le tout deux liures et demie, trois onces.
Ilem un reliquaire rond d'argent, pesant une liure cinq onces.
Item un calice d'argent et sa patène surdorés, pesant une liure
deux onces.
Ilem un petit calice avec sa patène d'argent, pesant demie liure
trois onces.
Item autre petit calice d'argent auec sa patène, le canon dud.
calice fourré en plomb, le tout pesant une liure, un quarteron
trois onces.
Item autre calice auec sa patène d'argent, le canon dud. calice
fourré en plomb, le tout pesant trois quarterons, trois onces.
Item cinq calices rompus auec leurs patènes d'argent, pesant
tous lesd. calices et patènes, comprins le plomb qu'est dedans
trois canons desd. calices, trois liures et demie.
Item un encensoir auec cinq chatnes, une rose aux deux an-
neaux, le tout d'argent, poisant une liure deux onces.
Item une salière couuerte d'argent, en partie surdorée, pesant
trois quarterons.
Ilem une croix d'argent surdorée en partie, dans laquelle a
aussi autre petite croix d'argent garnie de quelques pierreries et
une turquoise sur le pied et quelques autres choses incongneues
estant encloses en lad. petite croix, et en icelle grand croix y a une
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OLIVIER DE SERRES. 171
pelile vitre, le toutpesnnt une liure, trois quarterons, trois onces et
estant dans un estuy.
Item une custode d'argent, pesant demie liurc.
Item un petit reliquaire d'argent, pesant deux onces.
Les ornements drap d'or.
C'est la cliasuple, deux dalmatiques sans manipui et estoUes.
Un drap d'or autour garni de velours violet semé de croix
d'îirgent.
Autres habitz en damas orangé, à scauoir la chnppe , chasuble ,
dalmatiques auec leurs estolles et manipui.
Une chappe en damas rouge.
Autres habillemens en dnmis blanc completz, excepté le
minipul.
Item autres habitz complelz en satin violet, c'est une chasuple,
chnppes, deux dalmatiques estolles et manipules.
Ite n autres habitz en damas blanc, vieux, complelz hormis In
chappe.
Item autres habitz vieux velours noir completz, excepté d'estolle
et manipui.
Item autres habitz en camelot noir completz, fors que d'estolle
et manipui.
Item autres habitz en cadis noir completz, fors que des chappes,
manipui et estolle.
Item autres habitz en camelot rouge sans chappes.
Item une chappe en camelot verd.
Item une chappe en camelot blan" usée.
Item une chasuple en velours noir nuec estolle et manipnl.
Item autre chasuple velours noir et satin blanc.
Item autre chasuple camelot noir et drap rouge.
Item autre chasuple borassin, parsemée de fleurs de Lys jaunes.
Item autre chasuple tafetas violet.
Item autre chasuple tafetas laine et bleu.
Item autre chasuple toile damassée soyo.
Item autres trois chasuples figurées.
Item la chasuple tafetas verd.
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172 OLIVIER DE SERRES.
Item autres chasuples taffetas laine de peu de valeur.
Item autre chasuple toile fiçurée comme sur le verd, a esté
baillée pour vestir M. Saboli, pour ce la fault demander.
Item deux diaps qu'on mettoitsur le>mortz, Tund^astain fourré
de toile noire el Tautre de fustaine noir auec la croix en fustainc
blanc.
Item une bannière taffetas blanc auec Tirnage N'* Dame el
armoiries du Roy.
Item autre bannière taffetas rouge où est Timage S' Louys.
Item deux misselz parchemin.
Item une cliappe camelot changeant.
Item autre chappe vieille taffetas damassé (ané.
Item un drap rouge seruant de tapis.
L*an mil cinq cens soixante deux et second j' de May, souuerain
prince Charles par la grâce de Dieu , Boy de France régnant , par
deuant moy not" Royal, présentz les tesmoings soubz nommés.
Estably en personne par Perotin filz à feu André , Consul de la
pnte ville Villeneufue de berc en Viueroys, lequel auec l'assistance
de MM. Charles Gaignat viguier, Jacques Béchon docteur ez droitz
juge de la Cour commune de lad. pnte villeneufue, Jacques
Arçons licentié en droictz, hély Pastel et Jacques Julien aussy
licentiés, Jehan Barbery, Jehan Desserres, Anthoine Tailhand
not. Jehan Cournot marchand, françois d'Olby, Vidal prestre,
Jehan Dupuy babitans et conseillers d'Icelle ville a confessé et
confesse auoir vu et receu dud. M. Michel d'Olby habitant de lad.
ville tous et chascuns les joyaux d'or et d'argent habitz et ome-
mens d'Eglise et liures cy dessus au précédent inuentaire par le
menu déclarés et spécifiés, et desquelz du vouloir et consentement
desd. conseilliers assistans lesd. sieurs officiers a quitté et quitte
comme consul et en son nom propre , comme le touche , lesd.
M'* Michel d'OIbi et les sieurs autres parts de jamais ne luy en rien
demander, consentant à la cancellation du contract et inuentaire
par lesquelz led. M. d'OIbi se trouuoit chargé desd. joyaux, habitz
ornemens et liures receus par feu M* Philip not sur l'an
mil cinq cens quarante deux et par mesme moyen led. si' Jac**
Perrotin consul, auec l'assistance et consentement que dessus a
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OLIVIËU DE SEURES. 173
baillé et baille réalement, en pnce de moy d' iiol* à Si' Oliuier
Desserres, marchand de lad. ville , illec pnt et acceptant lesd.
joyaux d*or et d*argent, babitz et ornemens d'église et Hures con-
tenus aud. précédant inuentaire, lesquels led. Oliuier Desserres a
confessé et confesse auoir veues etreceues des mains dud. consul ,
promettant iceux soigneusement garder, les rendre et restituer
aud. consul ou autres ses successeurs aud. consulat, toulesfois et
quantes qu'en sera requis. Et pour tout ce dessus attendre et ny
contrevenir,led.Jacq. Perrotin consul, Oliuier Desserres et chascun
d'iceux respectiuement comme touche ont obligé et soubmis leurs
personnes et biens aux forces et rigueurs des Gourtz Royal et com-
mune de Ville de berc, présidial de M. le Séneschal et communs
Royaux de Nismes, et chascune d'icelles, et ainsi Font juré auec
deue renonciation et chascune parties a requis acte par moy not.
Royal soubz"'. Fait aud. Yilleneufue, dans la sale de la maison
d'habitaon dud. Oliuier Desserres, présentz et po' tesmoings Jacq.
hermet, Jacq. Sobol habitans en lad. ville, et moy Claude Barbery
not. Royal receuant soubz'^
Barbery, nol*.
N* 3
RESTITUTION DES VASES SACRÉS.
Actes pour 5' Olliuier Des serres et pour les consuls, manantz
et habitans de Villeneufue de berc en Viuerés.
L'an mil cinq cens soixante deux et le quatorziesme de Juin,
Reign^nt Charles Roy de France , Et en ma pn* et des tesmoingz
dans escriplz. En personne estably noble Olliuier des Serres, de
Villeneufue de berc en Viueres, Lequel en la pn* de messieurs
M" Charles Ganhat, viguier, Jacques Bechon, docteur ez droictz,
Jacques Arçons licentié ez droictz, Jacques Perrotin, consul. An-
thoine Vallenlin aut. consul. M" Jean Desserres nol*, pierre
Archebran, helie jeune, Jean Dupuy, M* Claude Barbier no'*,
Louis Tichet , Jacques Mercoyrol , Jacques Juilhen , Barthélémy
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174 OLIVIER DE SERRES.
darcons, cunseilbers et habilans de lad. ville, auroit expoze que
naguières par lesd. consuls et certains aut. des babitans luy auroist
este baillie en garde, les croix, calices et aut. joyaulx de lesglize
S' Le lys de la pnt ville, Et pource que despuis ce seroint meux
troubles et guerres au pnt pays telles quil ne scait comment les
garder en assurance et sans danger cuidant de luy estre voiles, et
emporles, et à lombre diceulx violance luy soict faîcle en sa mai-
son, personne et biens, a requis lesd. consuls et aut. susnommés
voulloir reprendre lesd. joyaulx quil a illec réallem' exibees pour
estre liures et bailhes à aut. plus suffisant pour les garder, ou
autrement en estre faict, comme par les susnommés sera aduize,
au proffict et utillite de quy appar'*. Quoy ouy et entandu par les
susnommés, Tous eiisambles et chascuns en par*' ont dict et de-
claire ne ce voulloir cbarger desd. joyaulx par mesmes raions et
occasion desduittes par ledict desserres, ains ont este dauis uni-
formem' quil est meilheur les vendre, daultant que le prix et argent
quen prouiendra sera plus facille à garder auec le sauf quil appart'*.
Et comme le bon plaisir du Roy sei*a den ordonner. Consentant
tous ensamble sans disuerjance que led. S' des serres les vende,
ainsin que présentement du voulloir et consentement. Et en la
pn** des susnommés, les a vandus et vant par ce contract a litlre de
vendion irreuocable à sire Jean Baratier, dict Soucher, babitant
du Montelimard, pnt stipulant et acceptant et apreciant lesd.
joyaulx pesant trente un marq argent pur, auoir oste le bois, lai-
ton, cuiure, plomb et aut. mettailz au Feu, et pour le prix de douze
liures cinq solz cbascun marq, reuenant led. prix uniuersellement
a la somme de Irois cens quatre vingtz liures t. laquelle somme
led. Barattera promis et promest, bailher et réallement payer aud.
des serres à la première et seulle requion d'icelly desserres, et ce
dans le put Yilleneufue de berc, sur payne de tous despens, dom-
mages et inthe. que à deffault de payement Ion pourroit soufiFrir et
endurer, de laquelle somme de trois cens quatre vingtz liures t.
led. Dessertes sen est cbargé, et charge par ce contract, au sauf
et proffict de qui dessus, promettant le randre aud. consulz et con-
seilhers à leur première seulle requion, aussy sur payne de tous
despens dommages et inlbe. Et ce dessus, led. Barratier,
des serres, cbescun regarde ^oy, ont promis atlandre sur lobM-
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OLIVIER DE SEKRES. 175
gaon de leurs biens et personnes quilz ont obliges aux court/,
préal et communs de Nismes, Royal de Villeneufue de berc, com-
mune dicelle, prévalle de Montélimard, Royalles et delphinalles
de Ghabeuily Sainct Marcellin etaut. cours delphinalles , et ches-
cune dicelles, auec jurement, renoncîaons et clauzulles nécessaires.
Faict aud. Villen, dans la maion dud. Desserres, pntz pour tes-
moingz requis M'*' Guilbaume Lagrange habitant de Lerris, Jean
Baratier marchand, Bourgeoix du Pousin, pierr essol de
S' AnduoI de berc, Et moy anthoine Tailband ^ ^oubz'*.
A. Tailhand, no~.
N« 4
TESTAMENT DE JACQUES D'aRCONS , BEAU-PÈRE D'OLIVIER DE SERRfS.
Testament de Monsieur M* Jacques darcons, licentié ez droîcts, de
ViHen-de-berc, reçu le 28 mars 1567 par M* François Sabatier
nof* royal, de Villeneufue de berc.
Au nom de dieu soit, scachent tous pnts et aduenir soit notoire
et manifeste que Tan de grâce mil cinq cens soixante sept et le
vingthuictiesme jour du moys de mars. Charles, par la grâce de
dieu roy de France régnant, en pnce de moy not" royal soubzné et
des tesmoings soubz nommés, estably en personne Monsieur
M* Jacques Arçons, liez* ez droictz de Ville de berc en Viuerès se**
de beau" et Nysmes. Lequel sain de son corps et entendement,
allant de ses piedz, considérant les jours de lliomme estre brefe et
voulant disposer de ses biens. A faict et ordonné, faict et ordonne
son testament nuncupatif et dernière volonté nuncupatrice en la
forme que s'ensuit. — Premièrement a inuoqué dieu, le supp* lors
que son ame sera séparée de son corps la recepuoir au nombre des
bienheureux en son royaulme de paradis et sond. corps estre en-
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176 OLIVIEU DE SERRES.
scuely au simetiere ou sont sépulture les vrays prem et fidelles
sans aucunes pompes funèbres — Item a légué aux panures de
N'* Seigneur Jésus Christ dud. Villen quy seront esleus ar son
héritier et exécuteurs de son pnt testament, estant toutesfois de la
religion refFormée et non autres, la somme de cinquante liures t.
pour une fois tant seulement — Item a légué et donné à droict
d'instituon particulière , laisse à gabriel darcons son filz naturel et
légitime et de dam"* pierre de Maron sa seconde femme, la somme
de cinq cens liures t. — Item à françois darcons son autre filz naturel
et légitime et de lad. de Maron la somme de mille hures t. pour
une fois tant seulement et tousles meubles et ustencilles de maion
que led. testateur a presantement en la ville de bagnolz et roque*
maure, diocèze dusès, estans au pouuoir de lad. de Maron. Item à
bonne darcons, sa Bile naturelle et légitime et de lad. de Maron
la somme de quinze cens liures t. payables lorsquelle sera collo-
quée en mariage — Item au posthume ou posthumes que led. tes-
tateur pourroit auoir d*icy en aduant, scauoir ù chun deulx la
somme de cinq cens liures t. et moyennant ce veulx que sesd.
enfans soient contans, en sorte qu'ils ne puissent demander autre
chose sur sesd. biens hors desd. sommes avec lesquelles les a fiaict
et instituer ses héritiers particuliers — Item a donné, légué par
mesme droict que dessus à Marg** Darcons, sa filhe naturelle et
lé{;itime et de lad. de Maron, femme d'Oliuier Desserres dud. Villen.
la somme de cinq cens liures t. outre le doct. à elle constitué en
son contract de mariage, voulant que de ce soit contante, sans
quelle puisse demander autre chose sur sesd. biens — Item veult
et ordonne que lad. somme de mille liures t. et meubles laissés
aud. françoys son filz, son hérer dessoubz nommé soit tenu le
nourrir et entretenir aux escoles et esludes jusques à ce que sera
de laage de vingt cinq ans ou bien que led. françoys par le conseil
et volonté de lad. de Maron sa mère et ses autres parans prin*"
aduant sond. vingtcinquiesme an (illisible) lad. somme de mille
liures t. — Item estant mémoratif led. testateur de laconstituon de
doct faicte à lad. Marguerite sa filhe en son mariage et dud. des-
serres montant et reuenaut à quinze centz liures t. luy auroyent
esté payées ou à son mary despuis en ça tant pour ses droicls pa-
ternels que maternels, elle auroit quitté a déclaré et déclare que
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OIJVIER DE SERRES. 177
combien lad. somme de quinze cenls liures auroil esté payi'e par
luy ft de SCS propres deniers entreuenu, dit que lad. constituon
auroit esté faicte tant pour les biens paternels que maternels.
Sçauoir douze cents liures t. pour les droicts paternels et troys
cents liures pour les maternels comme leur interon de tout préuen-
tion soubz ombre de prétexte de lad. quittance qu'il soit demandé
aucune chose par son héritier ny autre à lad. de Maron, ny à son
héritier, ains par la teneur de son presant testament donne et lègue
lesd. troys cents liures à lad. de Maron en sa faueur et de leurs
enFans, dit moyennant ce faict sad. femme son héritière part'* il
soit qu'elle ne puisse pour ce regard autre chose demander sur
sesd. biens. Item a légué à Thospital de la pnte ville de Villen. la
somme de dix liures pour estre employées à Tachept de couuertes
da quant {sic) pour le seruice des panures de dieu. Et pour ce que
tout chef de testamentest Tinslituon d'héritier a faict, et de sa propre
bouche nomme son héritier uniuersel en lous et chnscuns ses autres
biens, droicts et actions près*' et aduenir M* Jacques Ârcons licentié
en droicts, son filz naturel et légitime et de feue dam"' Claude
labalme, sa première femme, par lequel veult et entend que sesd.
légats et autres debtes soyent payées et satisfaicts, dict si led.
M* Arcons son filz et héritier décédoit sans enfans naturels et légi-
times et de légitime mariage procréés ou après luy sesd. enfans
sans enfans naturels et légitimes, aud. cas a substitué et substitue
led. françoys darcons son autre filz, moyennant ce que led. françoys
(la subz"" ayant lieu en sa personne) sera tenu bailher et payer
aud. Gabriel son frère la somme de quinze cents liures t. outre son
légat cy dessus déclaré, ce où et quand led. fran***' viendroit à
décéder en pupillarité ou sans enfans, ou bien ses enfans sans en-
fans naturels et légitimes, en cas a subz* et substitue lesd. Mar-
guerite et bonne, ses filhes par esgales parts et portions, si toutes
sont viuantes, ou h celle qui se trouuera lors en vie, et où se
treuueroyent toutes deux décédées a substitué après elles leurs
enfans, scauoir de chascun par moytic et après tous sesd. enfans
de leurs enfans a substitué les posthumes et après eux lad. de
Maron sa femme leur mère, tuteurs à sesd. enfans pupilles, en-
semble exécuteurs de son présent testament et volonté a faict et
nommé lad. de Maron sa femme, led. M' Jacques Arcons son filz
12
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178 OLIVIER DE SERRES.
et héritier et led. sire Oliuier desserres son beau filz, si a dit et
déclaré que c'est son dernier testament ou bien par codicille don-
naon à cause de mort ou autre meilheure manière que de droict
pourroit valoir, cassant et réuoquant tous aulres testaments, dis-
poson et volontés dernières préaduant par la teneur de cestuy cy ,
lequel il a voulu et déclaré sortir à plain effet, prians les tesmoings
soubz nommés en auroit connaissance et moy not. Tayant rédigé
en forme authentique et despêché à sond. héritier et autres qu'il
appartiendra. — Faict et récité aud. Ville de berc en mnyon dud.
testateur, en prnce de M. Jan Jacques Arçons, sire Oliuier des-
serres. Bertrand Arnaud dud. Ville, Gilbert de langlade, notaire
de Jaujac, Jan (aure de Rochemaure, soubs"*' auec led. testateur,
dit moy Franc Sabatier noi*^' royal aussy soubs"* J. Arçons / Ay esté
pre* desserres J. x^rcons / de langlade / faure / B. Arnaud / Ge-
neston / Desserres / C. Arçons / Sabatier not'* noyai.
Extrait à son original par moy pierre Sabatier.
N« 5
AFFRANCHISSEMENT DE LA JURIDICTION DV PRADEL
(15 mars 1571).
Au NOM DE Dieu soit faict amen, scaschent tous présentz et
aduenir que lan de grâce mil cinq cens septante ung et le quin-
ziesme jour du moys de mars, N" souuerain prince et seigneur
Charles par la grâce de Dieu Roy de France Régnant, par deuant
nous notaire Royal soubz signé et tesmoingtz dans escriptz, en
personne ëtablyes les parties soubz escriptes. Assauoir francoys de
Laudun, escuyer, seigneur de Myrabel, Diocèse de Viviers senes-
chaussée de Beaucaire et Nismes, gentilhomme ordinaire de la
chambre du Roy , tant en son nom propre et privé que pour et au
nom et comme procureur de dame Jaumete de Graves, sa mère
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OLIVIER DE SERRES. 179
absente, pour laquelle a promis et promet faire ratiffier le présent
contract et tout son contenu quant en sera requis, à peyne de tous
despens dommages et intërétz et auec les obligaon, jurement,
Renonciation dans escriptz et aultres clausulles nécessaires, d'une
part. Et Olivier des Serres, escuyer, natif et habitant de Ville-
neufue de berc, diocôze et sénéchaussée su"»d. daultre. Lcsquelz
de leur gré pure franche et libre velouté pour eulx leurs hoirs et
successeurs aduenir queizconques, tout dol, fraude, lezion, su-
bornation et conslrainte cessant. Ont fait et passé les eschanges et
permutations de droictz et aultres choses cy dessoubz déclarées.
Premièrement y ledict seigneur de Mirabel, au nom que dessus,
a eschangé, bailhé,cédé, quicté ettoutellement remys, eschange,
bailhe, cède, quicte et loutellement remet par ce contract et tiltre
de vraye pure et irréuocable eschange audict des Serres, présaut,
stipulant et acceptant pour soy, les siens, hoirs et successeurs
aduenir queizconques, C'est assauoir la juridiction que ledict sei-
gneur Françoys de Laudun et sa dicte mère hont et ses prédéces-
seurs ont heu haulte, moyenne et basse, civile et criminelle, mère
et mixte, impéré, cohertion, compulsion, droict de ban et ban-
niser, créer et instituer officier pour Texercisse de ladicte justice
et par le moyen d'iceulx cognoistre de tout crime et procès quelz-
ques grandz et énormes qu^ilz soyent qui se commettront, par
quelques personnes que ce soyent, dans les maisons mesmes du
Pradel, terres et terroirs cy dessoubz confrontés, appartenaniz en
propriété et utilité audict des Serres , former procès civilz et cri-
minelz et par sentence directe et de terminer, bien que méritassent
peyne de mort, ou aultre corporelle ou pécunière, confiscation de
biens et queizconques aultres droictz seigneuriaulx personnelz et
réelz, directz et utiles, sauf et réserué par exprès audict seigneur
Françoys de Laudun le fief et hommage noble, droictz de lodz, de
commis , et par prélation retenir en cas d'aliénation et transport
d'icelles maisons, molins, terres, terroirs et droictz vendus quand
seroyent aliénés en tout ou en partie, nul aultre y retenent sur
icelles terres, terroirs et maisons du Pradel fors ce dessus, et ce
que par pacte sera cy après expécifié, lesquelles maisons, molins,
terres, prelz, vignes et aultres terres et propriétés appartiennent
de présant audict des Serres, confrontent du soleil leuant les pretz
12.
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IfcO OLIVIER DE SERRES.
des Esbouscheulx et aultres, apparlenantz à plusieurs de Myrabel
el aultreSy chemyn public allant de la présente Villeneufue audict
Myrabel passant par le molin de Berc et lequel chemin n'est aul-
cunement comprins en ce que ledict seigneur Françoys de Laudun
bailhe audict des Serres, ains demeure entièrement audict seigneur
Françoys, du couchant le ruys-eau de Gazai ou de la Valete, de
bibC les ferres labourées des grangiers dudict Myrabel, du vent
marin la rivière de Claduègne et les (erres du sieur de la Mothe,
au nom de sa femme et hurs aultres confrons plus véritables se
point y en a. Et en contre eschange et resconpance ledict des Serres
abailhé, cédé, quicté et (outellemeni remys, bailhe, cède, quicte
et loulellement remet par ce contract et tiltre que dessus auxdicts
dame et seigneur Françoys de Laudun mère et filz, ladicte mère
absente et icelluy seigneur Françoys présant, stipulant pour soy,
sa dicte mère, leurs hoirs et successeurs aduenir quelzcoi ques,
C'est assavoir cinq sestiers bled froment de rante annuelle, fon-
cière, perpétuelle , 'pourtant directe, droict de lozer, inuestir et
par prélation retenir, que ledict des Serres a acoustumé prendre
et leuer sur certains habitans de Saint Jehan le Gentenier ses cm-
phitéotes, par lesquelz a promys à la première réquisition dudict
seigneur Françoys luy faire faire acte et response par lesdictz em-
phitéotes sur ledict cens jusques à la monta nce desdicts cinq ces-
tiers, me$ure dudict Saint-Jehan, Auec les pactes et réseruations
que sensuyuent.
Premièrement ledict seigneur Françoys a réserué et rdserue pur
pacte exprès et par ledict des Serres accordé que si quelqu'un des
subjeclz dudict seigneur François habitant dudict Myrabel , ou de
son mandement, commeltoit à Taduenir aulcun crime ou forfait
dans lesdictes maisons , molins, terres, pretz, vignes, terroirs et
propriétés dessus limitées appaitenentes de présent comme dict
cat, et possédées par ledict des Serres par lequel sensuyuist con-
fiscation de biens, les immeubles confisqués appartiendront en-
tièrement — audict de Laudun et aux siens de droiclz, les frais,
mises et deppens de justice qui seront retenus et rccouuertz sur
ledict confist par ledict des Serres ou aullre qui les aura faiclz.
Et quant aux meubles confisqués et biens par soy mouuanlz en-
semble encourir dans ladicte terre du Pradel dessus limitée, seront
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OLIVIER DE SERRES. 181
communs et «nppartiendront par m )ytié ausdicts dame et seigneur
de Myrabel, et par aullre moytié audict des Serres et aux siens.
/rem, lesdictes parties, par pacte, ont aussi expressément accordé
et réserué que ledict seigneur Françoys de Laudun, par ce contract
d'eschange, n'entend comprendre et icelluy des Serres Ta accordé,
que la juridiction des terres appartenantz à aultres que à luy dict
des Serres et les siens y pourroyent acquérir à Taduenir et sauf
lesdicfs pactes et reseruations et iceulx Salves à qui et comme
dessus appartient et touche, lesdictes parties ont donné et donnent
une à Taultre et au contraire licence et plain pouuoir de ce dessus
eschange, chascune en son endroit prendre possession réelle et
actuelle et corporelle maintenent ou quand leur plairra , par eux
ou aultres en leur lieu, sans aultre licence demander ny obtenir,
et jusques ce fisiict cependant se sont constitués et constituent les
tenir en garde au nom de constitut et de précaire Tung de Taultre,
non ault rement les posséder, s'en faisant respectiuement et chas-
cuns regard soy vrays seigneurs maistres légitimes et irréuocables
procureur^, de sorte que doresnauant cfaascun de sa part en puysnc
ester, agir et exposer en jugement et dehors et aultrement en faire
comme dessus à toutes ses volontés, toiis ainsi que chascun vray
seigneur et maistre peult faire a sa chose propre justement acquise
et comme par auant le présent contract pouuoient faire les dictes
parties.
Ce a esté faict, passé et récité audict Villeneufue, dans la maison
de mnistre Jaques Arçons, ez precences de Jehan Tichet potier,
Jehan du Ranc, sieur Jehan Olivier, Jaques Hernet dudict Ville-
neufue, sieur Ânthoine Marnas, de Berzemes soubzigné auec les
parties susdictes et de moy Anthoine Talhand de ladil^te Ville-
neufue, notaire royal aussi soubzigné
Talhand.
Original sur parchemin.
Au dos est écrit : « Eschanges entre noble François de Laudun,
escuyer, seigneur de Mirabel et noble Ollivier Desserres, pour-
tant affranchissement de la Juridiction du Pradel. 15' mars 1571. »
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182 OLIVIER DE SERBES.
N« 6
LETTRE DE JEAN DE SFRRES , HISTORIOGRAPHE DE FRANCE,
A SON FRÈRE OLIVIER.
Suscription : Cote — de la main tC Olivier de Serres :
A Monsieur mon frcrc. De Ville d*Aui{;n(tn, le 21 juillel 15f4.
Monsieur du Pradel. 70 liv. p*" GolIcod.
Monsieur mon frère, j'ai receu de mon nepueu monsieur de
Leyris voslre fils septante escus pour faire tenir à mon autre
nepueu Gedeon vostre fils pour sa pension et fournitures, et trente
pour retirer ma cedule de ces! e poure vufue que j'osterai de grande
peine et vous moi. Vous priant que ceste lectre me soit bien gardée
pour m'estre rendue quand vous aurés notes de la réception de la
première somme par mond. nepueu, car ie suis chargé de ces
trente escus comme verres par la quittance qu'a lad* vufue. Tes-
crirai de bon encre à monsieur Lamouroux et à mond. nepueu ,
afin qu'il face son conte du, n'a vous charger plus, c'est une loy on
arrest légal duquel (par mon aduis) il n'y a point d'appel. C'est
assés que tous lui auez octroie ces commancomcns. l'enuoierai
dimanche ou lundy la dicte partie, aydant Dieu. J'ui dit à mond.
nepueu de Leyris vostre fils l'extrême nécessité de mes affaires.
l'en suis à non plus, si Dieu ne me releue : n'ayant que parchemin,
cire, paroles sans fruict auec beaucoup de biuict. Afin que ie re-
garde la main de celui qui tient la verge et qui m'a retiré des
hommes pour m'arresler h soy. Mon fardeau est plus grand que ie
ne Tose dire mesmes à vous qui estes la moitié de mon ame. le ne
trouue secours qu'en celui qui est ma soûle espérance et qui a
reserué ceste espreuve à mes cheueux gris, qu'il fortifiera puisqu'il
m'a renuoié au trauail. Lequel s'il lui plaft de bénir me doit donner
plus d'utilité que la vanité de ces grandes montagnes. l'ai prié
mondict nepueu de vous présenter une requeste de ma part que je
vous fuy à joinctesmains. Vos affaires sont les miennes. Et ie ni'as-
seure que vous continuerés d'auoir soin de moy, tendes moy la
main au nom de Dieu et de nostre ancienne amitié. J ai enuoié
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OLIVIER DE SERRES. 183
mon Immortalité à Lyon; mais Timprimeur me demande d^argent:
autrement il me menace de la rendre mortelle. I*ai parlé à mon--
sieur Faure comme vous dira mond. nepueu; et résolu avec lui
qu'il prendra cour et lieu auec vous et nostre frère pour terminer
ceste affaire, comme ie le désire plus que vous ne lui. Là donc le
reste. Dieu vous bénie heureusement. Ayés pitié (ie vous en cou-
lure de rechef, par les droicts les plus sacrés) de
Voslre plus humble, fidèle, affectionné : frère, ami, serviteur.
DE Serres.
De VilleD* et d'Aiiie" le 21* de juillet 1594.
N* 7
DÉCLARATION DE GÉDÉON DE SERRES A SON PÈRE OLIVIER.
(25 février 1005.)
Comme, ainsy soit qu'au contract de mariage receu et passé
pardeuant Tolleron et François notaires à Paris le XI jour d'Auril
mil six cens quatre, entre moy Gédéon de Serres Dupradel ad'* au
Conseil privé du Roy, et damoiselle Abigaïl Baudouin Bile de
M' Pierre Baudouin s' de Montarcis ad'* au parlement de Paris et
de damoiselle Catherine Le Jay, ses père et mère. M' Oliuier de
Serres s»' du pradel mon père m'ayunt constitué la somme de trois
mille liures, pour mes droiclz de légitime palernelz, payable dans
un an et pour icelle, les interests h raison du denier seize, jusqnes
au payement de lad. sommo, Neantmoins je déclare par ceste pnte
escrite et signée de ma main , de n'entendre demander ni receuoir
de mond. s' et père, sa vie durant, aucuns interests pour le retar*
dément de payement susd. ains d'attendre icelluy sellon son bon
plaisir et commodité, en considération de l'honneur que luy dois,
comme son filz et recognoissance des grandes despenses quil a faites
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184 OLIVIER DE SERRES.
pour moy h mon auancement surpassans ses moyens, à cause de
Tamilié paternelle qu'il m'a (ousjours portée. Aussy^c déclare et
confesse anoir receu comptant cejourd'huy de mond. s' et père
la somme de six cens Hures en déduction de la susd. somme de
trois mil liures, dont je le quite et les siens, promettant ne leur
en faire jamais aucune demande, faict A Paris le XX5 jour de feb-
urier mil six cens cinq.
DopnADEL.
Cote — de la main (COUvier de Serres :
Dcclaraiion
El quitlancc de six ectis liiire.i
du d5 feburter 1G05.
N* 8
LETTRE DE GÉDÉON Dî:S SERRES DU PRADEL, FILS d'oUVIER DE SERRES.
Suscripthn : Cote — de la main d*OUvier de Serres :
Moasic:ir Du 5 mars 1611, à Paris, receu le
w • T\ n I I 16 par Baroier, rentré de ladite ville ou
Monsieur Du Pradel, . ,• ., «« , . ,.
je I avois envoyé le 23 du précèdent mois,
mon père, Finances,
au Pradel '. Jacqur*.
Monsieur mon père,
Jevous escriui ces jours passés de Fontainebleau par la poste,
enuiron le temps que M' de S* Andéol parlit dicy pour le pais. Il
fut tant proudé alors, qu'il amena M' Darcons mon oncle.
Du Depuis estant de retour enceste ville, j'ay frouué la quaisse de
fruits quM vous a pieu et h mademoiselle ma mère m'enuoyer dont
je vous remercie bien humblement. Le tout s'y est trouué bien
conserué, fors quelques unes dos pommes, à cause de la longueur
du chemin et aussy de la saison, néantmoins toutes ont Todeur et
bonlé naturelle, je n'en ay encore veu aucune dans ce pais qui
leur ressemblent; celles qui leur ressemblent le plus sont le ca-
1 Cette lettre p >rte plusieurs cachets aux armes des des Serres, 3 serres d^oiscau x .
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OLIVIEB DE SEUllES. 185
pendu et la reinette, mais de bien loin / Les deux pièces de Pierre-
latte que m^luez enuoyé ont ëté trouuées suffisantes pour faire
descharger M' Sallomon et moy enuers M' S auquel je les ay
feict veoir et qui est demeuré d'accord de faire la descliarge requise
au premier jour, ce qui ne sera obmis, aydant Dieu. Je vous ay
enuoyë par Tliomme de M' Delarque autant de la saisie de deux
mil francs faicte sur moy par Anthoine Faure et maintenant je
vous enuoie autant de la quictancc des quatre mil
pour laquelle auoir Barnier a séjourné un jour de plus en ceste
ville. / Le désir que j'ay de vous aller voir, j'estime que vous Tap-
prouuez. Je reçois aussy les raisons que m'escriuez pour y aller
seul au pluslôt, du moins pour estre à la reddition de vostre compte
et closture de mon estât. — Par ma dernière, je vous mandois n'y
pouuoir aller qu'enuiron la S* Jean au plustôt, ce que je ne puis
encore faire cejourd*hui par la mesme raison; de sorte que je ne
puis estre à la dicte reddition du compte, ce qui me faict vous
prier, comme autrefois, d'y faire tout ce que vous pourrez et pour
vous et pour moi, comme je l'espère ainsi; Suiuant donc votre
auis, je prendrai le temps de vous aller veoir seul la première fois
enuiron le mois daoust prochain et pour ce faire prendr.iy la poste
jusqu'à Lyon et au retour de mesme, pour demeurer moins de
temps absent de Paris. Si je prends nouvel advis, je vous aduer-
tiray, aidant Dieu; mais dès à présent je vous assure bien que je
ne partiray d'icy plustost que le mois d'aoust et qu'alors je ne me-
neray personne de ceux que m'escriuez pour les inconuénients y
mentionnés. Si mon cousin le s' cappitaine Valleton vous dit quelque
chose d'extrauagant, comme ce que a dict, je vous prie et ma mère
aussy de n'y adjouster aucune créance, du moins de sauoir les
jugemens sur ce, jusquesà tant que je sois ouy, s'il y eschoit, car
il y a quelque inégalité en luy, que je n'auais encore si bien re-
cogneues qu'en ce dernier voyage
Je vous enuoie aussy parle s' Barnier les lunettes de longue vue
pour M' de Brison, qui ont cousté demy cscu et autant Testuy de
Madame de la Roche d'Astards garny de deux luneltes; aussy le
petit traicté d'Agriculture; je ne scay si vous l'auiez veu, mais à
toutes fins, je vous l'enuoye. / Le procès touchant les linres de
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186 OLIVÎKU DE SERRES.
Lyon, pendant en la chambre de rKdict, n'est encore jugé; partie
aduerse s'est laissée aller par congé, lequel se faict maintenant
juger, dont le sac ne fut porté qulner au rapporteur lequel il faut
main'enant solliciter pour le temps au plus aisé. / Reste à vous
parler de mon frère Jacques. J'ai considéré, au mieux qu'il m'a
esté possible, les occupations bonnesles et utiles esquelles il se
pourroit adonner. Vous auez veu Taage auquel il est sorti de chez
vous; en icelluy il auoit ja perdu l'occasion et le temps de se pou-
uoir adonner à Pentremise et sollicitation des affaires, lesquelles
requièrent pour s'y pouuoir assujettir deuentant , et surtout pour
solliciter aussy bien que pour aduocasser que l'on y commance de
bonne heure, pour s'assujettir è close basse et commune, ce qui
ne peut tomber en usage plus auancé, et quand bien son esprit et
son inclination y eut esté porté plus qu'il n'est, toutesfois j'eusse
estimé qu'il n'y eut acquis ni proffit ni honneur / Il y a douze ou
quinze ans que de tout le Languedoc, il n'y auait bonnement que
M. Dautheuillo, depuis M. Bauernier qui a faict sa fortune extraor-
dinaîrement; après luy M. Meyssane qui est deuenu procureur du
Roy, comme aussy M' Masclary, M. Pages maintenus en
ayant fourny la finance. Après eux et de leur temps, par le bien-
fait de la paix, ont paru en cour cinquante à soixante jeunes
hommes de Languedoc, Dauphiné et Provence qui se mangent et
ruinent les uns les autres, et c'est merueille quand quelques uns
y profitent, et néanlmoins pour s'y adonner et y auoir de l'employ,
il y fault auoir beaucoup d'inclination et d'expérience. Entre autres
que vous cognoissez vous auez veu auec moy le s' Bobelin l'aisné,
quoiqu'il soit bien versé en toutes affaires et soit home de seruir,
il n'a peu trouuer que la maison où il a son et sa nourriture,
M, de S* Aulaye de la maison de Jarnac en Poictou / Il fit venir
deux de ses Irères, l'un d'eux ne trouuant aucune occupation,
quoiqu'il fut auant bien instruit aux affaires, néantmoins il fut
contraint de prendre les armes et s'en aller à la guerre de Julliers,
depuis lequel temps il a demeuré au régiment de Hollande, et
l'autre il fut clerc et homme de chambre de M. Januicr Rolet que
j'es'ime que vous cognoissez. Et j'ay aujourd'huy deux jeunes
hommes de vingt et cinq à trente ans chascun, Tun de Besier et
l'autre de Normandie près de Caen, tous deux aussy bien instruits,
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OLIVIER DE SERRES. 187
doues de bon jugement , expérience, diligence et fidélité qu'il se
pouiToit désirer, et toutesFois ils ne peuuent trouuer meilleure
condition que d'estre clerc d'un nduocatdu conseil. Et quand bien
j'aurais mis mon frère chez un M* des Requestes Conseiller d'Estat
ou Intendant des Finances, les places y sont si recherchées, si
pleines de naturels du paYs et des plus appuyés de la cour, qu'un
d'un autre païs, de autre condition et de son humeur n'y poniToit
subsister longuement/ Lesquelles considéniûons et difficultés m'ont
faict incliner, après l'invocation du nom de Dieu, à luy fassions
apprendre ce qui est des connaissances de Malhémaliques, h quoy
est joinct la portraiture et de la main pour la carte et foutes
autres opérations requises aux fortifications et ce qui en despens,
auxquelles occupations il est tellement enclin que c'est merueille
de luy veoir si promptement comprendre ces choses auxquelles il
est porté naturellement. Je luy ay faict connaistre les plus beaux
esprits de ce siècle qui tous sont de la Relligion, M" Du Cerceau,
M. d'Estossac, M. Alleaume qui a la place de feu M. Girard ingé-
nieur. Il estoit de la Relligion et en mourant sans enfans a laissé
cinquante à soixante mil francs à ses héritiers. / L'honneur e>t
aussy conjoint au proffit indubitable qui m reuient à ceux qui y
sont bien entendus et expérimentés / Et y a encore assez de temps
pour prendre sur le tout meilleur aduis, conseil et délibération,
laquelle nous attendons de vous, après qu'il vous aura pieu consi-
dérer et peser soigneusement les raisons susdites / Le dict S*^ Sal-
lomon cy dessus mentionné n'est pas celuy de Borde.iux mentionné
en la Vostre dernière, mais bien un aduocat que vous ay faict voir
à Castres, précepteur des enfans de feu M* de Fremelauaye, auec
lequel ayant faict le voyage d'Italie pendant son ambassade h Ve-
nise, h son retour, il fut reçeu aduocat au Conseil quelques années
après moy et faisons profession d'amitié pour quelque sympathie
d'humeur qu'il y a entre nous. Il n'est pas de la Relligion, mais il
n'y est pas contraire comme beaucoup d'autres.
Je prie Dieu vous continuer tous en sa sainte garde,
Vostre très humble fils et très affectionné serviteur.
Du PBAOEL.
Monsieur mon père
A Paris le VI may MVI-XI.
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188 OLIVIER DE SEllUES.
N« 9
TESTAMKNT DE NOBLE OLIVIER DES SERRES, SEIGNEUR DU PRADEL.
(Sdëcembie 1612.)
Au nom de Die:i soit fait, amen, sachent tous pntz et aduenir
que Tan de grâce mil six cens douze, et le huitiesme jour du mois
de décembre appres midy, nostre souverain prince Louis par la
grâce de Dieu, Roy de France, et de nauare, Reignant, par deuani
moy no" royal soubz" et témoins dans escripts, en personne estably
noble olliuier des Serres seigneur du pradel, en Viuarez, lequel
sain, grâces à Dieu, de son corps, mémoire et entendement, con-
sidérant celte vie humaine estre brieue, sul)jete à beaucoup de
mizères, et enfin h la mort, Theure de laquelle est certaine, voul-
lant dispozer de ses biens et fncultées, afin qu'entre les siens, ny
ayt appres son decodz aucun procez ny débat, a fait et ordonné, fait
et ordonne son testament nuncupatif et dernière vollonlé nuncu-
patrice comme s'ensuit. Et Premièrement a inuoqué le S* nom de
Dieu, disant au nom du père, du filz et du S* esprit amen, a recom-
mandé son àme au Rcdemleur du genre humain nostre Seigneur
Jésus ChriU, le supliant par sa mort et passion, luy voulloir par-
donner ses fautes et péchés, lorsque son ame, sepparée de son
corps, retirer en son Royaume céleste, auec les autres âmes bien
beureiizes, voullant et ordonnant, son corps apprez son decedz
estre cnseuelly au simetière de Villeneuue deberc, tumbeau de
ses prédécesseurs, en la forme de la religion reformée, de laquelle
par la grâce de dieu il fait profession. Item a légué et lègue aux
pauures de lad. religion reformée la somme de cinquante liures et
pour une fois distribuables par les anciens du Consistoire de legtise
reformée de lad. ville et aux pauures d'icelle et outre ce donne et
lègue à rhospital de lad. ville la somme de vingt Hures et pour une
fois tant sullement. Item et par droit d'instituon héréditaire parti-
culière part et portion, a laissé et laisse à nobles Pierre et Jacques
des Serres, ses filz naturelz et légitimes et à chacun d'eux, la
somme de deux mil liures, pour une fois tant sullement , sans
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OLIVIER DE SERRES. 189
autre choze pouuoir demander ny auoîr sur ses biens, les faisant
auec ce ses hers particuliers — Ilem, par mesme droit d*instituon
héréditaire particulière part et portion, a laissé et laisse à dam""
Bonne des Serres femme de M* daniel Sabatier, clauaire du Roy
aud. ville. Izabeau femme à M* Auias Feutrier, bourgeois du Mon-
telimard, et Marie des Serres femme à M' Isaac Feret procureur
en la Cour et parlement et chambre de Ledit, séant à Castres, ses
filles bien aymées, naturelles et légitimes, et à chacune dicelles,
la somme de vingt Hures t., et ce outi^e la dot, à chacune dicelles
constituée en leurs contratz de mariages, et ce pour une fois tant
sullement, Et moyennant ce, veut et entend, quelles soient comp-
tantes (sic) sans autre choze pouuoir demander ny auoir sur sesd.
biens, les faisant en ce ses hères particulières — Item, et par
semblable droit dlnstituon héréditaire, particulière, pari et portion
a laissé et laisse à Gédéon, Dauid et Marie des Serres, ses nep-
ueux, enfans naturels et légitimes à feu noble Gédéon des Serres
son filz, en son viuant ad' au priué Conseil du Koy, et à chacun
deux la somme de cinq liures, et ce outre la somme par led. testa-
teur cy devant donnée et constituée aud. feu Gédéon, leur père en
son contrat de mariage, sauf et sans préjudice touttefois des quit-
tances en suite de ce cancellées à icelly testateur, lequel moyen-
nant ce veut et entend que lesd. David , Gédéon et Marie frères et
sœur sesd. nepueux soient comptans {sic) et ne puissent demander
autre choze sur sesd. biens et héritage — Item a donné et légué
à nobles Florimon, Franc et Constant du Pradel, ses nepueux
enfans naturelz et légitimes de noble Daniel du Pradel son filz,
juge pour le roi en la viguerie de la pnte ville et fi chacun d'eux la
somme de dix liures t. pour une fois tant sullement, les faisant en ce
ses hers particuliers — Item par semblable droit, donne et lègue
ce pareille somme de dix liures t. pour une fois tant sullement à
Izabau, de Sabatier, fille naturelle et légitime dud. M* Sabaiier
et de lad. dam"* Bonne des Serres sa fille, ensemble au posthume
ou posthumes que sont ou pouroienl estre dans le ventre de lad.
dam"° Bonne, les faisant en ce ses hères particulières, sans qu'ilz
puissent autre choze demander — Item a donné et légué, donne
et lègue à dam"* Marguerite darcons, sa femme bien aymée, la
moitié de la maison du pradel , comprenant en icelle moitié le co-
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190 OLIVIER DE SERRES.
lombier et la moitié des meubles dicelle, tout le vergier comprins,
le débvesson, la moitié de la vigne avec la terre y joignant, con-
front. du leuant le chemin allanl de Mirabel h Ville., el de S* Ger-
main à S* Jean, aussy la moitié du grand pré depuis les sauzes
plantés au fond d'iceiluy jusques aux autres plantés au bord du
fossé, allant le bout haut jusques à Tesclauze , le bout bas jusques
au bois, la terre delhière et de la vignasse, comprenant les mû-
riers complantés ensembles, les plantés en ranc au bort de la grand
terre joignant celle de la blacbe , desquelles propriétés Lad. dam"*
sa femme pour jouir sa vie durant et après icelle appartiendront
en propriété et uzufruict à son her cy apprès nommé, Et outre ce
luy a donné et légué ses moulins, appelles de briolas et tout ce quy
est dessoubz le beal dud. moulin jusques à la riutère de Claque-
duègne, pour d'iceux moulins et susd. appartenances jouir pareil-
lement sa vie durant et en dispozer en la vie et en la mort, comme
bon luy semblera, au profit de Tun de leurs enfants, ou enfants
de leurs enfants malles ou femelles, tel que luy plaira nommer et
eslire et luy sera le plus agréable, et en ce cas qu'elle ne fit aucune
nominaon ny élection, led. testateur, dès à présant a nommé et
esleu, nomme et eslit ausd. biens sond. héritier cy apprès nommé,
prohibant néantmoins à sad. femme toutte déttration de quarte en
tout ce dessus. Item luy a donné et donne les pansions de vin qu'il
a au mand* de S' Marcel, terroir appelé Souchaîr et le reste de
rhermas, quy est encore à apantionner, pour en dispozer à ses
vollontés , et en la vie et en la mort. Veut aussy et entend led. tes-
tateur que sond. her ny autre ayant de lui cauze ne poura destourner
Peau de liid. riuière de Claqueduègne en aucune façon ny pour
quelle cauze que ce soit au préjudice des susd. Moulins, ce qu'il
defFend expressément, Item luy a légué la jouissance de deux
chambres dans sa maison dud. Ville pour y habiter quand bon luy
semblera sa vie durant et la faculté de mettre repozerdans lestable
de lad. maison ses bettes du charroy dud. moulin et autres mon-
tures laportant en lad. ville. Item et par led. droit a laissé et laisse
à chacun de ceux et de celles à quy de droit il serait tenu de léguer,
la somme de sept solz six deniers t. pour une fois tant sullement
sans rien plus pouuoir demander sur sesd. biens, les faisant quand
h ce ses hers particuliers. Et parce quinstituon d'héritier est le
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OLIVIER DE SERRES. 191
chef fondemenl d'un chacun dernier testament, à cette cauze led.
testateur en tous et chascuns ses autres biens mubles et inimuhles,
noms, droits et actions pnts et futeurs quelconques ou que soient
assis, et par quelque nom et valah. droits et appelés, a fait, institué
et nommé do sa bouche propre son héritier uniuersel led. noble
Daniel des Serres, docteur en droits et juge pour le roy en lad.
ville et vigucrie, son filz ayné naturel et légitime bien aymé, par
lequel a voulleu et ordonné tous et chacuns ses légats susd. et
debtes si aucuns apprès son decebs, sont trouués estre payés et
satisfaits et au cas que led. noble Daniel du pradel son filz vii.t a
décédecsans enfans naturels et légitimes, ou ses enfan^sans enfans,
en ce cas luy a substitué et substitue par son pnt testament, en
sesd. biens et héritage, le susd. noble Pierre des Serres docteur
ez droiclz son autre fils, sil est en vie, et icelluy mourant sans eu-
fans, ou ses enfans sans enfans, luy a substitué et substitue led.
noble Jacques des Serres son autre filz, sil e^t en vie. Et icelluy
venant à décéder sans enfans, ou ses enfans sans enfans naturels
et légitimes, luy a substitué lad. dam"* Bonne desserres sa fille,
femme aud. M* Sabatier, clauairc du roy, et icelle venant h mourir
sans enfans, ou ses enfans sans enfans, luy a substitué et substitue
lad. dam'"* Izabau son autre fille, femme au s' Feutrier et venant
aussy à décéder sans enfans naturels et légitimes, ou ses enfans
sans enfans, luy a substitué et substitue lad. dam"* Marie Desserres,
femme audit M* Ferret, et les siens lesquelz pareillement venant
à décéder sans enfans naturelz et légitimes a substitué et substitue
lesd. Dauid, Gédéon et Marie des Serres, ses nepueux, enfans
dud. feu Gédéon, son filz et apprès eux Jean et autre Jean des
Serres enfans naturelz et légitimes, Tun de M' Jean des Serres, en
son viuant historiographe de France et l'autre de s"^ Reymond des
Serres, ses frères et les leurs par égalles parts et portions. Cestuy
est son dernier testament nuncupatif , que led. testateur a voulleu
valloir par droit de dernier testamentnuncupatif et,si parce droit,
ne pouuoit valloir a voulleu qu'il soit bon et vallable par droit de
codicille ou par droit de donnaon à cauze de mort ou par droit de
distribuon des biens faite entre enfans et par tout autre droit de
dernière vollonté que mieux pourra valloir et tenir, cassans et
réuoquant tous autres testamens, codicilles, donnations à cauze
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192 OLIVIER DE SERRES.
de mort dislribuon des biens faite entre enfans, et tous autres der-
nières vollontës si par cy deuant, point en auroit fait le sien pré-
sent dernier testament demeurant bon et vallable à perpétuité ,
duquel et tout son contenu il a pris et requis tous et chacuns les
témoins cy pnts par luy bien recognus en esire recors et mémo-
ratifs pour en temps et lieux, sy requis en sont en porter bon et
loyal tesmoniage de vérité, et moy no'* royal soubz"* homme tel le
mettre et rédiger par escript en forme d'acte publique en relenir
registre d'icelluy, apprès en faire un ou plusieurs instrumans en
tout ou en partie 5 sesd. hers légataires et autres qu'il app*"
Faict et rccitté aud. \ille dans la maion dud. sieur testateur y pnts
pour tesmoins requis et pris M. M. Franc darcons, docteur ez
droicta Dauid Foiitbonne, Jacques Uol pracien, M* Pierre Faucbier
Giouogien, M. M. Jacques Nicolas proeur du Hoy, M* Louis Rim-
baud no'*, Jean Guilbon praen, demeurant aud. Ville soubz"* auec
led. siei:r testateur et moy Antoine Tailbaiid no'' lloyal béréditaiie
dud. Ville soubz'*. Dessenes, Darcons pnt, Nicolas put. Font-
bonne pnt. Rimbaud pu*. Roi pnt, Nicolas pnt. Faucbier, Guilbon
pnt.
Tailhand no".
Extrait de Toriginal quy e^t dans un liurc des notles de feu
M* Tailhand à moy no" royal de la Reltenne de Ville-de-berc,
exhibé et retiré par dem"* M'g" (magdeleine) de Moynier garde
desd. notes, ce 19 8**" 1668 — Raoulx no". En ma pnce lad.
dem"* Mag" «le Moynier a retiré l'original. — Raoulx M. Moynier.
Olivier de Serres avait fait un premier testament, devant le no-
taire Tailhand, le 25 août 1595. C'est celui de 1612, que nous
publions, qui fut exécuté.
Le testament olographe d'Olivier, que l'on va lire, ne fut
ouvert que bien des années après sa mort.
Lors de l'inventaire des effets mobiliers de Constantin de Serres,
ce précieux document fut trouvé ouvert parmi les papiers de son
arrière-grand-.pèi e.
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OLIVIER DE SERRES. 103
Le testament de 1612 contient un paragraphe intéressant; Oli-
vier donne à sa femme presque la moitié du Pradel. Cette donation
prouve une fois de plus que ce domaine ne lui avait pas été apporté
en dot par Marguerite d'Ârcons, ainsi que Font écrit plusieurs
biographes.
N*» 10
TESTAMENT OLOGRAPHE d'oLIVIER DE SERRES, DONT l'oRIGINAL EST
CONSERVÉ AD PRADEL.
Au nom de dieu soit tout fait cy Amen, saschent tous présents et
aduenir, que Moy Olivier des Serres, escuyer, seig' du Pradel
conseigneur de Gonsignac , S* Marcel et S* Montan , Voulant entre
mes enfans et de f* damoyselle Marguerite d'Arcons, ma bien
aymé-femme , decedée despuis naguieres , disposer des biens qu'il
a pieu à dieu me donner, afin qu'après mon décès, n'arrive entre
eux aucun estrif ni discord , ains que la fraternelle amitié que je
leur ay fousjours estroitement recommandée , soit inuiolablement
conseruée et entretenue, Ay fait par escript mon dernier testament
come s'en suit. Premièrement, sain par la grâce du tout-puissant
et d'esprit et de corps, j'ay ardamment inuoqué le saint nom de
dieu , le suppliant très humblement qu'il luy playse vouloir effacer
mes peschez par le sang précieux de mon sauueur et Rédempteur
n'* Seigneur Jésus Christ, et par ce moyen me recueillir au sain
d'Abraham, en lEglise triomphante, lorsque mon ame sera separrée
de mon corps, lequel après je veux et ordonne estre enseuely au
simetière de Villeneufve-de-Berc, appelé de St Louys, tumbeau
de mes prédécesseurs, et ce h la forme de la Religion Reformée,
de laquelle, par la grâce de dieu, je fay profession. Premièrement,
je lègue avx pauvres de lad. Religion, la somme de Cinquante
liures po' une fois tant seulement, distribuable par les anciens du
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104 OLIVIER DE SERBES.
Goncistoyre de TEglise Reformëe de lad. ville, Et à l'hospùal
d'icelle , la somme de vingt-cinq liures et aussi po' une fois. Item
et par droit d'institution héréditaire particulière, part et portion»
je donne et laisse à noble Pierre des Serres, docteur en droits, et
à Jacques des Serres, estant à pnt en Piedmont, au seruice du
Prince dud. pays, luy semant de fortificateur, mes fils naturels et
lëgitimes et à chascun d*iceux, la somme de deux mille liures, et
po' une fois tant seulement, sans qu'ilz puissent demander ni auoir
autre chose sur mes biens, en ce comprins ce qu'ils peuuent ja
auoir receu en déduction de leurs droits paternels dont apparoistra
par quitance. Item, par mesme droit d'institution héréditaire par»
ticuliere part et portion , je donne et laisse à Damles Bonne , feme
à M* Daniel Sabatier, clauaire du roy à Yillen, Ysabeau, feme au
s' Âvias Feutrier, au Montélimar, et Marie des Serres feme à
M* Isaac Ferret, procureur au parlement à Castres, mes filles bien
aymées naturelles et légitimes, et à chascune d'icelles, la somme
de Vingt cinq liures, et ce outre la dot à chascune d'icelles consti-
tuée en leurs contratz de leurs mariages, pour une fois tant seule-
ment, et moyennant ce veux et entends qu'elles soyent contantes
et ne puissent demander autre chose sur mes biens, les Biisant icy
mesme mes héritières particulières. Item et par semblable droit
d'institution héréditaire particulière part et portion, donne et Lègue
à Gedeon, David et Marie des Serres, mes nepueux, come enfans
naturels et légitimes de feu noble Gedeon des Serres, mon fils, en
sonviuant aduocat au Conseil priue du Boy, et à chascun d'eux
la some de cinq liures , et ce outre la somme par moy constituée
aud. feu Gedeon leur père, en son contract de mariage, sauf et
sans préjudice des quitances en suite de ce, à moy concédées, et
moyennant ce, veux et entends que les dits David, Gedeon et
Marie, frères et sœur, mes nepueux, soyent contents et ne puis-
sent demander autre chose sur mes biens et héritage. Item donne
et lègue à nobles Franc et Constant du pradel, mes nepveux, en«
fans naturels et légitimes de Noble Daniel des Serres du pradel ,
ses fils y et à chascun d'eux la some de dix liures, p' une fois tant
seulement, les faisant en ce, mes héritiers particuliers. Item donne
et lègue aux enbns nais et à naistre, pendant ma vie, desd« dam'**
Bonne, Tsabeau et Marie des Serres mes filles, et à chascun d'eux^
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OLIVIER DE SERBES. 105
la some de cinq Hures po' une fois, les faisant en ce, mes héritières
particulières 9 sans qu^autre chose puissent demander , auoir et
prétendre sur mes biens. Item, et par led. droit ay laissé et laisse à
cbascun de ceux à qui de droit pourroit estre tenu de léguer , la
some de sept sols six deniers, p' une fois tant seulement, sans pou-
uoir autre chose demander sur mes biens , les faisant en ce mes
héritiers particuliers. Et pour ce qu'institution d^heritier est le chef
et fondement d'un cbascun dernier testament. A ceste cause, Jed*
Olivier des Serres S' du Pradel testateur, en tous mes autres biens,
meubles, immeubles par soy mouuans, noms, droits et actions pre-
sens et aduenir quelconques ou que soyent assis et situés, ay fait
et institué, fay et institue par ce mien escript, mon héritier Uni-
versel, noble Daniel des Serres du Pradel, docteur en droit et juge
p^ le Roy en la Ville et Viguerie de Yilleneufue de Berc, mon fils
ayne naturel et légitime bien aymé, par lequel veux et ordonne
tous et chascuns mes leguats et deptes si aucune après mon décès
sont treuués , estre payés et satisfaits. Et en cas que led. Daniel
mon fils et héritier, vienne à mourir sans enfans naturels et légi-
times, luy ay substitué Tun de ses frères ou sœurs ou Tun de leurs
enfians naturels et légitimes, tel qu'il voudra nommer et eslire.
Laquelle charge pouuoir et faculté, je donne aussy aux enfons dud.
Daniel mon fils, venant à décéder sans enfans naturels et légitimes.
Et aduenant le cas quîls ne fissent aucune nomination ni élection,
aud. cas, non autrement, je nomme, dès à présent et esly, led.
Pierre mon autre fils, et après luy mourat sans enfans ou ses enfans
sans enfans, je luy substitue led. Jaques mon autre fils, et à iceluy
Jaques, mourant sans enfans ou ses enfans sans enfans, lesd.
Gedeon et David frères, enfans dud. feu Gedeon mon autre fils,
l'un après l'autre suyuaut Tordre de primogéniture. Et à iceux
mourant sans enfans, je substitue lad. Bonne ma fille et les siens,
et, à icePe aud. cas lad. Ysabeau mon autre fille et les siens. Et
pareillement à icelle aud. cas lad. Marie et les siens. Gecy est mon
dernier et vallable testament, que je veux et entends estre entre*
tenu, gardé et obserué, inuiolablement, suyuant forme de droit et
par les meilleurs moyens que faire se pourra. Cassant et anullant
tous autres testaments, codiciles, donations à cause de mort, et
autres dispositions dernières que cy devant je pourroy auoir fait de
13.
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196 OLIVIER DE SERRES.
mes biens, sans qu^ls puissent auoir aucun effet, force ne vigueur.
Gecy est ma dernière et Inviollable volonté, libre et franche que
j'ay escripte de ma propre main et signëe de mon signe et saing
accoustumé au bas de chascune feuille. Et après moy mesme ay
plié ce papier contenant ma dernière disposition et icelluy cacheté
tout au tour de mon cachet en cire rouge d'Espaigne sur lacs de
soye rouge et verte. Fait en ma maison du Pradel dans mon cabinet
Ce vingtiesme Aoust mil six cens dix sept.
Des Serres.
L'original de ce testament , précieuse relique , est conservé au
Pradel. Il se compose de cinq pages et demie, toutes signées Des
Serres. Il était fermé de soies rouge et verte qui existent encore,
avec de nombreux cachets portant trois serres d'oiseau ^ Au dernier
verso se trouve la déclaration suivante :
Lan mil six cens dix sept et le trantiesme jour du moys d'auril
— après midy, pardeuant moy not. royal et tesmoings soubs
nommés estably en personne nob. Oliuier desserres escuyer sieur
du pradel, lequel de son gré pure et franche volonté a dict et dé-
claré dict et déclare par moy d. not. et susd. tesmoings
que le contenu en ses deux entiers fulhetz papier est son testa-
ment et dernière volonté qu'il a luy mesme escript et signé de sa
main propre et après cacheté de ses armoyries sur soye rouge et
verte autour des présens voulant
son décès ouuerte et publiée en la forme requise sorte son plain
et entier effect et soit obseruee sellon ses forme et teneur sy a
requis et requiers sa présente déclaraon estre escripte sur le Repli
dud. testament et m'en a demandé acte à moy d. not. — faict et
récité à Villen de berc, maion dud. testateur — signé des Serres;
Nicolas pro' du Roy, Justet, Portai, Fombonne et quatre autres
illisibles*
1 Ce 8ont les véritables armoiries — armes parlantes — d*Olivier de Serres, que
nous avons reproduites à la page 32. Le mot Serres vient de montagne, dont il est
simplement le patois.
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OLIVIER DE SERRES. 19T
N<» 11
DÉCLARATION DU DÉCÈS d'oLIVIER DE SERRES.
Just Seig' et baron de Tournon, comte de Roussillon, cheval' de
Tordre du Roy n*'* Sire, Cap* de Cinq** hommes d'armes de ses
ord'" et Jfice. Claude Maurin docteur en droicts, Cons' de sa ma-
jesté, son ballif et juge de Viveroys et Vall", Au sergent requis Salut.
Scavoir &isons que le mardy dix septiesme des mois et an bas
escrits; Se seroit présenté devant nous en nostre Cour Royalle de
Yilleu. de Berc noble daniel des Serres du pradel et de Leyris,
Cons*' du Roy et son juge en la viguerie de Yillen. de berc, qui
auroit protesté ne voulloir accepter Theritage de feu noble Olivier
des Serres son père, decede le deuxiesme du présent mois de Julhet
quavec beneffice dinvantaire. Sur quoy aurions ordonné que lad.
protestation demeureroit escripte et que seroit procédé à la Con-
fession dud. Invantaire. Les Créanciers et prethendans droict aux
biens dud. feu noble Olivier des Serres appelles. Comme appert
acte — Pour ce est-il que nous vous mandons à linstance dud.
sieur du Pradel et de Leyris assigner tous et chascuns les créan-
ciers et prethendans droict aux biens de sond. feu père , Comparoir
par devant nous en nostre Cour Royalle au jour que nous certif-
fierons par les exploictz pour voir procéder aud. Invant'*. • .
Donné à Yillen le vingtneuviesme jour de Julhet, Lan mil six
cents dix neuf.
Laselve Lient**.
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10$ OLITIER DE SERRES.
N* 12
TESTAMENT OLOGRAPHE DE DANIEL DES SERRES DU PRADEL
(15 décembre 1G23.)
C'est le Testament et dernière Volonté Inler liheros de noble
Daniel des Serres Seig' du Pradel, docteur ezdroictz, conseiller
du Roy et Juge pour sa Ma*' en la Ville et Viguerie de Ville de
berc.
L'an mil six cens vingt trois et le quinsie' jour du mois de Dé-
cembre, dans le cbasteau et maison du Pradel, moy soub"* Daniel
du Pradel, entreprenant un voyage ay fait mon testament en la
forme et manière que sensuit. Première* ay inuoqué le S* nom de
Dieu Père filz et S* Esprit. Aprez ay donné et donne aux pouures
de N* Seîg' Jésus Christ de leglise reformée de Ville de berc, la
somme de trente liures et distribuable par Messieurs du Concis*
toyre de lad. Eglise — Item je donne à lad. Eglise septante liures.
Les fruicts et reuenus de laquelle somme veux et entends quils
soyent appliqués pour ayder à entretenir les prières ordinaires
qu'on foit matin et soir en lad. Eglise — Je donne et lègue à Thos-
pital de lad. Ville vingt cinq liures et le tout pour une fois tant
seule* — Item donne et lègue par droict d'instituon particulière à
noble Constans du Pradel, mon filz bien aymé et de feue Damoy*
selle Anne de Frise de Mondnysan, ma femme très obère et bien
aymée, outre les droictz qu'il a sur lliœrie de sad. mère, de laquelle
il est cohéritier auec son fre soubs nommé par esgales parts et
portions, comme résulte de son testament receu par M* Saussines
not. dud. Ville soubs Tan et jour y contenus — Je luy donne, di-je
et lègue la somme de quatre mille liures et pour une fois tant seule*.
Voulant qu'auec cela il soit contant et salisfaict de ses droitzs de
nature quil pouroit prétendre sur mes biens et hœrie. Et pour cbef
principal de ce mien testament et fonde* diceluy, je nomme et crée
mon héritier uniuersel en touts et chascuns mes autres biens, Noble
franc du Pradel doct. ez droictz, mon autre filz et de lad. damle.
Le chargeant sur sa foy et conscience et suyuant forme de droict
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OLIVIER DE SERRES. £09
de payer et satisf^ (satisfaire) réal' touts les susd. légats aux sus-
nommez sans figure de procez. Ensemble touts et chascuns mes
debtes à mes vrais et légitimes créanciers. Le chargeant aussy en
la forme que dessus de fè (fiEiire) porter et enterrer mon corps en
n** Cimetière et Tumbeau de mad. maison du Pradel ou j'ay de
noiiueau (aict enterrer noble Pierre des Serres doct. ezdroiclz, mon
P* et noble Jacques d* Arçons aussi doct' ez droictz mon cousin
germain du coste de ma mère. Et de Eaire clore à chaux et sable
led. Cimetière et iceluy agencer le plus tost et le mieux qu'il pourra.
Et ce d'autant que la rigueur de ce misérable siècle nous a chassez
comme vrais Ghrestiens et privez du Tumbeau de nos prédéces-
seurs. — Outre ce dessus je veux et entends que si led. franc mon
fils bien aymé et héritier universel, vient à décéder sans enfans
naturels et légitimes et de légitime mariage procrées, tout mond.
héritage vienne et parvienne sans distraction de quart, à mond. filz
Constans son f*. — C'est ma dernière Volonté, que je désire de
tout mon cœur estre obseruée fort exact' Et ores qu'elle ne soit
receue par main publicque à la manière accoustumée je la soustiens
pour bonne et valable, suiuantla disposionde droict notoyre à tout
jurisconsulte. Et en foy de tout ce dessus et de ceste miene dispo-
sition fort véritable, je me suis soubsigné.
DUPRADEL.
L'original de ce testament est conservé au Pradel. Il se compose
de trois pages in-8* signées : Du pradel. L'auteur l'a coté lui-même
ainsi : Cest mon Testament^ signé Du pradel XY* Debre 1623 —
Inter liheros.
N* 13
MÉMOIRES DE DANIEL DE SERRES.
- Les Mémoires de Daniel de Serres , formant un petit cahier de
papier, in-18, sont des notes écrites au jour le jour. C'est un livre
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tOO OLIVIER DE SERRES.
de raison^ comme celui de son père et comme on en tenait un dans
toute maison noble ou bourgeoise de cette époque.
Rien n^explique mieux cette vie étrange de la province au sei-
zième siècle que ce manuscrit, La même page contient le « rôle
des meubles ruinez et pillés dans la maison du Pradel, en 1623
et Tarrentement du domaine à Bamier » . Sur une autre page est
consigné Tachât de trois « mosquets et quatre livres de poudre» ,
et plus bas cette mention : « Compté le linge ce YIII novembre
1624 — Linseuls 50. »
Le 4 août 1624, Daniel achète une arquebuse au sergent Mazel;
le lendemain, il paye des arrérages de rentes « encourus durant la
guerre » . Immédiatement après le combat, avec la même encre
quelquefois, c^est la constatation d'un payement aux « serviteurs,
domestiques du domaine » .
Ailleurs, Daniel de Serres note d^une façon très-sommaire la
capitulation du Pradel, en 1628.
a Le calme de ces notes, leur air de tranquille résolution ne
laisse pas que d'étonner un peu. Pas un cri de colère, de haine,
de révolte contre les hommes ou les choses du parti victorieux;
pas un espoir de vengeance. C'est presque du fatalisme. Dans la
pensée de l'auteur ce sont là jeux de guerre ; dé&ite aujourd'hui,
victoire demain. Au lendemain de sa mine, le Pradel perdu, Daniel
va, presque insouciant, rejoindre en simple soldat l'armée de ses
coreligionnaires. Vaincu derechef, il se retire, désarmé cette fois
et soumis, à Villeneuve, attendant tranquillement l'heure où son
parti vainqueur lui rendra l'occasion de reprendre ses biens et son
rang, et très*impatiemment le départ des locataires qui occupent
la maison qu'il doit habiter. Mais au milieu de cette indifférence,
de cette froideur, chez ce soldat qui compte sa vie d'homme de
guerre par doit et avoir, une phrase apparaît, pleine de douceur,
de charme intime, « mon petit Constantin » • C'est la note humaine,
simple, naïve, et par cela même touchante.
Et quel tableau de l'époque que ce court récit!... Ce gentil-
homme, maître la veille d'une seigneurie et d'une forteresse qu'une
armée de quatre mille hommes a peine à réduire, allant, le lende-
main, demander à un ennemi un abri pour son enfant au ber-
ceau!...
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OLIYIEB DE SERRES. 201
Quelques mois auparavant, un feit s'était produit qui avait attiré
lattention du Pradel, et il s'était hâté de le transcrire dans ses
Mémoires. C'est un phénomène naturel, dont il ne connaît ni la
cause ni le nom *, qu'il se contente de décrire tel qu'il l'a vu, sans
réflexions, simplement et froidement comme tout ce qu'il écrit.
Il prend soin cependant, la chose lui paraissant extraordinaire,
d'appeler ses serviteurs, pour qu'ils puissent, au besoin, appuyer
son témoignage.
C'est décidément un impassible que ce Daniel de Serres, qui ne
s'émeut, ne s'indigne, ne s'étonne de rien, pas même des choses
surnaturelles qu'il ne comprend pas*. »
Comme pour le Livre^ournal d'Olivier, nous avons extrait
des Mémoires de son fils les articles les plus intéressants.
D, 0. M.
MEMOIRES
leiS J^ay esté mis en possession du Pradel par messieurs de Cbabrilles
et de la Croix, Com'** exécuteurs de l'Edict de paix, le samedy sep-
tiesme janvier 1623.
Huict jours aprez, suivat l'injonction à moy Ciiicte par lesd.
s'* C'** jay fait abatre les fortifications nouvelles de ma maison dud.
Pradel, conformément aud. Edict et ord** desd. commisseres. Jay
treuvé mad, maison desbiffée et fort ruinée par le dedans, scavoir /
les planchers du corps de logis bas presque tous ruinez, comme
aussy les couvertz grand' faissez et gastez.
Item le beau lavemain de la saleté que mon père avoit fait tailler
en belle pierre blanche cruellement brisé et ruiné.
Plusieurs portes perdues et celles qui y sont toutes sans serrures
et peu avec des barres.
1 G*e«t fans doute un halo.
'Léon YéoEL. -^ Olivier de Serres et le Pradel^ page 25.
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202 OLIVIER DE SERRES.
Rolc des meubles ruinez dans lad. maison — Reste de pillage.
Deux cuves ou tines, une grande et une petite.
Douze tonneaux, la plus part imparfaits de cercles et fonds.
Deux (ablesy trois bancs, trois chères.
. Un grand buÉfet.
Deux armoyres, sans serrures et sans tiro'rs.
Deux caisses sapin, aussy sans serrure et une autre bois noyer
aussy sans serrure.
Une grande chère à dossier marquetée et vieille.
Deux châlits et une litoche bois noyer.
Quatre montans de lits tournillez aussi noyer.
Une met à pestrir.
Une vieille chère pour servir de siège à une tuble.
J'ai continué à Barnier mon arrenl* du Pradel à miege le do-
maine — Me suis réservé la vigne vieille et la muscade,
Luy ay baillé deux grands socs ou reilles.
Ite un autre soc, une grand' hache ou couignasse et une petite.
Une piche.
Une pale bois, un pal fer.
Item. J'ay mis un cremal à la cuisine accompaigné de ses cré-
maillères.
Ile une pale et une broche fer, plus une grande poêle à frire.
Ce jourd'huy XVI* janvier 1623, jay fait preser icy au Pradel
deux charges vin de la Villedieu, que j'y avoy en la cave de M. de
Larque, et une autre charge qui y est encore, quil faudra aussi
mander quérir au premier jour. Et ce outre huict livres que
M. Pierre Maurin, fdctdud. s' de Larque m'a fait tenir àMirabel.
Lad. somme est pro venue de deux charges vin vendues par led.
Pierre Maurin. Le tout recueilli en ma vigne de Montjlori, outre
le surplus employé pour la récolte du vin.
Ce XII febvrier 1623, mis dans lecofFre des linseuls à Mirabel
au chasteau, douze plas, dix huict assiettes, quatre escuelles, deux
bassins et deux ayguières.
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OLIVIER DE SERBES. S03
Demeure au Pradel deux assiettes et deux escuelles estain.
VIII mars 1623 baillé à Barnier un escu d'or sol. " valant 3 liv.
12 s. pour acbepter avoine pour semer.
Plus luy ay baillé un autre escu d'or sol. valant 3 liv. 17 s. pour
acbepter avoine.
Item baillé 3 sest. et demy orge.
Plus 3 sest. orge que M. de Mirabel m'a prestes aux mesmes fins.
Ce X* mars jay loué Jan Delière, jeune garçon de seize ou dix
sept ans pour valet au pris de douze livres , vingt pans de drap ,
une chemise, un cbapeau et sa cbaussure, pour un an.
1623 Ce XV* mars, mandé quérir à Myrabel deux cbarges vin que
mad^* de Guy m'a vendu, luy ayant baillé d'advance une pistole
d'Hespaigne valant 7 liv. 7 s.
En déduction d'une pistole d'Italie que Catberinete m'a preste,
je luy ay rendu un escu d'or au sol. et vingt s. d'argent.
XXI mars fait planter au ribeyras du pré du moulin, quatre
vingts saules ou pibons.
1623 Mars — Deux onces gi*. maigneaux de Villen. 30 solz, que mis
couver le 24 avril au Pr. et sont esclos dans trois jours.
Autres deux onces acbetées en Aubenas 40 solz l'once, mis
couver le vingt cinq dud. mois — Commencé à esclore le samedy
suivat 29* et sont esclos dans cinq jours, au comencement de la
lune nouvelle.
1628 En mars — Rôle de la chaux employée au Pradel. Mandé quérir
à Mercuer ou au pont d'Aubenas une cbarge cbaux. . 7 sols.
Item une autre cbarge 9 —
Plus une autre 9 —
Le V avril 1623 — Loué pour un an le susd. Arnaud pour servir
de domestique. Ses gages quatre escus et demy, vingt quatre pans
drap, deux cbemises, un cbapeau et sa cbaussure.
VIII* may 1623 ayant prins mon domaine du Pradel à ma main,
' Écu d'or au soleil. La livre tournois équivalait à 4 fr. 50 sous Cliarles IX; à
8 fr. 83 sous Henri III; à 3fr. 66 sous Henri IV; à 3 fr. 7 sous Louis XIII.
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Î04 OLIVIER DE SERRES.
BarDÎer mon rentier m'a baillé François qu'il avoit loué pour bou-
vier, jusques à la S* Michel, Et luy donne despuis ce jourd'huy
âud. temps, huict livres dix solz.
16«8 Réparaon du Moulin.
Meule brune du g[rand moulin — Achept sur le lieu à Ussel,
seize livres et un ses!, mescle.
Port attendu suiv. du marché feit avec Deydier charretier des
Mazes d'Aub. neuf escus outre autres petites despenses extraord'"
revenats à uij escu ou environ.
Cals pour le dessoubs de lad. meule prins à mon moulin ruiné
de Sichemaille. Pour le port à raison de sept journées mulet, un
quart d'escu — pour mulet ou le maist^e, qui estoit Jonget, 5 liv.
12 solz.
Le tout charrié en avril 1623.
M* Jacques le fustier de Myrabel est venu le lundi 24 avril 1623
pour travailler aud. moulin, Et son compaignon est venu le 26 dud.
mois.
Une charge chaux 9 solz.
XXIII juin 1623, acheté en Aubenas une grande assiette et une
tasse estain, un tesson et un rasteau.
XXV — acheté une payre bœufs 25 escus 15 solz à la foyre de
S* Jan,
Item une autre payre, Bamier et moi en commun. 23 escus.
1638 Cejourd'huy, dernier sepbre, jay arresté compte avec Barnier
et luy dois en tout, comprins la chèvre qu'il m'a vendu aujourd'huy
pour le prix de 3 liv. 10 solz, la some de 75 liv. 19 solz.
Payé en déduction aud. Barnier un escu dix sept solz en un escu
d'or au so'eil, ce X* octobre aud. an.
J'ay baillé aud. Barnier, mon rentier du Glaux une reille pesant
85 livres, le XV* dud. mois.
Sur la fin du mois d'octobre ay baillé aud. Barnier quarante soU
pour une eymine fro' pour semer.
XII* Debre 1623 — baillé à Claude Amichan, mon rentier deux
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leu
OLIVIER DE SERRES. 205
quadruples d'Italie pour acheter du bestail à la foyre de S** Lusche,
de ViUen.
Ce jourd'huy XV* febvrier 1624, jay vendu une paire bœufe au
boucher duBourg pour le pris de 22 escus {
Ce XX dud. mois de febvrier, compté avec M. Barthélémy
Ârnichan, mon rentier du Pradel. Et en attendant de nous aparier
du bestail gros et menu, luy ay baillé en deux diverses fois la
somme de 35 escus. En ce comprins une jument poil rouge que
luy ay vendu avec son hast, pour le pris de huict escus
Et par ce cy 105 liv.
Accordé aussy luy avoir baillé deux reilles
Ite un gros tarayre sive taravelle.
4 mars 1624 — Commencé à semer l'orge et les avoynes.
Orge fourni par moy XI sest.
Avoine fournie par moy XII sest.
Et par le Oranger II sest.
Ite le granger a fourny un quart
Pesillons 1 quart.
Erses 1 q* comble»
Pois 1 bois. '-
Chiches 1 <!*•
En mon particulier, jay fait semer au verger
Orge Il sest. 1 q* 1 civ.
et quelques pois et febves.
Ce IIII* may 1624, j'ay loué Marguerite Solery de Tournon
pour chambrière, aux gages pour un an, de une robe, chausses et
manches, une chemise, 2 fandaux, 2 cols, sa chaussure et 3 livres
d'argent.
Aud. mois de May, j*ay tenu neuf jours deux sieurs qui m'ont
fait deux douz. chevrons de pibou de neuf pans de long. Et qua-
rante pos * de verne de dix pans de long. Ausquels j'ay donné de
^ Planches.
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Î06 OLIVIER DE SERRES.
d^ges 5 liv. 5 solz et leur nourriture. Geignent sept 80U8 par jour
ckascun.
Recueilli ceste année 1624 au mob de Juin à ma part, laine ou
anisses pour 7 liv. et quelques solz — la laine vendue 6 solz la livre
au sieur la Garde,
Vendu feuille de meurier pour XIIII liv. 9 solz — Soye sept
livres provenue d'une once graine — Vendue à no" P* Feutrier
6 liv. la livre — 42 liv.
Faut detraire le tirage, 8 solz pour livre, reviennet les sept livres
à 56 solz.
En tout recueilli au Pradel en 1624 — from* 120 sest. — Orge
69. — Avoine 61. — Leg. 7 s. 2 civ.
1624 A refaire le plancher de la chambre obscure. Grosse pos de
^'prâdel. sapin quatre charges reviennent à quatorze liv.
cy 14 liv.
Chevrons de pibou, deux douz'* la façon cy. 2 liv.
Fiches 1 1 douzaines 12 solz.
Cloux sept cens 3 liv. 10 solz.
A refaire le plancher de la chambre sur
lad. chambre obscure pour servir de grenier,
cinq fîistes, la façon 1 liv.
Aix de verne, la façon ayant tenu des sieurs
qui m'en ont fait trente-neuf, cy • • . • . 4 liv.
doux sont cy-dessus.
Chaux 1 liv.
Sable, néant.
Doële deux charges, montent trois livres, la
charge 6 liv.
Payemenu. A la veille de la foire de la Mdg'* mandé par Margot, ma cham-
brière au s' Reynet deux escus d'or au soleil — 1624.
XXIIII juillet 1624. Commencé à recueillir au Pradel à Mièges,
à ma part et moytié :
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OLIVIER DE SEURES. 207
Herses S quarts.
Orge 8sest. 2quarts.
Pois chiches rous. 2 q'*
Pois chiches blancs 2 q**
Poîs blancs cornu ns 2 q**
Febves 1 q» 2 civ.
Pesillons 2 q*'
Au sergent Mazel, en déduction du pris d'une arquebeuse qu'il
nous a vendue pour le pris de sept livres. Payé ce 4 aoust 1624 :
Orge. ., 1 sest. 2 quarts.
Ay encor payé aud. Mazel un escu d'or au soleil valant 3 livres
17 solz.
5 aoust 1624 — Au s' Joachin Aymar, rentier de berc, pour
arrérages rente de no'* moulin de berc, encourus durant la guerre
— firom' 5 sest. orge 6 sest.
A M* Leyriou et à deux siens valets pour neuf journées les trois
que font XXVII à huict solz par jour 10 liv. 16 solz. Ce XXY aousl
1624.
A M* Claude Durand dict Bagel autre charpentier, qui a travaillé
aud. réparations neuf journées avec les susd. payé à raison de
huict solz par jour, trois livres douze solz cy. • 3 liv. 12 solz.
En vivres auxd. charpentiers pour lesd. neuf
jours à raison de vingt solz par jour les quatre
revient à 9 liv.
Deux journées de masson gages ou despens. 1 liv.
Le XXI aoust 1624 payé à Jan Massot
XXX solz cy. • • • 30 solz.
A Mon. de Serres, mon cousin 117 liv. 12 —
A M* Esperit une double pistole 14 liv. 4 —
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208 OLIVIER DE SERRES.
Au 8' de Serres marchand, mande par Gathe-
rinette deux escus d'or sol. cy 7 liv. 8 solz.
A M* Jan le Balonier, baillé sept livres huict
solz cy • 7 liv. 8 —
II m'a fourni cinq paires souliers et une paire pantouffles.
Plus payé à mond. cousin Mons. des Serres en trois cédules que
luy ay acquittées et rendues la somme de 91 liv. 5 solz.
A Daniel Arnichan pour une charge grosse
pos 3 liv.
Au Consul de Mirabel ce XXVII aoust 1624
pour taille • 1 liv. 16 solz.
Façon de toyic. Ce XVII octobrc 1624, baillé à la femme, tisseran trois quarts
mcscle, en pay* de la façon de huict canes et demy toyle demy
grosse, à raison de 3 solz 6 den. la cane.
XX octobre 1624 M* Leyriou
J'ay acheté de luy une Impériale cy. . . . V liv.
Un autre chalit non tournillé V —
Une litoche IIII —
Une porte V —
Trois escabeaux dorsiers 111 —
XXVII —
Un mosquet 6 liv.
4 livres poudre 2 liv.
Deux mosquets encor.
Plus un grand chalit 7 liv.
Vaisselle Vieille ou nouvele' fondue, plats XIII
^Têu' Assiettes XVII
XXII oct. Une escuelle.
Deux salières.
Deux bassins.
Deux eyguières.
Pour le service ordine* laissé à la cuisinière lèd.jour.
Plats VI
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OLIVIER DE SERRES.
209
Assiettes XII
Une escuelle.
Une salière.
Un bassin.
Une eyguière.
Le reste ay serré quest 7 plats, 6 assiettes, une salière, un
bassin, une eyguière.
linge.
Compté le linge ce VIII no**'* 1624 — Linseuls 50.
Mandé à Myrabel le YIII Debre 1624 X plats et buict assietes
et trois cueillers argent.
V Avril — Deydier, le charretier des Mases d'Aubenas, m'a
charrié à mon moulin une meule brune de 14 tours, au pris de
XY liv. pour led. charroy. Laquelle meule Guill. Gaude meusnier
charpentier et masson dud. Mases ma faite et vendue au pris de
7 liv. 14 solz et pour la poser a employé luy et son f * trois journées,
à rayson de huict solz par jour pour homme, monte 18 solz.
Geste année 1625, au com"* d'icelle, jay tenu deux sieurs d'Au-
vergne qui m'ont fait des chevrons et ais de pibou et verne ayant
(ravaillé environ deux mois aux gages de quatre solz et demy par
jour chascun, le tout ayant monté vingt cinq Hures que leur ay
payé. Ces ais et chevrons ont été employés à faire le plancher de
la cbbre haute du Pradel où est la belle cuisine regardant sur la
cour.
XVI Avril 1625 — bailhé à prisfiaiit à Vidal et pierre Chaussi
père et filz à couper les buissons et autre bois du pré du moulin,
despuis la planche jusques au milieu de Thermas dud. pré soubs
les grands chesnes et à iceux baillé deux sest. mescle pour led.
pris&it.
Ce dernier jour dud. mois d'avril mon rentier et moy avons
vendu aux Mongrans de Ville sept moutons au prix de vingt-trois
livres sept solz, revenant à trois livres huict solz pièce» Luy ayant
14
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210
OLIVIER DE SERRES.
laissé tout led. pris entre ses mains pour estre employé à acbepter
de brebis à la foire du premier de May et estayent lesd. moutons
tondus.
Mar6««Solery Continué le louage de Marg** Soleri pour un an, commencé le
Luy ay payé //// du prit moi's de maf, aux gages accoustumés scavoir une robe,
•on argent et sa chausses et mancbes. une chemise, 2 fandaux et 2 colets. un couvre
robe de la p»* ' '
année. chef, sa chaussure — Cecy est escrit le XXIII May 1623.
Vin.
Led. M* Barthy m'a vendu deux charges vin clairet au pris de
cinq livres la charge. — Ce IIII dud. mois.
Gaspar Faure. L^ j j^^^ ^ jg j^j^ jggs^ gst arrivé céans Gaspar Faure * filz de
feu Dam'* Susanne de Serres ma cousine.
Disme.
Ce VI Juillet 1625 accordé avec les dismiers de Myrabel de u'*
disme de la pnle année de touts grains et fruicts de la terre du
Pradel, à neuf sestiers (rot. Deux sestiers orge. Et deux sestiers
nvoyne Et le tiers du tout a esté donné à ma fille par Mons' de
Myrabel son père à qui le tiers du disme dud. Myrabel apartient.
Des Serres.
Venic de soye.
Ce XlIIIJuillet 1623. Vendu au sire des Serres, marchand de
Ville six livres soye à six livres quinze solz la livre et par ce moyen
est payé de tout ce que luy devey pour marchandises fournies
jusques au jour put.
Le mesme jour, le Compère Barnier, en déduction de ce qu'il
me doibt ma bailbé 3 livres soye pour six livres quinze solz la livre.
Les trois revenant à 20 liv. 5 solz. Lesquelles 3 liv. soye ay aussi
vendues aud. des Serres au mesme pris que dessus.
Le lendemain jay aussi vendu six livres soye à M* Esperit mar-
chand de Ville au pris susd. Et par ce moyen ne luy doy plus rien -^
fors 3 liv. et quelques solz.
1 Petit-fils de Jean d6 Serrai.
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OLIVIER DE SERRES.
iu
Arrcnt
à Mcrcoyrol.
1625.
nichartl.
Suisse.
Gorris.
Lustie .
Au commence* du moys d'Aoust 1625, jai arrenté ma boutique
soubs la chambre de ma maison respondant sur la grand rue, à
Jacob Mercoyrol pour un an, au pris de X liv. Et en a payé quatre
contant et du reste s'est obligé.
Cesle boutique a été arrentée à M* Courti pour X liv. y est entré
sur la fin d'aoust 1726 — A baillé V livres.
Le XV dud. moys d*Aoust, jay aussi arrenté ma chambre de mad.
maison qui est au bout de la sale, à M* Arnaud Apothiquère, au
pris de neuf livres pour un an.
Le XVII dud. mois. Jay pareillement arrenté à Jan Richard
M* cordonnier, la boutique de ma maison joignant la porte, pour
un an, au pris de dix livres.
Le XXV dud. mois, j'ay aussi arrenté h la Suisse, ma sale, saleté
et cuisine de mad. maison, au pris de 30 liv. pour un an — A payé
un quadruple d'Italie valant XIIII liv. 6 solz plus XI III solz.
Mandé acheter à la foire de Privas ce XXV Aoust 1625 deux
gorris * au pris de XVIII livres, par Claude, et ay tout fourni.
X.vVI dud. mois d'Aoust, Lussie a compté avec moy du pain et
du vin qu'elle m'a fournis jusque s à pnt. Et m'a rendu deux tailles
Tune tirant 29 pains qui montent 44 solz 6 d. Et l'autre huict pots
do vin qui montent douze solz. En tout luy doy 56 solz 6 d. Et luy
ay baillé cinq quarts froment au pris que sera ad visé entre nous.
itcnaël Poriicr. q^ jourd'huy XIIII* Octobrc 1625, j'ay loué Ismaêl Gautier de
Myrabel pour me servir de portier en ceste maison du pradel,
attendu les menaces de nos ennemis. Et le trouble du temps. Et
pour ses gages, je luy donne un sestier froment par mois.
Beau plancher
de la chambre
baate.
Ce XVI* Octobre 1625, arreslé compte avec Sf* Jacques du Clap
* Porca..
14.
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212
OLIVIER DE SERRES.
I6S5
20 octobre.
Mareschal de
Myrabel.
Venic
de beslail.
fusiier de Myrabel à XV journées qu'il a céans depuis le premier
janvier de cesle année tant à fe le plancher qu'autres choses. Et
luy ayant baillé un sestier avoyne pour XXVIil solz. Je luy doy
encor 6 liv. 12 s. Et luy ay promis deux sest. froment en paye-
ment et par ce moyen ne luy doy plus rien jnsques au jour présent.
M* Leyriou
JeluydoyparcomptearrestéduXIfebr. 1625. '30 liv.
Despuis a baillé deux mosquets 12 —
Plus une arquebeuse A —
Plus trois charges vin 15 —
Plus un milié doux 5 —
Cloux encor 3 — 6 solz
Plus un manteau de cheminée 5 —
Plus en journées à fe le plancher luy et son
homme 8 — 16 solz
Plus un autre mosquet 6 —
Plus un ferrement pour un chalis. ... 9 solz
Ce XX Nobre 1625 — J'ay fait compte avec M* Pierre, mares-
chal de Mirabel de la marchandise qu'il m'a fournie à cinquante
huict solz. Et luy ay payé en déduction vingt solz. Reste que je luy
doy trente huict solz. M'a accomodé un pal de moulin et une
grenouille.
Plus m'a aussi cccomodé le prasset du moulin à huyle, monte
le tout XX solz.
Plus deux boulions pour un tombereau monte. . . 6 solz
Plus a accomcdé deux fessous 8 solz
Environ les festcs de Noël 1625 avons vendu un bœuf à Pousson
pour le pris de 33 liv. 15 solz
Plus à luy-mesme au mois de febvrler,
avons vendu un autre bœuf au pris de. . . 38 liv.
Plus une vache au pris de, avec son veau. . 36 liv.
107 liv. 15 solz ■
Plus deux gorris 24 liv.
Plus j'ay fait tuer un bœuf du commun . . 33 liv.
164 liv. 15 solz
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OLIVIER DE SERRES.
213
A nette.
1626.
XXV* May 1626 M* Barihy, mon rentier a vendu une paire de
bœufe la somme de 28 escus Irente solz valant 85 liv. 10 s. — Il a
acheté led. jour une paire beufs au pris de 22 escus valant la
somme de 66 liv.
item un autre beuf — 38 liv.
Luy avons baillé onze francs et lesd. beufs mentionnés cy dessus,
doibt neuf livres quinze solz.
Ce beuf en dernier lieu acheté a esté surpayé par nous de trente
cinq solz des quels M* Barthy est chargé cy. . 1 liv. 15 solz
Ayant acheté une anesse de Biaise bechon et de Barnier au pris
de Xi liv. qu'est 5 liv. 10 solz pour led. bechon, je luy ay payé
lesd. 5 liv. 10 solz ce jourd'huy pénultième juin 1626.
Reste les autres 5 liv. 10 solz dud Barnier qu'il luy faudra tenir
en compte sur ce qu'il me doibt.
Ce XV d'Aoust 1626, vendu au S^ Loys des Serres la queu du
grand pré despuis le cabinet en bas au pris de XIII liv. laquelle
somme il a retenue en déduction du pris d'une paire beufs qu'il
nous a vendu XXIIII liv. Luy en ayant payé la moitié.
Fourni à M. d^s Serres, mon cousin, un habit — Plus luy ay
payé une paire souliers en Aubenas 30 solz. Plus à luy fourny en
mon nom et crédit par led. s" des Serres un pourpoint trelis et une
paire tricouses aussi trelis XX juin 1626. Plus une paire souliers
par le Cordon" de Ville.
Ay aussi fourni à mon nepveu le s' de S* Montan deux paires
soliers et un habit — Ite un baudrier Appert dud. habit au rôle du
s' Loys des Serres march.
Je luy ay baillé 40 escus au partir du Pradel, s'en alant en Pied-
mont — Icelle somme provenue de la vente de mon jardin joignant
la porte de Nre dame par moy faite à Claude Soboul, pour lad.
somme environ le mois de may 1627 — Acte receu par M* Jan
Veyrenc Not. royal.
Le XX Sepbre vendu de ma pension de vin au s' pol Gaillard
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ÎU
OLIVIER DE SERRES.
la quantité de nonante un barrai. Contrat receu par Mcaucuer Not.
du Bourg. Et ce pour la cueillele de Tan 1627. Payé contant. Et ce
pris a esté employé en achapt de beufs.
Semences .
1626
octobre.
16il
XVIU«fcb.
Commence à
semer.
Ajant prins la culture de mes terres du Pradel à ma main par
valets, j'ay cômmancé mes semences et conserves le V* Octobre
1626 et continué à mettre en serre les grains aux espèces et quan-
tités suivantes :
Pre*-Espeaute III sest. III q.
Febves I q.
Vaucoules
Froment .... XXX sest.
Avoyne XII —
Orge XIII —
Chanvre I — III q.
Chiches blancs 2 q.
Dismc du
Pradel
Ce XX* Juillet 1626. Jay accordé pour le disme du Pradel avec
le s' Loys desserres, marchand de Ville associé à Moni»' de la Roche
rentier principal du disme de Myrabel, appart* à M' du Chapitre
de Viviers à la quantité de six sest. blé, from*, trois sest. orge et
un sest. avoyne, chascun an et ce pour tout le temps de sa tenue,
qu*cst de quatre années, tant pour les grains que vins et chair qui
proviendront de la terre du Pradel. Et telle pache avons promis
respectivement Tun à l'autre tenir, garder et observer pendant led.
temps, 6Eiit led. an et jour.
DUPRADEL.
1C26.
Ce jourd'huy 2 Nbre, vendu au gerlier de Ville Cinq vemes ou
saules, monte au pris de 40 solz et me doibt bailler un quarteron
pour 13 solz, un bac pour 16 solz et un civadier.
Ustensiles de
cuisine.
Ce VIII Nobre 1626, Avons acheté du peyrolier du Montelimar,
son principal valet passant par icy au Pradel, un ferrât moyen, une
congue cuivre assez grande. Une cosse à puiser Teau et une Cossetc
assez grande. Le ferrât et la Congue pesant douze livres, à 14 solz
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OLIVIER DE SERRES.
!215
la livre monte YIII liv. \III solz. La Gosse apreciée à seize solz,
et la Gossete trente cinq solz.
Le ferrât pèse 8 liv. 5.
La Gongue pèse 3 liv. ;.
Pour le payement de quoy luy avons baillé unse livres et demie
cuivre vieux à 7 solz la livre. Et tout compté, pour plus value lui
avons rendu en argent six livres un sol.
Et partant led. ferrât, conçue, cosse et cossete reviennent à dix
liv. dix-neuf solz 10 liv. 19 solz
Luy devons par Cédulc 5 liv. 5 solz payables à la première pro-
chaine foyre de may 1627.
Luy ay rendu à lad. foyre led. ferrât d'autant quil estoit rompu
au fond.
feule blanche. J'ay tenu deux massons quatre jours pour battre à pointe de mnr-
teau ma grand meule du moulin blanc, qui estoit importune pour
son excessifue espesseur. Et à eux donné pour leurs gages, à raison
(le 9 solz par jour le chascun la somme de 45 solz. Ge dernier de
Tan 1626, lesd. deux massons sont Sauvadon et le filliat de Rat de
Ville de berc.
Poorceaax gras. Au mois de Debre de ccate année 1626, avons tué cinq pour-
ceaux dont les trois estoyent de nostre creu. Et les autres deux
achetés à la foyre de S** Lussie de Ville, au pris de neuf livres pièce.
Toile. Filetde cœur de chanvre 40 livres — mandéà Ville pour fe toyie,
dont le Tisseran en auroit ourdy quinze canes et à luy payé trois
solz 6 den. pour cane — Revient le tout à la somme de 52 solz
6 den. Gc dernier jour dud. an 1626.
Pcyrolier da
Mon*'.
Le Peyrolier du Mon*' m'avoit vendu un ferrât et autres usten-
siles. Lequel ferrât feut trouvé rompu et non recevable. Parlant
le luy est rendu comme est escrlt au feuillet précédent. Â Toccasion
de quoy il faut retirer la cédule de 5 liv. 5 solz y mentionnée qu^il
y a de moy, et de plus 14 solz dont il est surpayé de la marchandise
que j'ay de luy.
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tt6
OLIVIER DE SERRES.
ieS7
Louage de
maison à
Gaspar Joffre.
Le S' Reynet.
Ce jourd'huy pre janvier 1627, j'ay loué la sale de ma maison de
Ville à M* Gaspar Jo£Fre de Tournon, au pris de onze livres par an.
Pacte accordé par en ce cas que je veuille aller demeurer à Ville
led. Joflre sera tenu sortir de lad. salle et prendre la chambre au
bout d'icelle sale, au pris de neuf livres par an. Et payera la moitié
du pris dud. Louage au comm* dud. terme. Et au milieu d'iceluy
Tautre moytié.
Led. jour premier janvier ay fait mes comptes avec le s' Reynet
marchand Âpot'* de Ville de Berc et touts payements allouez, je
luy doy pour toutes les fournitures médicaments et marcliadises
qu'il m'a baillé jusques au jour présent la somme de trente six
livres. Dont je luy ay fait cédule payable le premier jour de May
année présente 1627, Et par ce moyen demeurent toutes mes pré-
cédentes cédules, arrêts de comptes rendus ou non rendus tât con-
cernant mon particulier et mes domestiques que feus mon père et
fre Rayez, biffez et cancelez. En déduction de la somme de cesie
cédule, luy ay mandé par Catherine, ma chambrière, la somme de
XXI livres le 11* jour de May 1627.
Le Xll* janvier 1627 arreUé compte avec le s' du Saut. Pour
six livres chandelles à 5 solz la livre. Un assier 2 solz et 40 sols
d'argent preste.
Revenant le tout à 3 liv. 12 solz. En déduction de quoy luy
avons baillé cinq quarterons orge led. jour pour 3 liv. quest à
raison de 12 s. le q*.
X Nôbre 1627, ma fille luy a baillé une pistole d'hesp. (Espagne)
pour acheter poudre et pion, ce qu'il n'a fait, et nous a baillé une
barille de sardes.
Mon office.
Le XV* jour dud. mois de janvier 1627 assignation m'a esté
donnée pour comparoytre à Mounpellier en la maison de M* Es-
tienne d'Aubri procureur en la cour des Aydes greffe de Messieurs
les Com'*' du Roy. lllec seans aux fins de remettre devant eux
les îres de provision de mon office de judicalure royale en U
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OLIVIER DE SERRES.
2ir
nobioc.
Coiicons.
Moissons .
Viçuerie de Villen. de Berc. Et d'autant que pareille assignaon
auroit esté donnée à mon greffe et à Mons. Sabatier à Toccasion de
son office de Glayaire, y aurions envoyé toutes trois ensemble par
la voye de Baignolz. Le X* febvrier aud. an. Et a Iressé mon affère
à Mons. Roux procureur en la Cour des Aydes auquel aussi pour
le s>u8tien de mon droit auroyt mandé un playde pour remettre
par devant lesd. com'*' Et deux quarts d'escu pour sa présentation.
Ayant retenu copie tant dud. plaide que de l'ordonnance desd.
comm'** Et de Texploict d'assignation h moy donné come dict est
en suite d'icele.
Cinq hommes ont travaillé trois jours à réparer la grand Roubine
du pré du Moulin, sur la fin de febvrier 1627.
y mars aud. an, mon cousin M. Valleton a délivré à un mien
valet en Aubenas deux sestiers chastaignes blanches portées icy au
Pradel. Luy ayant promis par cédule (qu'il faudra retirer) de luy
rendre à la cueillette prochaine deux sesl. from* pour lesd. chas-
taignes.
Ce XX juin 1627, j'ay foit fë une grenouille de fonte et deux
bouillons de métail à M* du Puy, fondeur de chassiers pour mon
grand moulin blanc. Le tout pèse XXVII livres. Le pris quatorze
sols la livre. Luy ay baillé dix livres vieux métail prins pour sept
sols la livre. De sorte que ces dix livres en payent cinq de lud.
besoigne. Restent vingt deux livres pour lesquelles je luy ay payé
quinze fjancs.
1627, VI juillet, baillé mes coucons à M* Esperit Nevière, au pris
de 16 solz la livre, y en ayant eu soixante livres, que reviennent à
quarante neuf livres quatre solz. Ayant 1res mal dit. D'autant qu'il
y avait cinq onces de graine. Mais elle esloit de très- mauvaise race,
n'y ayant pas eu un seul couc^n bien qualifié. Nous avions Anne
d'Aubenas, n'.e ancienne Maignaudeyre, à sept francs de gages. Et
la graine lavions mandée quérir à Baignols à quarante solz Fonce.
Le XIX* Juillet jour de lundi 1627, avons comencé nos moissons
au Pradel. Et iceles achevées le dernier jour dud. mois. Et le tout
charrié à l'aze. Y a trois grands gerbiers de from*, un d'espeaute,
un d'avoyne et un grand monceau d'orge — Ayant vendu
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218
OLIVIER DE SERKES.
1627.
Froment 160 sest.
Espeaute 25 — 2 q.
Orge 50 —
Avoyne ' . 47 —
Pois chiches , . . . 3 —
Pois comuns — 2 q.
Febves 1 —
Herses 2 —
Millet 22 —
Lentilles 1 civadier
Chanvre 2 sest.
Au ClauXy recueilli à ma part
Orge 7 —
Avoyne 4 — 1 q.
Froment 15 —
M" les rentiers de berc en ayant receu 8 sest. et M* Loys le
tailleur 7 sest.
Louage de
Meusnier.
Ce premier jour d'Aoûst 1627, nous avons loué pour meusnier
Pons Bonnaud de la Villedieu. .
Les gages promis pour un an quatorze escus et une paire sou-
liers. Et entrera en service à la prochaine feste S* Michel — Prêt
M* Leyriou.
Semences Avons commeucé à semer aprez la S* Michel :
Espeaute 6 sest.
Froment 37 —
Febves 3 quarts
Orge 9 —
Pesés 1 quart
Chiches blancs 1 —
Chiches roux 1 —
Plus orge.
Louage de Ce XXIX Octobre 1627, j'ay fait compte avec Margot, femme
outique. j^ j^^ jgg Courts pour le louage de la boutique qu'il tient de moy
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OLIVIER DE SERRES.
219
en ma maison de Ville, Et arrestë qu'il me c'o'bt touts payements
et cuir vendu & mes domestiques, allouez la somme de quatre livres
qu'il payera au soldat qu'on m^a baillé aud. Ville dont rapportera
argent du s' Loys des Serres. Le tout sans préjudice du louage de
lad. boutique pour le temps qu'il y demeurera cy aprez.
M* Lcyrîoa
Grand
Roudet.
Sur la fin d'Octobre 1627, j'ay fait fe à M' Leyriou un Poudet
tout à neuf à mon grand moulin brun. En quoy il a travaillé avrc
deux siens valefs, ou bien à foncer (onnenux, à fe une porte à
Testable foubs la chambre obscure, et refe le poulailler soubs la
sale, ensemble pour un cent de clous prins par luy du bourdal
pour moy, qu'il s'est chargé de payer. Et ont employé à tout ce
dessus trenfe une journées, que reviennent à raison de hiiict solz
par jour, par home, quinze livres dix solz, que luy ay payé en
deux sesliers orge 5 liv. solz et deux quarts pois chiches blancs
3 liv. Le tout revenant à la somme de 15 liv. 10 solz et partant de
toute la besoigne qu'il m'a fait jusqurs au jour pnt — ^ne luy doy
plus rien.
Mon neveu le Notez qu'en ccslc année 1627, environ le mois de May, j'ai vendu
Monuni. ^^ mien jardin à Claude Saboul de Ville de berc, au pris de ] 20 liv.
Laquelle somme j'ay baillée à mon nepveu de S* Montan s'en alant
à Turin. Le contrat receu par M* Veyrenc.
Bœufs vendus
1628.
De quatre beufs que nous avions au mois d'Octobre 1627, un
est mort à l'estable. Il est vray que nous l'avons salé et employé
en la despense ordinaire. Son parier vendu aux bouchers de Ville
douze escus et demy. Les deux restants ont été vendus à M. le
Viguier la Garde la somme de XXVI liv. La Pascale vedele de
Constantin, ensemble son mouton pascal et deux autres moutons
et une bêle brebis appelée rossete ont été prinses par les soldats de
Mons' de Montréal, icy au Pradel le X febvrier 1628.
[.e Pradel .
Myrabel.
Le dimanche Vil May 1628, le Pradel rendu à Mons' de Ven-
tadour par composion vie et bague sauve après avoir s. 68 c. d. c.
(souffert 68 coups de canon) tout pillé et rasé, mon fils atné y
commandoit, ayant été inyesti le vendredi précédent, Myrabel, le
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220
OLIVIER DE SERRES.
village prins par force, le chasteau par composion vie sauve, armes
et bagages. Âprezia baterie de trois jours par quatre canons, Mon-
seigneur de Montmorency comandoit en personne à Tarmée, lad.
redition le XV juin, aud. an lf>28, le village ayant esté prins le
jour auparadvant.
La Baume.
Le mesme jour, je me retirai en chemise à la Baume, ayant esté
mis dans ce piteux estât à la porte dud. Myrabel, dans les bastions
dud. Chasteau par les gens du Roy et de Mons' de Peraut qui y
estoit en quartier.
Led. seign' de la Baume et de Rochevive m'y receut fort hu-
mainemt el m'y a entretenu avec mon petit Constantin, sa nourrice
et une chambrière jusques au 30 dud. juin que, par la permission
de M. de Montréal je me suis retiré à Villen en la maison de
M. Veyrenc, atendant dealer demeurer en la mienne occupée par
locataires.
221iT. lOsolz
argent mandé
à mon filz.
Mandé à mes fils et belle-fille à Privas une pistole d'Italie et
3 escusd'or sol prins à la caisse de Catherine. Ce 4 juillet 1628, et
outre ce 4 sezains prins ce XII juillet 1628 à lad, Catherine — Ay
acheté XXVIII pans toyie grosse pour fe une paillasse de lict à
2 solz le pan monte 56 solz. payé.
Plus argent Le XVI dud. mols de juillet 1628, mandé aussy à mond. filz
gl^ ^°^ malade[à Privas avec sa femme et son frère deux pistoles hespaigne
et une pièce de vingt solz, faisant le tout seize livres»
Ghanabière .
Ce jourd'huy XXV juillet 1628, passé vente de ma chanabière
des fombonnes à M* Esperit de Ville, au pris de cent cinq** pour
payer XX escus de reste d'une obligaon de mon Père. Et le reste
receu contant. Acte receu par M* Veyrenc no*".
Argent mande Ce XXVIII* mandé à mon filz à Privas par la voye du rentier de
Madle La Garde de Berzème une piàtole d'Italie et trois escus or
au soleiL
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OLIVIER DE SERRES. 221
Loué ma chambre haute à Prieur dit Chantusat mois par mois
et payé dix solz le mois qui est commencé le 22 juillet 1628, feste
de la Mag"*.
Le Mardy vingt et un Debre 1627, environ les neuf heures de
nuict, en nte maison du Pradel a paru un arc de couleur blanche,
ayant la forme et figure de Parc de Taliance. Et ce du costé du
Couchant, la lune estât en son plain. Tenant iceluy arc un de ses
pieds au pied et racine de la tour de lad. maison et Tautre dans la
basse court envelopant la première porte et touchât Tantrée d'une
cabane de berger qui est dans icele court servant aux chiens, et
rehaussoit iceluy arc sur la rondeur du milieu environ la hauteur
d'un homme sur terre. Ayant demeuré en son entier environ une
grosse heure. Veu et reveu par touts ceux de lad. maison pendant
le dit temps avec plaisir et contentet.
Ma maison du Pradel ayant esté rasée par ordre de Mons' de
Yantadour qui my avoit assigé avec quatre mille hommes, battu
de deux canons, ayant souffert soixante volées, estant sorti par
composition moy et Sarrasin de La Gorce mon enseigne et Jacques
perrotin mon sergent, Tespée au coslé et vingt de mes compagnons
«ans armes, nayant perdu qu'un soldat en estant sorti le
suit un espace en blanc
Mouyennant Tayde de Dieu lequel je prie mestre favorable je
<:ommense à faire rebastir ma maison sur le pen de muralies qui y
sont restées.
Premièrement, ce lundi vintesinquième novembre jay tenu trois
"hommes pour oster les masures qui y estoient, aussi pour mestre le
sable à part, leur donne quatre sols le jour à chascun et ont em-
ployé à curer la voûte de la saleté qui estoit tout affaict ruinée,
ont employé huict jours à curer la voûte qui estoit au milieu,
-censont aies ne layant achevée de tout à faict de netoyer et le sep-
tiesme décembre les ay payés h quatre sols le jour, les huict jours,
:^ont 4 livres sese sols cy. ....... 4 liv. 16 s.
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222 OLIVIER DE SERRES.
Décembre 1629.
Ce vintesinquiesme, jay balié à faire des creux h planter d'arbres
h Pierre Chaussi au vergier, des fruicts à noyaux à trois liars pour
creux et m'en a fait quatre vints.
Ce sinquiesme février 1639 m*" Pierre Ârnicliand de Myrabel,
et David Tendil de celle ville, sont venus dans ma meyson y ont
demeuré 4 jours, ils m'ont fnict une barentaliere, un châlit et faict
un pied à un autre, leurs Luict journées à huit sols chasqun sont
trois livres quatre sols, que sont deux carts d'escus le chascun
cy 3 liv. 4 s.
Ce 20* février, jay vandu à Grasiliou hoste, de ceste ville, un
tonneau de vin clairet tant qu'il pourra tirer h la chanelle, et ce
pour le pris de huict livres moins sine sols, presant Anlhoynne
Moulin, marchand de la presante ville. Ce 7* mars, j'ay faict crier
le vin quavois vandu led. Grasiliou, ne layant trouvé bon.
Barnier a commencé à habiter au Pradel ce 8* may. Dieu soit
loué.
Ce 28 novembre, j ly faict planter huict meuriers à la degete du
moulin et me coustent, portés en cette ville, deux sols pièce et les
petits vingt sols le cent, ainsin acordé avec m'* jardinier au bourg
et m'an doit aporter sinquante des gros et deux cents petits.
Achepté une grosse corde de molin, me couste quatre sols et
demy la livre, sont neuf livres que j'ay payées, ce 17* jan-
vier 1633,
Vandu Barnier et moy unse moutons à la foire de ceste ville
le 25* may 1634, à quatre livres douze sols, sont sinquante livres
ilouze sols, quest à ma part vint sine livres et six sols.
M'"* de Mirabel a balié à M* Claude Colomb m'* orfèvre six
onces d'argent pour faire sine culieres d'argent, ce 22* janvier
1633, poids de table.
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OLIVIER DE SERRES. 2i3
N" 14
CATALOGUE
DES PRINCIPAUX OBJETS EXPOSÉS DANS LE CABINET DE TRAVAIL
d'olivier de serres, a l'occasion DU CENTENAIRE
N" 1 — Portrait original d'Olivier de Serres, peint par son fils
Daniel, et conservé au Pradel.
2 — Fac-similé de ce po rirait, par Maurice Vaschalde.
3 — Contrat de mariage « passé entre sieur Olivier Des-
serres, escuyer, habitant de Villeneufve-de-Berc et
lionneste fillie Margueritte Darcons » le 11 juin 1559.
4 — Trois lettres autographes d'Olivier de Serres [Archives
de rArdêche).
5 — Son testament olographe original, 1617 {Archives du
Pradel).
6 — Une grande et belle lettre de 7 pagps in-folio, écrite en
1611 par Gédéon Desserres, à son père, Monsieur
du Pradel.
7 — Portrait original de Daniel de Serres.
8 — Diplôme de Docteur en droit de Daniel de Serres, déli-
vré par l'Université de Valence, le 13 novembre 1589
{Archives du Pradel),
9 — Son contrat de mariage avec Anne de Frise de Mond-
visant, le 3 mai 1594 {Archives du Pradel),
10 — Inventaire des vases sacrés et ornements de l'église de
Villeneuve-de-Berg, confiés à la garde d'Olivier de
Serres, en 1562 {Bibliothèque de H. V,),
11 — Livre de raison, Journal d'exploitation du Pradel, ori-
ginal {Archives du Pradel),
12 — La Cveillete de la Soye, par la nourriture des vers qui
la font. Échantillon du Théâtre d'agriculture y d'Oli-
vier de Serres, seigneur du Pradel, à Paris, chez
Jamet Mettayer, 1599^ . .
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224 OLIVIER DE SERRES.
13 — Le Théâtre d'Agriculture et mesnage des champs d'O-
livier de Serres, seigneur du Pradel, à Paris» chez
Jamet Métayer, 1600, in-folio. Exemplaire de la
1" édition, avec reliure de Tépoque {Bibliothèque
de H. F.).
14 — Le rA^a/red'-43rrecM//wr6,spIendide exemplaire, unique,
de la dernière édition, 1804, 4 vol. gr. in-4% rel. en
mar. rouge, dentelles et filets sur les plats, dorés sur
tranche, doublés de tabis. Sur le premier feuillet du
premier volume, on lit : A la mémoire et Olivier de
Serres, offert par la Société d'Agriculture du dépar-
tement de la Seine à M. d'Arlempde de Mirabel,
pour être déposé au Pradel, 1807.
15 — Branche de Tunique mûrier qui existe encore au Pradel,
de ceux plantés par Olivier de Serres.
16 — Pyramide élevée à la mémoire d'Olivier de Serres, en
1804, à VilIeneuve-de-Berg.
{fac-similé au 15% construit par H. V.).
17 — Statue d'Olivier de Serres, projet de Régis Breysse, en
plâtre {à la Préfecture de tArdèche).
18 — Statue, par Pierre Hébert, érigée à Villeneuve-de-
Berg, réduction en bronze {à la mairie d'Aubenas),
19 — Statue, premier projet de Pierre Hébert, en plâtre {à
madame Auguste Champanhet).
20 — Statue, projet de Martigny, en plâtre {à la Préfecture).
21 — Buste en terre cuite, demi-nature, par Emile Hébert,
commandé par le Ministère de rAgriculture, pour
l'Exposition universelle de Vienne, en 1873 {Cabinet
de H. F.).
22 — Statuette en bronze {à M. Ollier de Marichard).
23 — Statue du centenaire, par Charles Bailly.
24 — 28 médailles frappées en l'honneur d'Olivier de Serres,
25 — 12 portraits d'Olivier de Serres {collection H. F.).
26 — 10 photographies diverses (éro/fecrion /T. F.).
27 — Tous les ouvrages publiés sur Olivier de Serres {Biblio*
thèque de H. V.).
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OLIVIER DE SERRES. Î25
28 — Grand périrait d'Olivier de Serres, dessiné par Maurice
Vaschalde.
29 — Portrait du marquis d'Alempde de Mirabel.
30 — Portrait de Benoîte de Mailhet, sa femme.
31 — Portrait de Benoîte d'Arlempe de Mirabel, femme de
M. Mésange de Saint-André.
32 — Portrait du comte d'Arlempde de Mirabel.
33 — Portrait de Yphigénie de Geys, sa femme.
(Ces cinq portraits de descendants d'Olivier de
Serres, par les femmes, appartiennent à M. L,
Watré, au Pradel.)
Sur le fronton de ta porte d'entrée, cinq grands
écussons représentant les armoiries :
d'Olivier de Serres, seigneur du Pradel ;
de la Viguerie de VilIeneuve-de-Berc;
de la bonne Ville d'Albenas;
du pays de Vivarais;
de la Province de Languedoc.
N» 15
DISCOURS DE M. PASTEUR, PRONONCÉ A LA CÉRÉMONIE DU CENTENAIRE
d'olivier de serres, a AUBENAS, le 6 MAI 1882.
M. Ueuzé, inspecteur général de Tagriculture, prend le premier la parole et
esquisse à grands traits la vie champêtre d'Olivier de Serres.
M. Barrai, secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture de France, dans un
discours substantiel et fort intéressant, fait rhisloriquc et expose les travaux de
M. Pasteur.
M. Aurencho, maire, au nom de la ville, offre à Tillustre savant un superlie
objet d'art.
M. Léopold Gucbct, président du Tribunal de commerce, lui offre, dans un
riche écrin, trois médailles d'or, d'argent et de bronze.
M. Pasteur, revêtu du grand cordon de la Légion d'honneur, se lève alors et
prononce le discours suivant :
« Messieurs,
ce La réception qui m'est faite par la ville d'Âubenas mettrait
à une rude épreuve toutes les modesties du monde.
« Il y a quelques jours, je remerciais TAcadémie française de
15
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226 OLIVIEIl DE SERRES.
m'avoir admis au nombre de ses membres. J'ai le devoir^ disaîs-je,
de reporter à la science elle-même l'honneur en quelque sorte
impersonnel dont j'ai été comblé. Permettez-moi d'exprimer ici
la même pensée. Je serais confus des témoignages de votre recon-
naissance, si je ne voyais dans ces démonstrations, que vous élevez
presque jusqu'à l'enthousiasme, l'occasion d'un éclatant hommage
rendu à la science et à la patrie française. ("Applaudissements. J
a Ce sont elles que vous fêtez. Je ne suis pas l'objet, je suis le
prétexte; je vous comprends, et mon cœur est avec vous. (Applau-
dissements J
n La science a été la passion maîtresse de ma vie, je n'ai vécu
que pour elle, et dans les heures difficiles, inséparables des longs
efforts, la pensée de la patrie relevait mon courage, et j'associais
sa grandeur à la grandeur de la science. (Applaudissements.)
« En élevant une statue à Olivier de Serres, Tillustre enfant du
Vivarais, vous donnez à la France un noble exemple; vou-» mon-
trez à tous que vous avez le culte des gi^nds hommes et des
grandes choses qu'ils ont accomplies. Cela, c'est la semence
féconde; vous l'avez recueillie. Puissent vos fils la voir grandir et
fructifier!
« Je me reporte au temps déjà éloigné où, désirant répondre
aux suggestions d'une illustre et bienveillante amitié, je quittais
Paris pour aller étudier dans un département voisin le fléau qui
décimait vos magnaneries. Pendant cinq années, j'ai lutté ponr la
connaissance du mal et le moyen de le prévenir, et après l'avoir
trouvé, j'ai lutté encore, afin de porter dans les esprits la convic-
tion que j'avais acquise. Tout cela est bien loin maintenant, et je
puis en parler avec modération ; je me sers d'un mot qu'on m'ap-
plique rarement.
(c Cependant, je suis le plus hésitant des hommes, le plus crain-
tif devant les moindres responsabilités, quand la preuve me fait
défaut. Nulle considération, au contraire, ne m'empêche de dé-
fendre ce que je tiens pour vrai, quand j'ai pour garant de mes
convictions de solides preuves scientifiques.
« Un homme qui eut pour moi une bonté toute paternelle avait
pour devise : « Per vias rectas yy , par le droit chemin. Je me félicite
de la lui avoir empruntée ; si j'avais eu plus de timidité ou d'esprit
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OLIVIER DE SERRES. 227
de cloute en face des principes que j'avais établis, bien des points
de science et d'application seraient demeurés obscurs et soumis à
des discussions sans fin; l'hypothèse de la génération spontanée
jetterait encore son voile sur mille questions; vos éducations de
vers à soie seraient livrées à l'empirisme, sans guide et sans con-
trôle, pour la fabrication de la bonne graine; la vaccination char-
bonneuse, destinée à affranchir l'agriculture de pertes immenses,
serait méconnue et rejetée comme une pratique dangereuse. Où
sont aujourd'hui les contradictions? Elles passent, et la vérité
reste. (Applaudissements.)
A Après quinze années, vous en donnez une preuve éclatante;
aussi j'éprouve une joie profonde à voir mes efforts compris et
célébrés avec un élan de sympathie qui restera dans la mémoire
de ma famille comme un glorieux souvenir. »
De chaleureux applaudissements accueillent la fin de ce discours
si remarquable.
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N» 16.
AFFICHE DU CENTENAmE d'OLIVIER DE SERRES.
VILLE D'AUBENAS
c? " \
CEHTERAIRE D'OLIVIER DE SERRES
Du 29 avril au 8 mai 1882.
LE DIMANCHE 30 AVRIL 1882
INAUGURATION
DE LA STATUE D'OLIVIER DE SERRES
I LA PLACE DE L'AIRETTE
FÊTE DE CHARITÉ
LE MERCREDI 3 MAI 1882
fîRANDE CAVALCADE
AU BEMËFIGE DES PAUVRES
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PROGRAMME DE LA CAVALCADE
Officier de gendarmerie et gendarmes à cheval ouvrant
la marche du cortège.
PABTIB HI«TO»iatJB
ENTRÉE DE LOUIS XIII A AUBENAS
TROMPETTES A CHEVAL
HÉRAUTS D^ARMES, PORTE-ÉTENDARD
PELOTON DE HALLEBARDIERS
MUSIQUE DES GARDES
(Lyre Baiv^lalse)
OFFICIERS DE MOUSQUETAIRES
MOUSQUETAIRES DE LA REINE
HÉRAUTS d'armes AVEC MASSES
LA COUR
PAGES ET BOUFFON
LOUIS XIII
GRANDS OFFICIERS DE LA COURONNE
GRAND MAITRE D'aRTILLERIE
SEIGNEURS DE LA SUITE
OFFICIERS DE MOUSQUETAIRES
MOUSQUETAIRES DU ROI
PELOTON DE HALLEBARDIERS
BOMBARDIERS , ARQUEBUSIERS
HOMMES DU PEUPLE.
Les costumes sont fournis par la maison GUSTAVE MORIN y fournisseur
du grand Opéra^ rue Béranger, 7, Paris,
PARTIE FAMTAIftlMTE
CHARS ET GROUPES
CHAR DE L'AGRICULTURE
HOMMAGE A OLIVIER DE SEHHES
CHAR DE L'HORTICULTURE
CHAR DE 6AMBRINUS
CROUPE d'incroyables
CHARDELA RUCHE TIVARAISE
SOCIÉTÉ DE SECOURS MUTUELS
CHAR DE L'ÉLÉPHMT
GROUPE SYMBOLISANT LES CINQ
PARTIES DU MONDE
GROUPE DE CARTHAGINOIS
L.A CHARITÉ
CHAR DE l'oeuvre
CHAR DE L'INNOCENCE
BOUQUETIÈRES
CHAR DE L'INDUSTRIE
MUSICIENS
QUl^TEURS
GROUPES DIVERS- — Cavaliers, Montreurs d'ours, Joueurs
de coruemuse, Dompteurs, Arabes, Chinois, Sauvages, etc.
Gendarmes à cheval fermant le cortège.
La cavalcade partirait une heure précise de la cour des usines
de MM. P. Deydier et fils, au pont d'Ucel, et suivra un itinéraire
dont les programmes feront connaître ultérieurement le détail.
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Le soir à neuf heures
GRAND BAL
La veille de la fête, brillante Retraite aux flambeaux
par toutes les Musiques.
AVIS. — Il sera vendu à cette occasion des Programmes--
Souvenirs illustrés, portant indication de Titinéraire et détail
du cortège, ainsi qu'un numéro unique du journal Aubenas-
Cavalcade, rédigé et publié pour la circonstance.
N. B, — Le produit intégral de la quête sera réparti par les
membres du Comité d'organisation entre les diverses œuvres de
bienfaisance de la ville.
En cas de pluie, la fête serait ajournée au vendredi 5 mai.
LE JEUDI 4 Mil
Réception de M. Louis PASTEUR
Membre de rAcadémie française.
LE SAMEDI 6 MAI
SÉANCE DU CENTENAIRE
A LA PLACE DU CHATFAU
Visite h I^ExposItlon lilstorlqae
D'OLIVIER DE SERRES
Dans le cabinet de travail du grand agronome.
LE OIMANCHE 7 MAI
DISTRIBUTION SOLENNELLE DES RÉCOMPENSES
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TABLE DES MATIÈRES
Atart-propos 1
CHAPITRE PREMIER. — De Serres (seigneurs du Pradel), généalogie. . 5
CHAPITRE il. — La seigneurie du Pradel 15
CHAPITRE Ilf. — Naissance d*01ivier de Serres. — Son éducation. —
Son mariage. — Sa mission à Genève 32
CHAPITRE IV. — SurprUe de Villeneuve-de-Bei^ (le 2 mars 1573) 46
CHAPITRE V. — Maringe de Daniel de Serres. — Voyages d'Olivier. —
Ses occupations au Pnidel 64
CHAPITRE Vf. — Mort de Jean de Serres, historiographe de France 69
CHAPITRE VII. — Apparition du Théâtre d'at/rlculture 82
CHAPITRE VIII. — Olivier de Serres et la sériciculture 103
CHAPITRE IX. — Livre de raison d'Olivier de Serres 110
CHAPITRE X. — Mort d'Olivier de Serres lîO
CHAPITRE XI. — Olivier de Serres oublié pendant cent cinquante ans. —
Résurrection de son génie. — Hommages i\ sa mémoire 132
BIBLIOGRAPHIE. — Ouvrages d'Olivier de Serres 145
ICONOGRAPHIE. — Portraits et esUmpes 151
STATUES ET BUSTES d'Olivier de Serres 157
NUMISMATIQUE. — Médailles d'Olivier de Serres 159
CONCLUSION 162
PIÈCKS JUSTIFICATIVES
N*» 1. — Contrai de mariage d'Olivier de Serres 165
N" 2. — Vases sacrés confiés à Olivier de Serres 170
K» 3. — Restitution des vases sacrés 173
K® 4. — Testament de Jacques d' Arçons, beau-père d'Olivier de Serres.. 175
N» 5. — Affranchissement de la juridiction du Pradel (15 mars 1571). . . 178
^o 5, — Lettre de Jean de Serres, historiographe de France, h son frère
Olivier 182
Hjo 7, — Déclaration de Gédéon de Serres à son père Olivier (25 février 1605). 183
N"* 8. — Lettre de Gédéon de Serres du Pradel, fils cadet d'Olivier de
Serres 184
N° 9. — Testament de noble Olivier de Serres, seigneur du Pradel (8 dé-
cembre 1612) 188
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232 TABLE DES MATIÈRES.
Page»
N° iO. — Testament oIo(rmpY)C crOlivicr Je Srrips, dont roriginal rst con-
servé au Pradfl 103
N° II. — Déclaration du décès d'Olivier do Serres 197
N" 12. — Testament olographe de Daniel de Serres du Pradel (15 dé-
cembre 1623) 1C8
K" 13. — Mémoires de Daniel de Serres 190
K^ 14. — Catalogue des principaux objets exposés dans le cabinet de travail
d'Olivier de Serres, à l'occasion du centenaire 223
N" 15. — Discours de M. Pasteur, prononcé h la cérémonie du centenaire
d'Olivier de Serres, à Aubenas, le 6 mai 1882 ?25
N'* 16. — Affiche du centenaire d'Olivier de Serres 228
GRAVURES
Paîje.
Olivier de Serres, d'après un dessin de Maurice Vaschalde frontispice.
Armoiries de la famille de Serres^ dessinées par Maurice Vaschaldi; 5
Vue du Pradel 15
Armoiries d'Olivier de Serres, dessinées par Maurice Vaschalde 32
Frontispice de la première édition du Théâtre <V agriculture 82
Statue d'Olivier de Serres, à Villeneuvc-de-Berj» 140
Statue du centenaire, à Aubenas 143
Frontispice de la quinzième édition du Théâtre (T agriculture 149
Fac-similé du portrait original d'Olivier de Serres 151
FaC'simile du testament olographe d'Olivier d 2 Serres 196
ERRATA.
Pag. Cl, ligne 17, au lieu de : le capitaine de Fontréal, lisez : le capitaine de
Montréal.
Pag. 67, ligne 4, au lieu de : et tire aussi « des entrailles de la terre, lisez :
et tire ainsi « des entrailles de la terre.
PARIS. TYPOGRAPUIE E. PL0.'<, SOURRIT ET c'«, RUE GARA.XCIÈRE, 8.
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